Wings for Louise: Admirer la faune du Québec, une note à la fois

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier
Genres et styles : électronique / néoclassique

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Le 19 mai dernier, le pianiste, compositeur et producteur montréalais Charly Martin, a fait paraître FAUNA, son deuxième projet sous le nom de Wings for Louise. Dans cet opus de huit pièces instrumentales, le natif de France propose une trame sonore néo-classique inspirée par la grandeur et la beauté de la faune du Québec.

Sous l’étiquette danoise ExoPAC Recordings, il revient à la charge près de trois ans après la parution de son premier projet, Transcanadien. Avant son aventure en tant que Wings for Louise, Charly Martin créait sous le nom d’Echo 6, son projet de musique électronique. D’ailleurs, ses influences électros le suivent encore aujourd’hui et se manifestent notamment par la présence de synthétiseurs modulaires sur FAUNA. La musique de Wings for Louise s’inspire grandement du néo-classique qui a récemment gagné en popularité au Québec. À ce jour, Wings for Louise cumule plus de 30 millions d’écoutes en ligne.

Par le passé, l’artiste a réalisé la bande sonore d’une pièce de théâtre et de plusieurs contenus visuels. Par son ambiance cinématographique, FAUNA se dévoile comme un véritable récit de la faune québécoise. Pour la création de son projet, Charly Martin s’inspire d’images mentales des animaux et des végétaux qu’il a observés lors d’une de ses escapades en forêt. Tout au long de FAUNA, le violoncelliste Gabriel Vincent et les violonistes Marilou Lepage et Camille Poirier-Lachance se joignent à lui, conférant davantage de profondeur à l’album.

PAN M 360 a discuté avec lui afin d’en connaître davantage sur son dernier album, son processus créatif et ses ambitions artistiques.

Crédit photo : Lucie Bergé

PAN M 360 : Parlez-moi de votre histoire et de votre carrière musicale. Avant Wings for Louise, vous aviez un projet électro, n’est-ce pas?

WINGS FOR LOUISE : Exactement! Peu de temps avant mon arrivée à Montréal en 2013, j’avais débuté un projet électro qui s’appelait Echo 6. À la base, j’ai quitté la France pour venir faire mes études au Québec. Je pensais que j’allais seulement être ici pour la durée de mon parcours scolaire, mais j’ai été conquis par Montréal. À cette école, j’ai commencé à connaître d’autres producteurs d’ici comme Robert Robert et j’ai tranquillement bâti mon réseau de contacts. À l’époque, on avait une petite communauté et on faisait plusieurs DJ sets à travers la ville. J’ai fait des spectacles à des endroits comme Le Belmont, le Bar Mme Lee, le Newspeak et même le Divan Orange dont je suis très fier. Comme maintenant avec Wings for Louise, Echo 6 était un projet instrumental. C’est toujours ça que j’ai fait. À l’adolescence, le producteur anglais Bonobo m’a marqué et j’étais subjugué par les mélanges d’instruments qu’il créait. Déjà à cet âge, j’avais conscience de l’orchestration de la musique et j’entendais les différentes composantes des morceaux. J’ai donc rapidement essayé de recréer ce genre de musique. Au début, c’était très maladroit et vraiment un calquage de la musique de Bonobo. Petit à petit, j’ai fini par trouver mon propre style. En 2019, j’ai dérivé de plus en plus vers de la musique instrumentale orientée classique. Des artistes comme Nils Frahm et Ólafur Arnalds m’ont initié à ce style musical. Ça fit avec la vague néo-classique qui a pris beaucoup d’ampleur récemment. Un jour, j’ai eu un contrat pour faire la musique d’une pièce de théâtre qui était dans un style plus classique, et j’y ai pris goût. C’est à ce moment que j’ai décidé de créer Wings for Louise pour pouvoir explorer davantage cette avenue et j’ai récemment publié FAUNA, mon deuxième album sous ce nom.

PAN M 360 : Parlons justement de FAUNA. Que souhaitiez-vous raconter avec cet opus? Comment s’est déroulée la création?

