Terry : l’éloge de l’amitié et la gratitude de Mamadou Koïta

Entrevue réalisée par Elena Mandolini

renseignements supplémentaires

Mamadou Koïta est auteur-compositeur-interprète, percussionniste virtuose et héritier d’une tradition musicale qui se transmet de génération en génération. Musicien très actif, il s’est déjà produit de nombreuses fois un peu partout au pays et ailleurs, et s’est allié, au fil des années, à plusieurs musiciens eux aussi bien connus sur la scène musicale montréalaise et québécoise.

C’est le vendredi 10 novembre que Mamadou Koïta lançait son premier album en carrière, dans un grand concert qui promet d’être des plus enlevants! Ce premier opus, intitulé Terry, regroupe des chansons qui font perdurer la lignée de conteurs dont il est issu, en plus d’aborder des sujets qui lui tiennent à cœur et qui le touchent plus personnellement.

À la veille de ce concert-lancement, PAN M 360 s’est entretenu avec Mamadou Koïta pour parler de son album, de ses inspirations, et des gens qui l’ont accompagné depuis le début de sa carrière musicale au Québec.

PAN M 360 : Bonjour! Vous faites partie d’une famille ou vous êtes tous musiciens, n’est-ce pas?

MAMADOU KOÏTA : Oui, je viens d’une famille de griots. Quand on dit griots, ce sont des gens qui donnent des messages. Ce sont les griots qui jouaient pour les chefs du village. Dans ma famille, mon grand-père le faisait, puis mon père, puis moi. Et ce sont ces gens qui donnaient les messages au nom du chef du village : si ça allait bien, si ça allait mal, si un enfant était perdu…

PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a amené à créer ce projet, Terry? Qu’elle est l’origine de ce projet?

MAMADOU KOÏTA : C’est un peu cette histoire familiale qui m’a amené à ce projet-là. Aujourd’hui, je suis un père, un fils. Dans ma famille, tout le monde est musicien, mes frères, mes sœurs… Tout le monde chante, tout le monde danse. Faire de la musique n’était pas une question, mais un projet comme celui-là, je ne m’y attendais pas du tout!

PAN M 360 : Terry est donc votre premier album?

MAMADOU KOÏTA : Oui, c’est la première fois que je peux travailler en ce sens au Québec, c’est la première fois que je peux faire un lancement d’album. Je suis tellement heureux! Je ne sais pas comment vous le décrire. Et je dois remercier tout le monde qui m’a aidé à rendre ce projet possible.

PAN M 360 : Comment avez-vous rencontré ces personnes avec qui vous collaborez, et comment êtes-vous venu à travailler avec elles?

MAMADOU KOÏTA : Je suis arrivé au Québec, au Canada, en 2011. Beaucoup de personnes m’ont aidé à venir ici. J’ai été invité dans des tournées, et quand je suis venu ici j’ai beaucoup aimé. Et puis il y a eu Nuits d’Afrique qui m’a beaucoup soutenu. Depuis mon arrivée, il n’y a pas une année qui a passé sans que je fasse un concert avec eux. Pour moi, c’est une chance. Et il y a aussi tous mes amis musiciens que j’ai rencontrés qui ont travaillé très fort eux aussi et qui m’ont aidé pour mon album.

PAN M 360 : Donc le titre de votre album, Terry, serait une référence à toutes ces personnes…

MAMADOU KOÏTA : Dans notre langue, en bambara, Terry, c’est l’amitié. Sans l’amitié, il n’y a rien qui fonctionne. C’est pour ça que j’ai nommé l’album Terry.

PAN M 360 : Lorsqu’on écoute votre album, on entend très bien cette tradition dont vous parliez, mais également il y a des instruments qui sonnent très modernes. Il y a des guitares électriques, des synthétiseurs… Pourquoi avez-vous voulu mêler ces deux éléments?

MAMADOU KOÏTA : Mon père faisait de la musique traditionnelle, donc j’ai appris ça avec lui. En voyageant et en entendant la musique de l’Occident, mai aussi j’ai voulu mélanger ça. Les instruments et les langues. Je voulais que ça puisse donner une autre couleur à ma musique.

