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Ci-dessus : Hotdog dans les années 1970 (René Garcia, à gauche, et Dennis Garcia, 3e à partir de la gauche)
Dans les années 1970, les Philippines étaient sous le joug du régime corrompu de Marcos et de sa loi martiale permanente. Dans l’esprit et le cœur de nombreux Philippins, cependant, il y avait un côté positif à cette époque, soit la musique des frères Dennis et René Garcia et de leur célèbre groupe Hotdog. Leur premier tube, Manila, a d’ailleurs été à l’origine d’un mouvement appelé le « Manila Sound ». À l’époque, la musique du pays n’était pas très populaire, on lui préférait les succès pop et disco venus de l’étranger. Hotdog a su créer un hybride amusant et à l’esprit libre en mêlant musiques philippines et d’ailleurs, ouvrant ainsi la voie à la vague OPM (Original Pinoy Music) qui a suivi.
René Garcia est décédé en 2018, puis Dennis l’a suivi en janvier de cette année. Ce chapitre de l’histoire de la musique philippine n’est cependant pas tout à fait clos. Paolo Garcia, fils de Dennis et lui-même musicien, rend hommage à l’héritage de son père avec le tout récent Muling Kagat, pour lequel il a sélectionné et retapé une foule de raretés, qui plairont à coup sûr aux fans de longue date tout en attirant l’attention d’une nouvelle génération d’amateurs de musique du monde entier. PAN M 360 a communiqué avec Paolo Garcia pour en savoir plus long.
PAN M 360 : Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, quelle importance a-t-il eu ?
Paolo Garcia : Il y a plus de trente ans, mon père et le groupe ont créé une foule de chansons qui sont devenus extrêmement populaires auprès des Philippins de tous âges. Aujourd’hui encore, les gens connaissent ces chansons, elles sont devenues intemporelles.
PAN M 360 : Le premier disque de Hotdog a été Unang Kagat en 1974, ce qui se traduit, si je ne m’abuse, par « première bouchée ». Et voici maintenant Muling Kagat… « une autre bouchée ». Il ne s’agit pas d’un album des plus grands succès – si c’était le cas, le premier morceau de la première face serait Manila – mais d’un hommage d’un genre différent, n’est-ce pas ?
PG : L’idée m’est venue après le décès de papa en janvier dernier. Je ne pouvais pas laisser son souvenir s’effacer sans lui rendre un hommage particulier. J’ai pensé aborder des airs obscurs et méconnus des années 70 et 80 plutôt que les tubes que tout le monde connaît.
PAN M 360 : La musique de Muling Kagat est un merveilleux mélange de funk, jazz, disco, pop, rock, psychédélique, salsa, samba, boogie-woogie et, bien sûr, kundiman, le genre de chanson d’amour philippine. C’est assurément de la musique des années 1970, mais elle a aussi quelque chose d’intemporel, comment décririez-vous le son de Hotdog ?
PG : C’est un mélange de lyrisme intelligent et de sensibilité pop de bon goût. Hotdog s’est formé en 1972 et a contribué au « Manila Sound », caractérisé par un rock doux, des refrains entraînants et une bonne dose de sentimentalité. Hotdog faisait des chansons d’amour – sur les filles, sur la danse, sur Manille – à la fois en tagalog et en anglais.
PAN M 360 : Que faites-vous vous-même, musicalement ? Quelle voie avez-vous suivie ?
PG : Je suis producteur de musique, réalisateur, éditeur, DJ et passionné de vinyle. En tant que praticien de la musique à base d’échantillons, je décompose et reconstruis d’anciennes formes. Je donne ainsi une nouvelle vie à ces morceaux grâce à la technologie moderne de façon à les rendre plus accessibles à la jeunesse d’aujourd’hui. Voilà à quoi je m’emploie.
PAN M 360 : La récente vidéo de Don’t Touch Me est vraiment amusante, pouvez-vous nous en dire un peu plus à son sujet et nous dire qui y a participé ?
PG : La vidéo est un excellent exemple de film de style guérilla. Elle a été tournée dans mon village en toute simplicité avec une petite équipe soudée et une distribution colorée, dont des breakdancers. Pedro Lachica, le personnage principal, joue Lolo Groovy (argot philippin pour « grand-père cool »). Bea Lasaca joue la danseuse sexy de Metro Aide. La musique et le style sont basés sur l’esthétique philippine des années 1970, donc nous avons essayé de conserver l’esprit de cette époque. Une satire de la vie pendant une pandémie.
PAN M 360 : Muling Kagat plaira à coup sûr aux Philippins nostalgiques, au pays comme à l’étranger, mais au-delà de cela, je pense qu’il plaira aussi aux fans audiophiles de vinyle vintage de l’ère analogique. Je suis sûr qu’ils voudront savoir si un pressage en vinyle est prévu.
PG : Nous prévoyons en effet faire un tirage vinyle de Muling Kagat, si tout va bien au cours des prochains mois.
PAN M 360 : Avez-vous un morceau préféré sur Muling Kagat ?
PG : Toutes ces pièces sont comme mes enfants (rires) ! Je les aime toutes les unes autant que les autres.
PAN M 360 : Comme musicien, quel est l’enseignement le plus précieux que votre père vous ait transmis ?
PG : Papa m’a appris à toujours me méfier de la médiocrité. Si vous voulez faire de la musique… il faut repousser les limites et ouvrir de nouvelles voies aux générations futures.