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Diffuseur spécialisé des musiques contemporaines occidentales (et plus) de tous horizons. Regroupant 60 membres, artistes, ensembles ou organismes, Le Vivier a pour mission de favoriser le développement des musiques nouvelles et de les promouvoir par la diffusion des meilleures œuvres et de leurs meilleurs interprètes.
Depuis peu, le flûtiste Jeffrey Stonehouse en assume la direction artistique, en plus d’exercer la même fonction au sein de l’ensemble Paramirabo. À l’aube de la saison 2022-2023 du Vivier, il indique aux lecteurs de PAN M 360 des pistes automnales à suivre, parmi les meilleures de cette nouvelle programmation qui se poursuivra pendant le premier semestre 2023.
PAN M 360 : Tu assumes donc les fonctions de directeur artistique de l’ensemble Paramirabo et du Vivier. Position délicate?
JEFFREY STONEHOUSE : Pas du tout. Ça ne change pas le positionnement de Paramirabo, un ensemble qui vient de la deuxième génération d’organismes ayant rejoint Le Vivier. Nous sommes actifs dans l’organisme depuis un bon moment, nous faisons partie d’une nouvelle vague d’artistes accueillis par Le Vivier.
PAN M 360 : Cette vague d’artistes contribue à rajeunir l’image du Vivier, qui ne siège plus exclusivement au Gesù depuis un moment déjà, après s’y être installé en 2015.
JEFFREY STONEHOUSE : Les partenariats de diffusion fonctionnent très bien actuellement: l’Agora de la danse, le CIRMMT (Centre for Interdisciplinary Research in Music Media and Technology) et La Chapelle Scènes Contemporaines. Ces salles sont bien adaptées pour nos propositions artistiques, nous y avons développé des liens forts. Nos bureaux se trouvent dans le même complexe que celui de la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Tous ces changements ont fait énormément de bien.
PAN M 360 : Les esthétiques des nombreux membres du Vivier sont diverses, mais associées aux musiques contemporaines occidentales, non?
JEFFREY STONEHOUSE : Il y a quand même des infiltrations non institutionnelles dans les esthétiques de plusieurs organismes, le festival Akousma est un bon exemple.
PAN M 360 : Il était difficile d’imaginer la direction artistique du Vivier, dont chaque organisme membre a déjà sa propre direction artistique. Donner une cohérence à tout ça, c’est complexe, donc. Comment envisager cette tâche?
JEFFREY STONEHOUSE : C’est pour moi une grande occasion de créer des dialogues, d’ériger des ponts, d’essayer d’identifier les filons où tout notre monde voyage dans la même direction. C’est pour moi un grand plaisir de dialoguer avec les membres. C’est excitant de faire partie de cette dynamique, savoir ce qui vient et pouvoir se positionner avec ce qui se passe ailleurs. Nous avons réussi à trouver des fils conducteurs comme la compositrice ukrainienne Alla Zagaykevych dont la résidence durera quatre mois à compter de la mi-octobre.
PAN M 360 : Sera-t-elle donc impliquée dans différents contextes?
JEFFREY STONEHOUSE : Tout plein! En tant qu’artiste en résidence, elle doit composer deux œuvres qui seront jouées par l’Ensemble Contemporain de Montréal et le Nouvel Ensemble Moderne. Ces œuvres seront jouées pendant notre saison, soit le 8 février (ECM+) et au début de mai (NEM). Mais d’abord le 16 octobre, quatre membres du Vivier se regroupent autour d’elle : l’Ensemble SuperMusique, le Nouvel Ensemble Moderne en formation trio, Chants Libres et Paramirabo. C’est donc une chance pour la communauté montréalaise d’en apprendre davantage sur cette compositrice qui mêle l’instrumental et l’électroacoustique d’une façon très intéressante.
PAN M 360 : Le mélange des compositions instrumentales et électroacoustiques devient de plus en plus importante, il faut dire.
JEFFREY STONEHOUSE : Oui, effectivement, la musique mixte prend de plus en plus de place.
