LUMIÈRE: alter ego premium

Entrevue réalisée par Marius Gellner
Genres et styles : indie pop

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LUMIÈRE, c’est le personnage étincelant et un peu fou créé par Étienne Coté. Il sort aujourd’hui 14 mai A.M.I.E.S.A.M.O.U.R, un album sur lequel il a travaillé pendant près de 5 ans. Il raconte une histoire haute en couleur prenant place dans un party tenu en 1971. Ode à l’amour, l’album mêle mélancolie, enthousiasme, comédie sur des influences rock et…. sous influence (théâtrale) de psychédélique hallucinogène.

Accompagné de Daphné Brissette et Naomie de Lorimier, LUMIÈRE interprète cette histoire avec théâtralité, son public pourrait être touché par la spontanéité et la maladresse de son personnage. Ses influences d’une époque révolue apportent une nostalgie à l’œuvre et sauront joindre un vaste public.

D’où cette conversation avec PAN M 360.

PAN M 360 : Pourquoi incarner LUMIÈRE dans cet album et non pas Étienne Côté ?

LUMIÈRE : C’est un personnage que je me suis créé. Ça me laisse plus de liberté. C’est un peu mon alter ego, mon idéal. L’idéal de moi-même. La personne que je ne suis pas capable de rejoindre en tout temps. J’aime le théâtre,  je suis une espèce de rêveur idéaliste mais… dans la vie de tous les jours, ce n’est pas viable. J’aime bien incarner ce personnage capable de ce que, moi, je ne suis pas capable. Ça peut être à toutes sortes de niveaux. Par exemple, c’est un personnage courageux, qui n’a pas peur de se présenter tel qu’il est. Alors que dans la vie, j’ai un peu peur de ce que les autres pensent de moi. Et puis ça permet de pouvoir se costumer ! Ça me donne une permission qu’autrement je ne me donnerais pas. Ça me permet d’être plus flamboyant. LUMIÈRE, c’est quelqu’un qui crie si ça lui tente de crier. Et puis je trouve le nom beau. Ça colle bien au personnage, au projet. On parle d’amour !

PAN M 360 : Et derrière le personnage, qui est Étienne ?

LUMIÈRE : Je viens de Saint-Antoine-de-Tilly – près de Québec. Je viens de la campagne. En ce moment je suis la moitié du temps à Montréal, l’autre moitié à Saint-Antoine, dans mon village natal. C’est là que j’ai commencé à faire de la musique et c’est l’endroit où je retourne toujours pour créer. J’ai une petite maison là-bas avec tout ce qu’il faut pour enregistrer mes maquettes, jouer de la guitare, chanter… Sinon j’ai étudié la musique. Au départ, j’ai déménagé à Montréal pour continuer mon bac en percussion classique. Pas du tout pour jouer dans un band, mais plus tard, je me suis joint à Canailles, un groupe qui n’existe plus aujourd’hui, mais avec qui a duré dix ans. J’ai fait cinq ans avec eux puis c’est là que j’ai commencé à travailler avec des groupes émergents à Montréal. Ça m’a donné une bonne idée de ce qu’était  ce métier-là, de jouer des musiques originales. Je pense que ça m’a donné confiance et à un moment donné, j’ai eu envie de composer mes propres chansons.

PAN M 360 : A.M.I.E.S.A.M.O.U.R raconte une histoire. Peux-tu nous dire de quoi elle parle ?

LUMIÈRE : C’est l’histoire de trois personnages, trois rôles complètement différents. On a BRIQUETTE, qui est comme la grande sœur et qui a une personnalité assez incandescente, assez directe. Elle ne laisse pas vraiment de place au doute ou è l’ambiguïté. Et ça vient aider LUMIÈRE. Au départ, LUMIÈRE est un personnage en quête d’amour, à la recherche de l’âme sœur. Dans la première chanson, on l’entend nous dire qu’il est finalement prêt à prendre le contrôle de sa vie, et qu’il a tout à gagner en étant lui-même et en allant vers les autres.

Il est ainsi  invité, avec le troisième personnage, CRISTALE, à un party  chez BRIQUETTE. Cette dernière leur offre des bonbons avec du LSD. Ils vont faire un trip qui va changer leurs perspectives sur les choses, sur le monde, sur leurs relations avec les autres, pour le meilleur et pour le pire.

Ensuite, il y a un bad trip dans cette histoire, dans la pièce FREUD.EST.MORT. Dans un party, c’’est le moment où on se rend dans la salle de bain et on réalise à quel point on est gelé. On se regarde dans le miroir, on ne se reconnaît plus. On se demande où on est rendu, qui on est. Est-ce qu’on est vraiment content d’où on est ? Est-ce qu’on s’aime ? CRISTALE accompagne un peu son ami là-dedans. CRISTALE, c’est le côté un peu plus doux, clairvoyant, spirituel. C’est peut-être aussi quelqu’un d’un peu plus anxieux. 

