La voix de Laroie dans l’underground montréalais

Entrevue réalisée par Elsa Fortant
Genres et styles : deep house / disco / house / soul/R&B / UK garage

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Avec Laroie, son projet solo, Gab Godon explore avec entrain et justesse l’entrelacement du R&B des années 2000, de la soul et de l’électro. Sa voix, tantôt cristalline, tantôt éthérée, se prête parfaitement à l’exercice. Avec SOL Remix Selection, la chanteuse offre un deuxième souffle à Speed Of Life, son second EP sorti en septembre 2021. Elle collabore ici avec des artistes locaux underground : Honeydrip, Martyn Bootyspoon, Gene Tellem, Gabriel Rei et THe LYONZ, réaffirmant une facette dance qui fait du bien, à quelques jours de la réouverture des bars et des clubs montréalais. 

PAN M 360 : À quoi ressemble ton parcours pré-Laroie? 

Laroie : Ça fait un bout que je suis dans le milieu de la musique au Québec, maintenant dix ans si ce n’est pas plus. Pendant plusieurs années, j’avais le groupe Heartstreets avec Emma Beko. Il existe toujours, mais est un peu moins à l’avant-plan car on se concentre toutes les deux sur nos projets respectifs. Le temps qu’on a eu chacune pour soi, au début de la pandémie, nous a donné envie de découvrir notre identité en tant qu’artistes solo.

PAN M 360 : Comment décrirais-tu cette nouvelle identité?

Laroie : Elle est en mouvement, j’aime penser que je continue à la découvrir. Avec Emma, on faisait beaucoup plus hip-hop et R&B, là j’ai vraiment puisé dans des éléments électro, dansants, house et UK-garage, même si on ressent encore beaucoup le R&B et le soul.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a mené vers cette nouvelle facette?

Laroie : J’ai toujours été une grande fan du house et du dance de la fin des années 1990-2000, par exemple le Show Me Love (1993) de Robin S, c’est vraiment une pièce légendaire. J’avais l’ambition de faire des chansons où on sent le côté soul; la voix est là, les mélodies nous emportent, mais avec le côté super dance qui apporte une certaine intensité. J’ai vraiment réussi à aller explorer ce terrain de jeu-là, grâce à Gene Tellem avec qui j’ai réalisé mon EP Speed Of Life. C’est une amie de longue date. Bien qu’on se connaisse et qu’on soit toutes les deux dans le milieu de la musique, nos chemins ne s’étaient jamais croisés. Là, on ne se lâche plus. Elle a un son house et deep house beaucoup plus niche, ça me permet de naviguer dans des sonorités et des couleurs auxquelles j’aspirais.

PAN M 360 : Comment avez-vous travaillé ensemble?

Laroie : Initialement, on a commencé à travailler ensemble dans le contexte idéal d’une retraite de création. Après la pandémie, on a continué à s’envoyer des maquettes, on se lançait la balle. On continue à jouer avec nos méthodes, qu’on aille s’isoler dans le bois ou qu’on passe du temps à son studio à Montréal. On s’entend sur la direction sans qu’on ait trop besoin de se parler. On a réussi à garder l’énergie de la création, même sans être ensemble dans la même pièce. On a d’ailleurs sorti un album sous le nom Secret Witness, qui est le collectif de Gene Tellem, Gabriel Rei et le percussionniste Pascal Deaudelin, et on l’a fait en temps de pandémie, à distance. 

PAN M 360 : Qualifierais-tu SOL de projet hybride?

Laroie : Je serai prête à dire ça dans le sens où mon projet et les remix que je viens de sortir ne rentrent pas dans une case, ça se promène dans différents courants, ça peut vivre dans différentes sphères; on est dans une palette. Même si les originaux ne sonnent pas pareil, ça correspond complètement à mon univers. 

PAN M 360 : À quel moment as-tu senti le potentiel de Speed Of Life pour en faire une version remix? 

Laroie : Avec mon premier EP, j’avais eu cette idée de faire les remix, c’est une belle manière de donner une seconde vie à un projet, mais ça ne s’est pas passé comme je voulais. Avec Speed Of Life, l’idée me trottait toujours dans la tête, mais je ne savais pas trop quelle direction prendre et, finalement, les cartes se sont placées naturellement. Je me suis fait une petite liste de gens dont j’admire le travail, tout le monde a embarqué et je leur ai laissé choisir la chanson sur laquelle ils souhaitaient travailler. Lorsque je collabore avec d’autres artistes j’aime donner libre cours à leur créativité, c’est carte blanche. C’est le fun car les collaborateurs ne savaient pas qui étaient les autres artistes qui allaient travailler sur le projet. Et en fin de compte, ça se tient tellement! La magie a opéré. On sent la nostalgie des pistes de danse et la mélancolie, à travers une musique qui se veut dansante. 

PAN M 360 : Peux-tu nous présenter les artistes plus en détail?

Laroie : Oui bien sûr. Honeydrip est une productrice qui se démarque de plus en plus dans la scène montréalaise. Ce sont des artistes qui, dans ma tête, ont une musique rafraîchissante mais qui passe sous le radar local, qui sont plus appelés à vivre à l’international qu’à Montréal. Bootyspoon va faire des shows à Los Angeles et à Miami. THe LYONZ est mis sous contrat en Europe… ça s’exporte beaucoup. Faisant de la musique en anglais au Québec et ayant un son qui ne s’identifie pas automatiquement comme local, je me suis reconnue dans ça. Ici c’est un marché différent, plus francophone. Ça fonctionne avec le marché local mais c’est le marché de la nuit, des clubs et des dancefloors. Le marché ici est encore très niche. Ça va peut-être aussi avec un manque de valorisation des producteurs locaux.

PAN M 360 : Comment pourrait-on favoriser cette valorisation de la scène underground?

Laroie : Gene Tellem m’a amenée à La Rama, un magasin de vinyles dans le Mile-End. Mettre de l’avant des endroits comme celui-ci, qui offrent une sélection musicale qui touche exactement à cette scène un peu underground, c’est déjà beaucoup. On peut y trouver de véritables trésors cachés. 

PAN M 360: On parle ici de valoriser le réseau de distribution, est-ce qu’il y a un enjeu du côté de la production (accès au financement public, par exemple)?

Laroie : Je ne pense pas que ça change quelque chose que tu fasses de la musique underground, c’est plus du côté linguistique que tu as des barrières, question financement et diffusion. Qu’il y ait plus de financement pour la musique en français, je n’ai aucun problème avec ça. L’enjeu c’est plutôt que pour une diffusion à la radio, je compétitionne avec les Dua Lipa et Drake… C’est important de parler de la scène underground, pour qu’elle ait une ouverture et qu’elle puisse se faire la place qu’elle mérite.

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