Le Eyevin Nonet est montréalais et Thomas Chapin est (était) new-yorkais. Il est mort trop tôt à 40 ans d’une leucémie, mais la vie lui a laissé assez de temps pour imprimer une marque indélébile, quoique encore méconnue, sur le monde du jazz. Chapin était hyper créatif et, surtout, le catalyseur d’une fusion inédite de toutes sortes de bonnes musiques, du jazz traditionnel au swing en passant par le bop, le free, le classique, la musique contemporaine, etc. C’est le troisième album du leader-batteur montréalais Ivan Bamford consacré à Chapin, le premier en trio, le deuxième en octuor et voici le petit dernier, Unearthed, en grand ensemble nonet, du nom de Eyevin.
Fabuleuses envolées en montagnes russes que ces pièces! Trois inédites de Chapin et une dans le style de, Maëllia, écrite par Bamford en hommage à sa fille, constituent la totalité de l’album, beaucoup trop court. Mais cela vous incitera à en vouloir plus, et vous lancer dans l’écoute des albums précédents.
Les compositions de Chapin sont comme des créatures métamorphiques qui passent d’un néo-bop-tendance-free à un bruitisme vivifiant avant de s’adoucir dans une ambiance introspective post-impressionniste où les différents solistes de l’ensemble, à un moment où un autre, rayonnent avec toute l’intelligence qui leur est manifestement acquise. Il s’agit d’une musique d’une immense qualité qui est tout à fait moderne dans son éclectisme, mais en même temps organisée comme aucune autre se réclamant du même polystylisme.
Essentiel.