WINGS FOR LOUISE : Qu’est-ce que je veux raconter? Honnêtement, rien de particulier. Ce que je fais à la base, c’est de la musique à l’image. Comme j’ai dit plus tôt, Wings for Louise est né sous la forme de musique pour une pièce de théâtre. Après ça, j’ai fait beaucoup de music licensing, de la musique pour des gens qui font des contenus vidéo. J’ai aussi fait quelques projets amateurs de musique originale pour des films amateurs. Ma musique est vraiment faite pour appuyer une image. FAUNA, c’est de la musique à l’image avec des images que je me suis créée et que je propose aux auditeurs et aux auditrices. Je propose la musique, puis après, c’est aux auditeurs de se faire leurs propres images. Le contexte de départ de cet album est la nature et la faune. Mon premier album, Transcanadien était plus axé sur les routes à travers le Québec et le Canada. Cette fois, ça aborde davantage la faune et les animaux. Mes inspirations proviennent des images mentales que mon esprit se fait en passant des fins de semaine ou même des semaines dans le bois ou sur la route à travers le Québec. C’est pour cela qu’on retrouve des titres qui font référence à la nature comme « Chrysalide » et « Tanière ». Lorsque je suis en studio, je me rappelle des souvenirs de mes escapades en plein air et je laisse ma créativité s’exprimer. 

PAN M 360 : Combien de temps avez-vous eu besoin pour la création de ce deuxième album?

WINGS FOR LOUISE : Ça faisait un peu plus d’un an que je travaillais sur ce projet. Le seul morceau qui a été créé bien avant ça, c’est « North ». À la base, c’était supposé être une chanson destinée au music licensing, mais je l’aimais beaucoup trop pour la vendre. J’avais vraiment envie de créer un album autour de ce titre. C’est un titre qui représente bien mon art je trouve. On y retrouve vraiment tout le registre d’instruments que j’utilise. Ça fait relativement peu de temps que je fais de la musique à temps plein. Avant, je faisais ça en parallèle d’autres occupations et ça me prenait plus de temps afin d’aboutir à un résultat. En gros, je dirais que ce projet a été créé sur une période d’un an.

PAN M 360 : Quelles sont les instruments dont vous avez eu recours pour l’élaboration de FAUNA?

WINGS FOR LOUISE : Déjà, il y a le piano qui est au centre du projet.  Je pense que sur toutes les pièces, sauf peut-être une, le piano est central, guide la progression d’accord et propose la mélodie de base. Une fois que j’ai mon idée autour du piano, je rajoute souvent des synthétiseurs. Comme je viens du milieu de la musique électronique, j’ai une grosse attirance vers les synthétiseurs, notamment les synthétiseurs modulaires. Ça me permet d’ajouter une certaine texture sonore à mes morceaux. Il y a beaucoup de choses dans cet album-là qu’on n’entend pas nécessairement, parce que ce sont des petits craquements et non des véritables notes ou accords. C’est souvent très subtil parfois, ou superposé à un autre son. Cela étant, j’utilise des synthétiseurs plus traditionnels, on entend des accords et des nappes qui viennent contribuer l’atmosphère. Sinon, j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec de vrais musiciens, de vrais violoncellistes qui ont su magnifier mon album avec les idées de cordes que j’avais. Le violoncelliste Gabriel Vincent m’a grandement aidé pour les arrangements. Il a regardé tout ce que j’avais composé pour les cordes et m’a dit ce qu’il serait préférable de modifier. Ensuite, Marilou Lepage, Camille Poirier-Lachance et Gabriel sont venus en studio et nous avons enregistré le tout en une seule journée.  

PAN M 360 : Comme vous l’avez dit plus tôt, vous avez déjà œuvré sur la bande sonore d’une pièce de théâtre et de projets visuels. Souhaitez-vous continuer dans cette lignée?

WINGS FOR LOUISE : J’ai toujours eu comme commentaires que je devrais faire de la musique pour des films quand je faisais écouter ma musique à mes potes, à mes proches et à ma famille. Chaque fois je réponds que j’aimerais bien le faire si l’occasion se présente à moi. Ça fait plusieurs années que je souhaite faire ça. C’est certain qu’on peut s’attendre à ce que je continue dans ce sens, du moins je l’espère!

PAN M 360 : Pour ma part, « Flight of the Sandpipers » est mon titre favori. Et vous, quelle est votre pièce préférée de votre projet?

WINGS FOR LOUISE : Je t’ai beaucoup parlé de « North » que j’affectionne particulièrement. Cependant, je pense que mon morceau préféré est « Tenderness », le troisième de l’album. J’adore la dynamique de la pièce. Ça commence avec un petit piano solo, il y a le quatuor à cordes qui embarque, ça monte, là il y a des synthétiseurs un peu agressifs qui commencent à embarquer, il y a du beat. C’est la chanson sur laquelle j’ai passé le plus de temps et dont j’ai éprouvé le plus de plaisir à créer. Pour moi, c’est celle la plus aboutie du projet. Si certaines personnes veulent se faire une idée globale de FAUNA, je leur dirai d’écouter « Tenderness » en premier.

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