Une chorale composée uniquement de chanteurs métal, ça vous dit quelque chose? En 2012, un groupe de Bandung, ville ouest-javanaise en Indonésie, était le premier à le faire. Méconnu à l’international, le groupe sort enfin de l’ombre grâce à un album a capella distribué pour le marché européen.
Fondé par le compositeur de formation classique Robi Rusdiana, cet ensemble de huit chanteurs métal a été créé pour pousser à l’extrême les limites expressives des techniques vocales associées à la musique métal. Décontextualisées, ces voix extrêmes sont mises à nu dans un album compilant divers enregistrements d’œuvres courtes et d’extraits d’œuvres plus longues, parcourant l’éventail des commandes et des projets que le groupe a créé entre 2013 et 2020. Véritable vitrine démontrant ce que l’Ensemble Tikoro sait faire, Hell Chamber est un album d’une heure parcourant toute la palette des techniques étendues imaginables: murmures, souffle, effets sonores, rugissements, chant de gorge, plaintes, conversations en sundanais, onomatopées et exploration libre de chants traditionnels. En résultent des textures très surprenantes, dont le ton passe aisément du ludique au sérieux. L’aspect a capella de ces compositions force à écouter et apprécier ces voix pour leurs timbres et pour leurs possibilités combinatoires, loin du rôle frontal que jouent ces techniques dans un contexte de groupe métal.
Hell Chamber surprend par sa diversité. C’est ce qui permet à l’album de rester intéressant sur toute sa durée. L’opus demeure toutefois une première pierre discographique. On imagine que le futur réserve des sorties plus ambitieuses sur le plan conceptuel et avec plus de cohésion musicale d’un morceau à l’autre. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une proposition franchement originale qui mérite de tomber dans toutes les bonnes oreilles, qu’on aime le métal ou non.