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Ils sont sept cerveaux débordant de créativité. Sept créatrices et créateurs, réunis sous le même toit, forment la « KLON Family ». Il y a d’abord Aurel, le manager, et Nejma, la directrice artistique, graphiste et manager image. Parmi les musiciens, on compte Zoé, chanteuse et claviériste, Akra, chanteur et bassiste, Vic, guitariste producteur et ingénieur du son, accompagné de son frère jumeau Art, batteur, producteur et ingénieur du son, lui aussi . Et pour finir, Rory joue de la guitare et enfile la casquette de réalisateur.
KLON (à prononcer « clone ») n’est pas un groupe de musique comme on a l’habitude d’en croiser. C’est une initiative globale, un projet de vie commune et de création en collectivité. Basés dans l’Essonne, en région parisienne, les sept jeunes gens habitent une maison qui tient lieu à la fois de studio et de colocation. C’est un espace qui incarne l’essence du projet et qui abrite l’émulsion joyeuse de ces esprits libres et innovants.
Le 11 juin dernier sortait leur premier disque, Nouveau Genre, un EP de 7 morceaux colorés et joliment anachroniques. La signature musicale de cet album est dansante : le groupe joue avec des voix susurrées, des rythmes électriques et des mélodies planantes qui invoquent une énergie positive, teintée toutefois d’un brin de mélancolie.
Rassemblés tous les sept devant leur webcam, ils se sont entretenus avec PAN M 360.
PAN M 360 : Pourriez-vous revenir sur la genèse du groupe ?
Vic : Ça remonte assez loin finalement. Ça remonte à l’époque du lycée. Pour la plupart, on s’est rencontrés à une soirée. On faisait tous un peu de rap chacun de notre côté, et avec mon frère (Art) on avait acheté une carte son et un micro pour s’enregistrer. Finalement, à cette soirée, Art, Zoé et moi qui sommes frères et sœur, on a rencontré Aurel et Akra. On a fait un freestyle avec Akra et ça a vraiment collé. Une semaine ou deux après, on avait déjà l’envie de monter un collectif ensemble avec d’autres amis qui ne font plus partie du truc. C’est parti de là.
Akra : La forme a beaucoup évolué. De base, c’était un collectif de rappeurs. Peu à peu, ça a muté et mué vers KLON. À la base il y avait plein de gens dans le groupe. Il y a même un moment où on était 13. Ça a beaucoup bougé avant d’être ce que c’est aujourd’hui.
Vic : Surtout qu’à l’époque, on fonctionnait plutôt comme un collectif un peu « label ». On avait chacun nos projets personnels. Avec mon frère, on enregistrait tout le monde et il y avait quatre ou cinq artistes sous ce qui s’appelait le G20.
Art : Après le bac, on a vite emménagé à Créteil dans un petit appartement. C’est à partir de là qu’on a formé le groupe G20. On a commencé à faire nous-mêmes nos productions, et c’est là qu’on a commencé à ajouter des choses comme de la guitare. De fil en aiguille, on s’est écartés du rap et ça a donné les prémices de KLON.
Vic : À force d’expérimenter, de se chercher, d’essayer de nouvelles choses, de mettre nos influences en commun, on en est arrivés à ce premier EP qui représente le début d’un long chemin dans la recherche de notre son. C’est le premier projet abouti dont on est vraiment fiers.
PAN M 360 : Dans le collectif KLON, on ne compte pas que des musiciens. C’est un projet d’ensemble qui englobe un son, un esthétique, etc. Vous êtes d’accord pour affirmer que votre projet va plus loin que la musique ?
Rory : C’est dans l’ADN même du projet que d’être pluridisciplinaire. Moi, je suis arrivé après, j’avais fait mes études de cinéma. Mais au moment où je les ai rencontrés, ils étaient en études d’ingénieur du son, de cinéma, de graphisme, de mode… Et chacun a choisi ses études pour apporter quelque chose au groupe, à la collectivité. Moi, comme j’ai fait de la réalisation, ça se mélangeait bien avec le reste. De base on voulait tout faire nous-mêmes. Les clips, les photos… Et avec le temps on s’est rendus compte qu’on souhaitait surtout se concentrer sur la musique et faire ça à fond. On s’est mis à bosser avec des réalisateurs pour les clips parce que les idées d’autres personnes peuvent enrichir notre univers, et nous ça nous laisse le temps et l’espace de travailler sur notre son.
Akra : Après, on a aussi une propension, dans le futur, à faire plein d’autres trucs. Ça ne s’arrêtera pas à la musique. Dès le début, on ne savait pas vraiment vers quoi on partait. On faisait du rap, donc tout s’est axé autour de ça, mais on voulait aussi organiser des soirées, créer une marque…
Vic : Et au-delà du groupe de musique, on est un groupe de potes. On a une façon de vivre qui, intrinsèquement, apporte un message. KLON, c’est aussi cette famille qui décide de se rassembler autour d’un rêve commun, comme une équipe de pirates à la One Piece !