Pour moi, la musique n’a pas de frontières. Donc la guitare, le balafon, la kora, le goni ou le djembé, pour moi, tout ça va ensemble. Parce que les vibrations que ça donne, tout le monde aime ça. Donc j’ai essayé de faire quelque chose de différent de mon père. Mon père n’a jamais fait ça, donc j’ai essayé.

PAN M 360 : Diriez-vous que c’est ce qui caractérise votre musique?

MAMADOU KOÏTA : Oui, parce qu’il y a plein de gens qui vont se retrouver dans ma musique. Parce qu’en théorie, c’est déjà ça, l’amitié. Sans l’amitié, il n’y a pas d’amour. Et sans l’amitié, on ne pourrait jamais travailler ensemble. Il faut pouvoir s’entendre pour travailler ensemble. Donc l’album, avec tous ces sons différents mélangés ensemble, représente quelque chose de très important pour moi dans ma vie et j’espère que ce sera aussi important pour les gens qui vont entendre l’album.

PAN M 360 : Quels autres thèmes vous ont inspiré pour la composition de votre album?

MAMADOU KOÏTA : Souvent, je parle d’aventure dans mes compositions. L’aventure, parce que j’ai quitté mon pays et que je suis venu au Québec. Et j’ai rencontré plein de bonnes personnes ici, et j’ai appris aussi beaucoup de choses. Ma chanson « Wawana » parle de ça. Je dis « Maman, je sais que c’est très difficile d’être loin, ne pleure pas, je retournerai, donc fais une bonne prière pour moi dans ton cœur. »

Souvent, il arrive que je sois en train de penser aux choses que je n’aime pas voir, par exemple la guerre en ce moment, qui est partout, partout. Tout le monde se protège et fait tout pour ne pas se retrouver lui aussi en guerre. Certaines de mes chansons me viennent aussi de ces pensées-là.

PAN M 360 : Dans le fond, c’est un album très personnel que vous nous présentez. Vous nous parlez de votre vie, de votre parcours, vos pensées…

MAMADOU KOÏTA : Oui. Et aussi des choses que je vois, que j’ai vécues ici qu’il n’y avait pas dans mon pays. C’est l’apprentissage d’être patient dans la vie. Il ne faut pas que tu te fermes sur toi-même. Il faut que tu sois ouvert envers l’autre. Par exemple, quand je suis arrivé ici, je ne comprenais pas très bien la langue québécoise. Je trouve ça vraiment incroyable d’avoir réussi à traverser ça et de pouvoir à mon tour apprendre des choses aux gens, ici.

PAN M 360 : Parlons maintenant du concert de lancement, qui aura lieu demain. Comment l’avez-vous imaginé?

MAMADOU KOÏTA : J’ai très hâte! La manière dont je le vois, c’est une grande porte ouverte pour moi et pour les musiciens qui m’ont aidé. Je ne peux pas parler que de moi, je dois aussi parler des musiciens avec moi. C’est la première fois de ma vie que je fais ça de ma vie. Et je souhaite que ça se passe bien et que les gens puissent profiter de cette journée, autant que moi, puisque je suis heureux là-dedans.

PAN M 360 : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le concert de demain?

MAMADOU KOÏTA : Je voudrais garder la surprise, mais je peux quand même en parler un peu! Il y aura des surprises auxquelles les gens ne s’attendent pas. Je souhaite que tout le monde puisse sortir, les Québécois, les Canadiens, peu importe, que tout le monde vienne nous soutenir, moi et tous les musiciens. Et vraiment, c’est la première fois de ma vie que ça arrive. Et ce qui est certain, c’est que ça va danser! Il faudra bien attacher sa ceinture!

PAN M 360 : Merci beaucoup de votre temps, je vous souhaite un excellent concert et un excellent lancement!