PAN M 360 : Votre premier événement majeur?
JEFFREY STONEHOUSE : Dans les coulisses de Carnegie Hall, l’opéra de Tim Brady (musique) et Audrey Dwyer (livret), présenté au Théâtre Centaur, qui met en lien des enjeux de racisme avec la guitare électrique, avec le ténor Ruben Brutus et la soprano Fredericka Petit-Homme dans les rôles principaux. Ce concert est présenté de concert avec Bradyworks et Chants Libres (désormais sous la direction de la mezzo Marie-Annick Béliveau), deux gros joueurs de la communauté du Vivier.
PAN M 360 : Vous faites une place importante au renouveau des forces en musique contemporaine.
JEFFREY STONEHOUSE : Notamment les 28, 29 septembre et 1er octobre, car nous prévoyons un événement intitulé Big Bang – Sommet de la création. L’Orchestre de l’Agora, sous la direction de Nicolas Ellis, est un membre invité du Vivier et joue des œuvres d’Alexandre David, Francis Battah et Laurence Jobidon. Cette exécution a lieu à l’Espace Orange de l’Agora de la Danse, cette salle fonctionne tellement bien pour ce type de commande! On a un ensemble qui fait normalement un répertoire plus standard (avec une grande conscience sociale) et nous sommes particulièrement fiers des activités de médiation culturelle et de professionnalisation prévues dans cet événement échelonné sur trois jours – tables rondes, rencontres entre la relève et artistes établis, etc.
PAN M 360 : Autres résidences?
JEFFREY STONEHOUSE : Oui, une commissaire d’œuvres , la jeune Montréalaise An-Laurence Higgins, guitariste et performeuse, entre en résidence à La Chapelle Scènes Contemporaines, soit en novembre. Elle présentera son travail dans la seconde partie de notre saison.
PAN M 360 : Sans vouloir faire de liste d’épicerie, que nous dit encore la programmation automnale?
JEFFREY STONEHOUSE : Il y a plusieurs expériences multisensorielles au programme, à commencer par l’opéra présenté en septembre au Centaur.
Le 5 novembre à l’Espace Orange, il y aura aussi le quatuor de saxophones Quasar dans un théâtre musical avec quatre acteurs, un réel mariage entre musique et théâtre, intitulé Entre nous.
Le 1er novembre à l’Espace Orange, SuperMusique présente un programme avec partitions graphiques des compositrices Laura Kavanaugh, Elizabeth Miller et Danielle Palardy-Roger.
Le 27 novembre à l’Espace Bleu, nous présentons un autre projet très excitant, celui de la compositrice Linda Bouchard qui travaille cette fois avec le logiciel Ocular Scores. Ce logiciel transforme des improvisations en partitions graphiques, en informe les trois interprètes de l’ensemble Trinoculaire (Lori Friedman, François Houle, Charlotte Hug ), qui doit ensuite réagir aux partitions suscitées par leurs improvisations initiales. À un moment donné, on ne sait plus qui initie quoi, très cool!
Enfin, je veux mentionner la présence de « lutherie sauvage » du Vivier au cours de l’automne. Alors deux concerts d’instruments inventés, recyclés ou réutilisés. Le premier programme, Inside Your Ears, est présenté le 9 octobre par Totem contemporain, on y joue des œuvres de Jean-François Laporte, Benjamin Thigpen et Phill Niblock. L’autre programme de lutherie sauvage est donné par Architek Percussions, que nous avions dû reporter l’an dernier à cause de la pandémie. L’ensemble montréalais travaille avec la Britannique Vitalija Glovackyte (objets, éclairage et électronique) autour de la thématique du recyclage; tout est fait à partir de la pratique du dumpster diving où l’on récupère des objets pour la création d’instruments avec lesquels jouent les interprètes.
PAN M 360 : On en passe, évidemment; les concerts du Quatuor Bozzini, celui des finalistes du Concours Akousmatique, Nacht d’Innovations en concert, Celestial Blues du violoniste Mark Fewer et du compositeur/pianiste Daniel Janke. Merci Jeffrey!