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Les étals de la Boutique sont bien sûr sertis de feelings mais aussi de rap, de funk, ou due hip-hop mais aussi de trip-hop, psychédélisme rock, prog rock et référents krautrock des plus spectaculaires, de chœurs mélodiques des plus musclés, et d’un ressenti tonitruant quant aux normes sociales et politiques qui nous régissent, aussi aux identités en mutation. S’il faut un cousinage hip-hop, on peut citer OutKast et Madlib. S’il en faut un plus indie pop-rock, on peut éviquer Kim Gordon ou Damon Albarn en mode Gorillaz. Lisez cet entretien avec son principal intéressé, soit Karim Lakhdar, mieux connu comme frontman d’Atsuko Chiba, et qui se produit ce jeudi à la Casa Del Popolo dans le cadre du Taverne Tour.
PAN M 360: Peux-tu nous causer un peu de ton évolution musicale ? Comment Boutique Feelings est-il né ?
Karim Lakhdar: Boutique Feelings est né d’une envie d’explorer une autre partie de moi. En fait, ça fait déjà un bon moment que j’écris de la musique en catimini, un truc que je partageais juste avec mes proches. C’était vraiment une sorte de thérapie que je pratiquais sans pression, sans but précis.
Un des grands tournants pour moi s’est produit quand j’ai quitté mon travail, après plus de 10 ans. Je n’avais pas vraiment de projet, à part me concentrer sur la musique et l’expression artistique. La seule chose qui était claire pour moi, c’était d’achever un EP et le partager. C’était une façon de clore ce chapitre pour en commencer un nouveau. Je ne pense pas que je m’en serais sorti sans l’appui de ma conjointe qui m’a vraiment soutenu dans cette transition.
PAN M 360: Nous te connaissons d’abord en tant que chanteur, claviériste et guitariste du groupe Atsuko Chiba. Comment cette expérience influence-t-elle ton travail aujourd’hui ?
Karim Lakhdar: Ça fait 13 ans que je joue avec Atsuko. C’est plus qu’un band, c’est ma famille. Je porte avec moi toutes les expériences qu’on a vécues ensemble. Que ce soit la composition de chansons, les tournées, l’amitié, nos conversations… Ça vit en moi, et je ne peux pas m’en dissocier. Je suis toujours en train d’apprendre avec eux. Donc, d’une certaine façon, c’est une partie intégrale de ce que je fais avec Boutique Feelings. Sans le soutien de tout le monde dans le groupe, ainsi que de la famille qui nous entoure, je ne sais pas si j’aurais fait ce pas.
PAN M 360: L’alliance du hip-hop, trip-hop et prog-psych se ressent dans ta musique. Qu’est-ce qui t’attire vers ces genres ?
Karim Lakhdar: Honnêtement, c’est une question difficile à répondre. Mes goûts musicaux sont très éclectiques, donc les raisons qui m’attirent vers ces genres de musique sont sensiblement les mêmes que celles qui m’attirent vers le post-punk, le funk, la salsa, le rboukh, la musique électroacoustique, etc. Ce sont toutes des façons de raconter une histoire.
Dans mon cas, en ce moment, ce qui sort de ma tête prend la forme de ces styles musicaux. Je ne pourrais dire que ce sera la même chose à l’avenir. Je garde toujours la porte ouverte. La musique est une manifestation de soi, et comme on change toujours, la réflexion change aussi.
PAN M 360: Il y a une identité visuelle au projet qui semble déjà être développée et prenante grâce à la technologie analogique. Comment cette identité se développe-t-elle à travers ta vision artistique ?
Karim Lakhdar: Pour moi, l’identité visuelle est toujours importante. La relation entre la musique et la représentation visuelle du projet doit créer une atmosphère d’intrigue. C’est aussi quelque chose de très personnel. Les images, comme les mots, veulent dire différentes choses pour chacun d’entre nous. Ce que je comprends en voyant une image n’est pas nécessairement la même chose que toi. J’adore cet aspect: je ne suis pas là pour te dire quoi penser, c’est toujours une suggestion.
