Rapporter de l’eau de Mars, puis en extraire le sel pour le vendre à des cuisinomanes millionnaires, ça vous semble farfelu? Depuis que l’astromobile Curiosity a découvert de l’or bleu sur la planète rouge, quelqu’un y a probablement songé, pourtant… Dans cette première pièce de son album homonyme, le duo Grands Jardins s’interroge sur la recherche du profit et ses dérives. Le ton et les propos caustiques s’apparentent à ceux de chansonneurs comme David Marin ou Olivier Bélisle.
Revenons au parc national des Grands-Jardins, dans Charlevoix, à quelques dizaines de millions de kilomètres de Mars. Un lieu inspirant que cette réserve biosphérique, comme nous le prouvent indubitablement Chantal Bergeron et Alexandre Dufresne sur ce recueil de chansons folk enrichies d’arrangements soignés et goûteux. On sent le bagage classique de Chantal Bergeron derrière ceux-ci. L’illustration de la pochette, créée par Alexandre Dufresne, pourrait constituer un hommage néo-paysagiste au peintre charlevoisien René Richard.
Chantal chante. Dans les graves, sa voix nous rappelle celle de la regrettée Ève Cournoyer, alors que dans les aigus, elle nous rappelle que la beauté est vitale. Chantal Bergeron est également violoniste, pianiste et mandoliniste, elle a accompagné Céline Dion, Klô Pelgag, Ginette Reno et Catherine Major. Alexandre Dufresne est luthier et multi-instrumentiste. Le duo a tout écrit et composé – sauf les paroles de Songbirds, imaginées par Aloysius Bell –, en plus de coréaliser Grands Jardins avec Rémi Giguère. Des musiciens d’élite ont soutenu le duo sur un cinquième des pièces.
À l’écoute de Grands Jardins, on flotte sur un tapis de lichens tandis que nos guides-naturalistes-chansonneurs nous présentent La faune, L’ouverture de la chasse, Le renard et La flore. Sur La grotte du Last Call, on rejoint Sara Dufour et autres Alex Burger dans les sentiers tracés naguère par Richard Desjardins. Cet album nous rappelle que la chanson est une richesse naturelle, ici.