La langue catalane ne se limite pas à la Catalogne, province espagnole dont la métropole est Barcelone. On parle aussi cette langue dans la province de Valence et sur l’île de Minorque, une des îles Baléares, sous forme de dialectes assez similaires.
Anna Ferrer a grandi à Minorque, puis a fait des études de musique à Barcelone. Son premier album Tel-lúria est paru en 2017. Parenòstic est son troisième opus. Entre les deux, est paru Krönia en 2019.
C’est vraiment un privilège pour moi de découvrir une musicienne aussi talentueuse et de vous faire partager mon enthousiasme. Il y a plein de trouvailles et d’imagination chez Anna Ferrer.
Tel-lúria est un disque hommage à Minorque, parsemé de voix d’enfants et d’adultes, de sons de vagues et d’oiseaux, où tradition et modernité cohabitent de façon symbiotique. Krönia est très différent : un périple electro folk brillant sur lequel la plupart des chansons sont en espagnol.
Parenòstic nous ramène plus près de l’île de Minorque et fait une grande place à la voix d’Anna Ferrer. Et quelle voix ! Profonde, passant de la douceur extrême à la force. Influencée autant par le flamenco que par le jazz, qu’elle a étudié, ou encore le folklore catalan. Et intelligemment mise à profit par les effets de micro.
On peut admirer cela particulièrement sur Heu, une chanson a capella où les voix se multiplient sur des légers effets électroniques. Pareil pour la magnifique M’Agrada de Espigolar, sur laquelle s’ajoutent des voix masculines. Impossible de ne pas ressentir des frissons.
L’instrumentation est minimale, mais encore une fois bien calibrée : guitares, percussions, synthés, réverbération.
La plupart des chansons sont en dialecte catalan minorque. Il nous arrive de comprendre : « per menjar un plat de figues », c’est presque du français. Pour manger un plat de figues ! Ma parole !
Parenòstic est largement un disque de ballades et de douceurs, bien qu’une pièce évoque une danse traditionnelle et nous fait battre du pied.
Anna Ferrer est une chanteuse et compositrice extrêmement douée. C’est un disque qu’il faut écouter dans le calme, pour se laisser vraiment envoûter.