Pour la conception et la création, j’ai travaillé avec Rodrigo Sergio. J’espère continuer à travailler avec lui et expérimenter pour développer une vision qui évolue avec le projet. Chaque sortie mérite une approche différente, et je suis excité de voir ce que l’avenir nous réserve !
PAN M 360: Comment abordes-tu le sampling et le design audio de ta musique ?
Karim Lakhdar: Pour moi, chaque chanson de cet E.P. est un univers. Ce sont des vitrines qui invitent (j’espère au moins) à découvrir le monde de Boutique Feelings. Dans ce cas, l’échantillonnage joue un grand rôle dans la création de ces univers. Souvent, ces samples sont le point de départ d’une idée. Trois secondes peuvent influencer la direction et le thème d’une chanson. Parfois, je crée mes propres samples, et d’autres fois, c’est quelque chose que je trouve.
D’un côté plus technique (ou peut-être pas tant que ça), je m’amuse à découper des bouts d’audio et à expérimenter. Je modifie les fréquences, je les renverse, j’ajoute des effets, etc. Parfois, j’enregistre une phrase de guitare, je la découpe et je la rejoue en utilisant un contrôleur MIDI, ce qui la transforme complètement. Le but, c’est vraiment de créer sans destination. C’est un peu la philosophie générale du projet.
PAN M 360: De ton premier single, Sundried Autumn, se dégage une ambiance psychédélique et atmosphérique, alors que Trynna Do met l’emphase sur le développement personnel. Dans quel état d’esprit étais-tu pour la composition de ces deux premiers morceaux ?
Karim Lakhdar: Ces chansons ont été créées il y a à peu près deux ans. Elles ont été écrites au début et pendant la pandémie. Comme tout le monde, j’avais beaucoup de temps pour moi et je me posais de nombreuses questions.
Un thème central dans Trynna Do consistait à essayer de regarder le monde autour de moi avec un regard plus objectif, malgré des pensées négatives. Je sais que ce n’est pas forcément possible, mais j’essayais d’être plus empathique à l’endroit de ce que je ne comprenais pas.
Sundried Autumn aborde le thème de la confiance en soi… puisque j’ai personnellement beaucoup de mal avec la confiance en soi. Les deux chansons ont une dimension introspective et, honnêtement, je n’ai compris cela que lorsque je les ai retravaillées deux ans plus tard.
PAN M 360: Comment te sens-tu par rapport à la scène audiovisuelle Montréalaise en ce moment ? Y a-t-il des artistes locaux que tu suis de près ?
Karim Lakhdar: Montréal a toujours quelque chose à dire. On a des artistes excellents dans tous les genres. C’est une ville avec tellement de diversité et on tient l’expression artistique à cœur. En termes de musique, je trippe vraiment sur Zouz, Yoo Doo Right, Narcy et Suuns.
Pour l’audiovisuel, je pense que le travail qu’Anthony Piazza fait depuis des années est excellent. J’aime aussi beaucoup le travail de Naska Demini, il crée des portraits tellement émouvants.
PAN M 360: Qu’en est-il pour la suite de Boutique Feelings ? Y a-t-il des projets excitants à venir que tu peux partager ?
Karim Lakhdar: Je travaille actuellement sur un album. C’est tout ce que je peux dire pour le moment. Mais je suis excité de poursuivre cette aventure!
PAN M 360: Si le public devait retenir un message ou une émotion de ta musique, que voudrais-tu que ce soit ? Karim Lakhdar: Je souhaite qu’ils retiennent cette idée d’espoir. Je pense qu’on vit tous des moments difficiles et c’est important qu’on se réunisse plutôt qu’on se démolisse. Je crois vraiment en l’esprit de communauté. Supportez vos proches, votre famille, votre communauté locale et globale.