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Au fil des ans, Pierre Kwenders, musicien polyglotte né en République démocratique du Congo et établi à Montréal, s’est imposé comme un créateur de pointe et un architecte de la musique africaine et afro-fusion. Voici son nouvel album José Louis and the Paradox of Love, une entreprise qui a nécessité quatre ans de travail dans plusieurs villes et des collaborations avec Win Butler, King Britt, Ngabo, Sônge, anaiis, etc. Le titre de l’album ressemble à celui d’un film d’art et d’essai psychédélique. Et si on le juxtapose aux clips de Kwenders, c’est un peu le cas.
En mélangeant des histoires d’amour et des métaphores romantiques abstraites, Kwenders a créé son album le plus personnel à ce jour. Il lui donne d’ailleurs son nom de baptême, « José Louis ». Kwenders a quitté Kinshasa pour s’installer à Montréal en 2001; il est devenu un pilier de la scène montréalaise, adhérant à la chorale Afrika Intshiyetu et lançant la série de soirées Moonshine à Montréal, qui s’est peu à peu transformée en événement international.Pierre Kwenders sera en spectacle le vendredi 6 mai au Centre Phi. Nous avons discuté avec lui du moteur de création de José Louis and the Paradox of Love, de ses inspirateurs (notamment Papa Wemba de la République démocratique du Congo) et de ses projets.
PAN M 360 : Il y a beaucoup de romance dans ce nouvel album. Toutes ces histoires sont-elles tirées d’histoires vraies ou d’expériences personnelles? Une chanson est-elle meilleure si son propos est véridique?
Pierre Kwenders : Assurément. Toutes les histoires racontées ici sont dérivées de la vérité et rien que de la vérité. Qu’il s’agisse d’une expérience personnelle ou non, certaines d’entre elles m’ont certainement aidé à en apprendre davantage sur moi-même et sur mon environnement. Je pense qu’une chanson est meilleure quand elle peut parler directement à l’âme. Cela ne dépend pas toujours du fait que l’histoire se soit produite ou non.
PAN M 360 : Comment avez-vous décidé qui allait collaborer avec vous sur cet album? Vous avez Win Butler, Shabazz Palaces et King Britt?
Pierre Kwenders : Tendai Maraire a réalisé (et je lui adresse un grand merci) mon précédent album et, ensemble, nous avons pu créer un son. Je voulais aller plus loin et me fondre dans mon univers de DJ. Sur L.E.S. Liberté Égalité Sagacité, Tendai a demandé à King Britt de participer au jam et lorsque nous nous sommes réunis à La Nouvelle-Orléans pour travailler sur de la musique, Win a ajouté sa magie. Je crois que tout s’est passé de manière naturelle. La musique rapproche les gens!
PAN M 360 : Votre nom de scène vient de votre grand-père, n’est-ce pas? Et votre vrai nom est José Louis; pourquoi faites-vous référence à votre vrai nom dans le titre de l’album?
Pierre Kwenders : Pierre Kwenders était le nom de mon grand-père. Il n’y aurait pas de Pierre Kwenders sans José Louis ou vice versa. Pour moi, cet album est mon plus personnel, c’est l’histoire de José Louis que je raconte ici.
PAN M 360 : Vous chantez en cinq langues différentes, est-ce qu’une langue est plus facile à chanter et à écrire qu’une autre?
Pierre Kwenders : Le lingala, la plus belle langue du monde! Tout semble facile et onirique en lingala!
PAN M 360 : Vous avez composé et écrit cet album dans différentes villes du monde; y a-t-il un endroit précis qui vous a servi d’inspiration?
Pierre Kwenders : J’aime être toujours en dehors de ma zone de confort. Le fait de pouvoir voyager et enregistrer dans autant de villes m’aide à canaliser mon inspiration de manière différente à chaque fois. Il n’y a pas vraiment d’endroit précis.
PAN M 360 : L’ensemble de l’album est multigenre et très stratifié, mais Papa Wemba est vraiment un morceau étonnant et unique. De quoi parle-t-il? Une référence au film Papa Wemba?
Pierre Kwenders : C’est tout simplement mon hommage à l’un des plus grands qui aient jamais vécu. Papa Wemba était le roi de la rumba. Il a ouvert tant de portes aux artistes congolais et a inspiré des générations de ceux-ci. Je crois qu’il y a un peu de lui dans ce que je fais.
PAN M 360 : Oui, vous incarnez en quelque sorte le style « Papa Wemba », maintenant que j’y pense.
Pierre Kwenders : Je suis un enfant qui souhaite parfois être né au village Molokaï! (le village Molokaï était le « quartier général » de Papa Wemba à Kinshasa)
PAN M 360 : Et Church comporte un chœur complet, la chorale Afrika Intshiyetu dont vous faisiez partie il y a de nombreuses années. Comment était-ce de collaborer à nouveau avec eux?
Pierre Kwenders : Afrika Intshiyetu est la chorale où j’ai commencé à chanter. J’ai toujours rêvé de les avoir sur un de mes disques. Donc, les faire participer à Church est un rêve devenu réalité. La boucle est bouclée!
PAN M 360 : Comment les soirées Moonshine tiennent-elles le coup avec la pandémie?
Pierre Kwenders : Super! Nous avons parcouru le monde et joué dans de nouvelles villes comme Kinshasa, Bruxelles, Londres et Lisbonne. L’été s’annonce formidable : notre dernier mixtape SMS for Location Vol.4 est sélectionné en vue des prix Juno. Et le Vol. 5 est en cours de réalisation. Notre documentaire Zaire Space Program est à l’étape du montage. Puis, vous entendrez parler du Club Sagacité, un espace artistique et communautaire multidisciplinaire qui sera bientôt lancé. Disons simplement que je n’ai pas beaucoup dormi!