S’inspirer, se réinventer, explorer le champ des possibles, voilà comment je résumerais le parcours de Fana Hues. Cette chanteuse et actrice californienne de 26 ans écrit de la poésie depuis ses 16 ans, elle s’imprègne de la vie des autres, de leurs langages et des lieux qu’ils habitent. Se réinventer, elle l’a fait, après une succession de maladies lui faisant perdre la voix lorsqu’elle était plus jeune, à travers des ruptures, et le long d’un chemin introspectif. Elle chante depuis son âge le plus tendre et depuis cet épisode, elle a assez travaillé pour étendre son spectre vocal, se faire connaître durant cette drôle de période pandémique, apparaître sur un morceau de Tyler the Creator et, enfin, sortir l’album Flora+Fana, qui succède à son album homonyme.
Il est facile d’entendre, dans cet album, ses influences néo-soul et l’empreinte d’un père musicien de funk et d’une maman danseuse : la danse pour la part aérienne de chaque morceau, le funk pour la basse discrète de-ci de-là. Sa voix vaporeuse, légèrement crémeuse, renvoie à cette exploration des possibles, que l’on comprend dans sa volonté d’atteindre des notes élevées, et le travail qu’elle a fourni pour arriver à ce résultat en apparence sans effort. Elle vient compléter une instrumentation minimaliste, de façon délicate, hasardeuse parfois en apparence, et pourtant pleine d’âme; ce genre d’âme qui appelle à la patience. Car ses morceaux sont lents, ce qui est loin d’être un défaut, plutôt une invitation à ralentir, à perdre parfois le sens des priorités et se perdre tout court, un instant. C’est d’ailleurs par là que commence l’exploration, non?