Dominik Wollenweber roule sa bosse comme joueur de cor anglais avec le Berliner Philharmoniker depuis une vingtaine d’années. Encensé pour la grande qualité de son jeu et considéré par Claudio Abbado comme « un des meilleurs de tous les temps », il est vrai qu’à l’écoute de son plus récent album, il ne donne pas son pareil pour mettre en valeur son instrument. Il présente ainsi sur ce disque, accompagné de Sir Simon Rattle, un ensemble de pièces faisant intervenir différents jeux, dynamiques et sentiments.
En ouverture, Wollenweber propose le Concerto pour cor anglais, cordes et basse continue basé sur l’Oratorio de Pâques (BWV 249) de J.S. Bach rendu avec aisance et lyrisme. Difficile de penser au cor anglais sans penser à l’indémodable mélodie du deuxième mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák dont Wollenweber fait ressortir toutes les couleurs et la sensibilité. Peut-être un peu moins connu mais d’une richesse tout aussi grande, on retrouve « Le Cygne de Tuonela », extrait de la suite symphonique Lemminkäinen de Jean Sibelius. D’un caractère plus mystérieux, le chant plaintif et mélancolique entonné par l’instrument soutenu par l’harmonique de l’orchestre fait vivre une palette d’émotions complexes. Objet atypique pour le répertoire, l’Impromptu no 3, op. 90 de Schubert, traditionnellement pour piano, met honnêtement en relief la ligne mélodique du cor anglais. La mise en relief et la capacité interprétative de l’instrument sont plus palpables dans la mélodie du berger qui ouvre l’acte III de Tristan und Isolde de Wagner. Après avoir vogué sur une majorité d’airs dramatiques et introspectifs, le Quatuor pour cor anglais et trio à cordes de Jean Françaix apparaît comme une page humoristique où le cor anglais prend des accents rieurs et espiègles.