Depuis sa fondation il y a maintenant un quart de siècle, l’étiquette montréalaise Constellation nous a dégoté des artistes parmi les plus intéressants que compte la scène avant-gardiste de la métropole québécoise. La plus récente découverte des bonnes gens qui dirigent cette étiquette emblématique est la guitariste expérimentale Vicky Mettler qui se produit sous le nom de scène Kee Avil. Celle-ci a déjà commencé à se faire remarquer puisqu’elle a partagé la scène avec des pointures telles que Marc Ribot, Bill Orcutt et Pere Ubu. Des références qui sont toutes à propos puisque comme les deux premiers, elle sait y faire pour tirer de ses six cordes des sonorités inusitées, puis, à l’instar de la formation menée par David Thomas, elle prend un malin plaisir à brouiller les frontières qui existent entre forme chansonnière traditionnelle et musiques expérimentales plus savantes.
Le travail de madame Mettler lui a jusqu’à maintenant valu des comparaisons avec des artistes de la trempe de Björk, Scott Walker, Fiona Apple et P. J. Harvey. En matière de composition, elle n’évolue pas encore dans les mêmes ligues que ces grands, bien que des morceaux du programme brillent avec éclat en mettant de l’avant des mélodies plus fortes : See, my shadow – excellente et angoissante pièce d’ouverture – et And I. En fait, c’est du côté de la réalisation que Crease impressionne le plus. Le souci du détail avec lequel la créatrice incorpore tout un réseau de sonorités électroacoustiques à ses chansons de facture post-punk fait de l’album un régal pour les audiophiles. À cet égard, la cryptique I too, bury – qui est construite autour d’un piano plutôt que d’une guitare – donne des frissons. Cette recherche sonore, couplée au chant souvent lugubre de Kee Avil, nous plonge dans un univers obscur, mystérieux, inquiétant… À suivre!