L’album décrit vraiment une espèce de courbe, comme l’amour nous fait vivre: des grandes joies, des grandes peines, des grandes déchirures, des grandes souffrances, des grandes jouissances. Ça dépend. C’est l’idée d’un cycle, qui commence un peu comme il finit, avec un nouveau départ.

PAN M 360 : L’histoire prend place en 1971. Pourquoi le choix de cette époque-là ?

LUMIÈRE : Cette époque-là m’influence beaucoup dans la composition. Mais c’est d’abord un trip de musicien cette affaire-là, puis après ça, je me suis mis à y donner du sens. C’est devenu une contrainte totale. On s’est mis d’accord qu’on était en 71. Qu’est-ce qu’il s’est passé en 1971 ? Les Beatles, mon band préféré au monde, ont chacun sorti un album solo. Des albums vraiment forts. En 71, on fait face à la réalité, peut-être qu’on va retomber en guerre. Donc il y a toujours le mouvement hippie, peace and love, mais peut-être plus mature, plus conscient. Et j’ai l’impression que durant les années 60-70, on avait moins peur de dire « Je t’aime » dans les chansons. Je trouve ça cool et important de le dire à nos amis et à nos amours. C’est idéalisé, mais ça laisse place à la réflexion. L’année 1971 c’est vraiment plein de choses qui viennent forger l’album. En studio, on utilisait des effets qui existaient en 71. On ne se permettait pas vraiment d’utiliser des effets numériques, des trucs qui sonnent trop modernes. On s’est contraints et ça nous a aidés à canaliser notre travail, à prendre des décisions. 

PAN M 360 : Vous nous faites voyager dans le temps…

LUMIÈRE : Absolument. Dans le communiqué de presse annonçant l’album, on parle “d’épopée croissante’ mais c’est aussi un album de décroissance. On vient chercher dans le passé et je veux que les gens prennent le temps d’écouter. Cet album m’a pris 5 ans et je pense qu’il est très bien ficelé. Ce n’est pas un album que je souhaitais instantané, je voulais qu’il soit durable. C’est ça l’idée de 1971. L’album est tourné vers une époque où la musique se consommait différemment. Était-ce mieux ou moins bon ? Je ne sais pas.

PAN M 360 : Daphné Brissette et Naomie de Lorimier participent à ce projet. Elles incarnent respectivement BRIQUETTE et CRISTALE. Qu’est-ce qui a motivé choix ?

LUMIÈRE : Ce sont des voix que j’aime énormément et ce sont aussi mes meilleures amies. Tous les gens qui ont travaillé sur l’album sont mes meilleurs amis, les gens que je préfère dans mon entourage. Je me suis entouré de gens que j’aimais. Noémie et Daphné sont des voix totalement uniques et totalement différentes. Daphné a une voix rauque alors que Naomie a une voix très douce et cristalline. Je trouvais ça intéressant de mélanger ces voix un peu à l’opposé, mais qui se marient tellement bien.

PAN M 360 : Quand on voit le vidéoclip de LE.DEFI.DE.L’AMOUR, on constate un gros travail sur l’aspect visuel et théâtral du projet.

LUMIÈRE : Pour moi, c’est super important. J’ai la chance d’être vraiment bien entouré. J’ai une équipe qui produit tout le visuell en lien avec la musique. On crée du contenu coloré, souvent théâtral. Personnellement, je m’accroche beaucoup à l’esthétique, à ce que quelqu’un dégage par son apparence. Le visuel, c’est important parce que ça fait rêver. C’est une assise pour ma musique. Alors c’est sûr que dans mon projet, je n’allais pas négliger ça. Je suis tout le temps là, à trouver des idées, mais on a quelqu’un qui travaille sur les costumes et le maquillage. On commence à avoir une équipe régulière qui travaille avec nous pour préciser la direction artistique, l’image, la réalisation…

PAN M 360 : Comment vous sentez-vous à l’idée d’enfin sortir ce projet ?

LUMIÈRE : J’ai vraiment hâte. J’ai eu beaucoup de bons commentaires sur les 4 titres qui sont sortis, mais j’ai hâte que les personnes puissent écouter l’album comme une œuvre en entier. Qu’ils puissent mieux comprendre et suivre l’histoire. Il y a un concept derrière l’album et les gens vont enfin pouvoir en prendre conscience.

PAN M 360 : Cet album, avec son côté visuel, sa trame narrative et sa théâtralité, se prêterait bien à un spectacle. C’est quelque chose que vous envisagez ?

LUMIÈRE : Oui absolument. C’est sûr qu’on va avoir des décors, des costumes. Moi j’envisage un show dans l’extravagance, la grandeur, le trip musical rock. Pour l’instant, on a des shows prévus en formule réduite. C’est correct aussi parce qu’il y a des chansons qui marchent très bien dans la formule guitare/voix. C’est d’ailleurs comme ça que je les ai composées. Mais j’aimerais vraiment ça qu’on puisse jouer en groupe. 

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