Triste nouvelle : Luka Šipetić, le rat de studio croate derrière le premier album de Nemanja, Tarot Funk, paru en 2019, est décédé.
Cessez vos lamentations ! Vous n’avez probablement jamais entendu parler de Nemanja, votre deuil semble donc peu sincère, et de toute façon, M. Šipetić est revenu d’entre les morts. Sa miraculeuse résurrection préside à la sortie du deuxième album de Nemanja, devenu un véritable groupe de cinq musiciens depuis, du moins sur scène (sous sa forme enregistrée, c’est encore largement la vision singulière de Šipetić).
Tarot Funk suivait une formule bien précise : une pièce pour chacun des neuf arcanes majeurs du jeu de tarot. De la même façon, Cosmic Disco propose de guider l’auditeur à travers les bardos Chikhai, Chonyid et Sidpa du Livre des morts tibétain. Le concept est beaucoup moins convaincant cette fois-ci, mais bon, si c’est l’illumination que vous cherchez, essayez du côté d’un magasin de luminaires.
Dāw Yĕn démarre en territoire du label suisse Bongo Joe avec un mélange étourdissant d’ersatz de molam thaïlandais, de chants disco ivres, de basse à faible gravité et de directives ésotériques. Au fur et à mesure, Nemanja ajoute d’autres sonorités qui sont familières aux fans du mouvement révisionniste mystery-funk, du folk-rock turc par-ci (Kozmik Oyun), de la cumbia classique par-là (Cumbia Cosmica) et beaucoup de disco, évidemment. As Above, So Below jumelle une arabesque jouée à l’orgue à une groove rocksteady, le tout baignant dans le dub. Les neuf titres ici sont tous suffisamment achevés – c’est tout à l’honneur de Šipetić –, merveilleusement étranges tout en étant bienveillants, et ont l’exubérance de quelqu’un qui a eu une seconde vie.