MAMADOU KOÏTA : Merci à vous! J’aimerais remercier tout le monde qui m’a aidé dans la réalisation de ce disque, et j’invite tout le monde à venir danser et à venir profiter de ces premières journées de lancement d’album.

Lisez ici la critique de Terry par Frédéric Cardin, sur PAN M 360

Mamadou Koïta lancera son album Terry le vendredi 10 novembre à 21h lors d’un concert au Club Balattou. Informations et billets ICI!

Tout le contenu 360

FLUX – Création musicale et diversité cognitive

FLUX – Création musicale et diversité cognitive

Florence K chante du Jobim

Florence K chante du Jobim

QMP et un gros week-end du Quatuor Bozzini

QMP et un gros week-end du Quatuor Bozzini

FLUX | Wadada Leo Smith, l’un des plus prolifiques de la « musique créative »

FLUX | Wadada Leo Smith, l’un des plus prolifiques de la « musique créative »

Dankoroba, l’hommage de Djely Tapa aux femmes influentes de l’empire mandingue

Dankoroba, l’hommage de Djely Tapa aux femmes influentes de l’empire mandingue

Centre PHI | Exposition Clusters, grappes d’objets signifiants

Centre PHI | Exposition Clusters, grappes d’objets signifiants

L’OFF JAZZ 25ème anniversaire |  Michael Formanek en 3 concerts : ONJ , trio, duo

L’OFF JAZZ 25ème anniversaire | Michael Formanek en 3 concerts : ONJ , trio, duo

POP Montréal | 20 ans de Nomadic Massive

POP Montréal | 20 ans de Nomadic Massive

POP Montréal | Transformation, l’album de Sheenah Ko lancé sur un toit

POP Montréal | Transformation, l’album de Sheenah Ko lancé sur un toit

POP Montréal | YouAreStars avant le spectacle, Amy Millan parle de l’humour et de l’importance de la famille

POP Montréal | YouAreStars avant le spectacle, Amy Millan parle de l’humour et de l’importance de la famille

Quatuor Molinari, 9e Concours international de composition: les finalistes joués en concert

Quatuor Molinari, 9e Concours international de composition: les finalistes joués en concert

POP Montréal | Beverly Glenn-Copeland, mieux vaut tard que jamais

POP Montréal | Beverly Glenn-Copeland, mieux vaut tard que jamais

Center PHI | FABjustfab lance With Love, son premier album solo

Center PHI | FABjustfab lance With Love, son premier album solo

Une 3ème édition du Festival des saveurs interculturelles haute en couleurs

Une 3ème édition du Festival des saveurs interculturelles haute en couleurs

FLUX : nouvelles propositions à gauche du cardan

FLUX : nouvelles propositions à gauche du cardan

POP Montréal: Fernie, de l’aurore à la nuit

POP Montréal: Fernie, de l’aurore à la nuit

POP Montréal | Samito nous offre de l’inédit sur le thème de la honte

POP Montréal | Samito nous offre de l’inédit sur le thème de la honte

De la Rhapsody in Blue à la Fantaisie-Impromptu: Évasion entre jazz et romantisme avec Jean-Philippe Sylvestre

De la Rhapsody in Blue à la Fantaisie-Impromptu: Évasion entre jazz et romantisme avec Jean-Philippe Sylvestre

POP Montréal | Nabihah Iqbal est-elle là où vous ne l’attendiez pas ?

POP Montréal | Nabihah Iqbal est-elle là où vous ne l’attendiez pas ?

Jeanne Laforest au Centre PHI, d’abord un Buissonor, bientôt un Forestuor

Jeanne Laforest au Centre PHI, d’abord un Buissonor, bientôt un Forestuor

Le Noël du hipsteur! Le temps des Fêtes, c’est Pop Montréal

Le Noël du hipsteur! Le temps des Fêtes, c’est Pop Montréal

Jazz émergent: un concours provincial à l’Université Laval

Jazz émergent: un concours provincial à l’Université Laval

Jordi Savall construit autour de Monteverdi

Jordi Savall construit autour de Monteverdi

Inscrivez-vous à l'infolettre