Rory : On veut se faire kiffer et on aime plein de choses. On est aussi hyper cinéphiles, on regarde plein de films ensemble. La seule limite au projet, c’est nos envies.
PAN M 360 : Donc il y aurait la possibilité que le projet se détourne de la musique pour autre chose ?
Rory : Disons que la musique, ça restera notre truc.
Zoé : C’est la base du projet.
Rory : On est musiciens. Après, j’ai étudié la réalisation et j’ai découvert plus tard que je voulais être musicien, donc c’est vrai qu’on se fait kiffer à imaginer des petits scénarios, des courts-métrages… Et on va certainement en faire.
Vic : Ça viendra, c’est sûr.
PAN M 360 : Comment fait-on pour canaliser sept cerveaux super créatifs comme les vôtres pour se mettre d’accord sur un projet ?
Aurel : On se bat ! [rires] Non, on apprend avec le temps. C’e n’est pas facile et on prend du recul sur tout. En effet, c’est compliqué, mais s’il y a une chose qui nous maintient unis, c’est le projet. Quoi qu’il arrive, on veut ce qu’il y a de mieux pour le projet. Forcément, il y a des avis divergents sur plein de choses. Mais on a pour règle de se lancer dans quelque chose seulement si tout le monde est d’accord. Que ce soit pour faire un son, un clip ou même pour regarder un film le soir, on se fait tous plaisir, ou on ne se fait pas plaisir. On ne met personne à l’écart. On apprend au fur et à mesure du temps.
Zoé : Et puis KLON, c’est aussi un projet de vie commune. Ça fait un moment qu’on vit tous ensemble, donc on apprend à se connaître. Il y a beaucoup d’amour entre nous, beaucoup de respect. Donc au final, naturellement, on donne tous le meilleur pour que ça marche.
Vic : Avant tout, ce qui nous allume dans ce projet, c’est de le faire ensemble.
PAN M 360 : C’est difficile d’imaginer ce que doit être la vie quand on est à la fois colocs et collègues. Comment se construisent vos journées en termes de planification, de coordination ?
Akra : On a changé plein de fois parce qu’on a une volonté d’essayer de se structurer au fur et à mesure des années, donc on a essayé beaucoup de choses. On est passés par des emplois du temps, parce qu’on voulait organiser nos journées avec différentes activités : musique, direction artistique, art… Mais on s’est rendus compte assez vite qu’il fallait qu’on donne 100% du temps à la musique et qu’on lâche un peu de leste. La spontanéité a une part super importante dans notre projet. Il fallait réussir à la préserver pour donner le meilleur de nous-mêmes. À un moment donné, l’horaire était ultra structuré. On avait fait des PDF avec des couleurs, c’était hyper stylé !
Rory : On avait des unités de temps et on avait des quotas d’unités à valider chaque mois [rires].
Zoé : On avait passé toute une soirée à préparer tout ça et on ne l’a jamais respecté.
Rory : Typiquement, ça montre qu’on apprend à l’école de la vie. On fait des choses et on s’en prend plein la gueule quand ça ne fonctionne pas. Ce qui marche, on le garde et le reste on change. Finalement, ce n’est pas si dur. On a un bel endroit pour vivre, on est bien ensemble et notre mode de vie est très modulable. Quand chacun y met du sien, ça avance.
PAN M 360 : Pouvez-vous me parler de ce « Nouveau genre » qui donne son nom à l’album ? Est-ce qu’on parle de musique, d’identité ?
Vic : C’est un tout. C’est un nouveau genre dans le sens où on ne veut plus d’étiquette. C’est un message d’acceptation de soi. Le nouveau genre, c’est celui que tu décides d’être.
Zoé : On essaie de se libérer des carcans.
Rory : Un être humain, ce n’est pas binaire. Tout le monde est complexe et il faut l’accepter. Notre but, c’est d’exprimer cette diversité. On essaie de raconter une humanité plus organique.
Akra : Le nouveau genre c’est le non-genre. C’est une invitation à ne plus être dans une case.
PAN M 360 : Pourquoi avoir choisi de s’appeler KLON dans ce cas ?
[rires]
Rory : Justement, c’est un peu une épée à double tranchant. De base, on se sentait tous tellement liés, comme si on ne faisait qu’un. On se disait que KLON nous représentait bien, ça sonne un peu comme « clan ». Et on aimait aussi la sonorité, en 4 lettres. Après, on a aussi utilisé ce nom comme une critique, une satire de la société qui tend à uniformiser tout le monde sous certaines normes.
Vic : On est des clones qui niquent les clones ! (ndlr : référence au morceau Nique les clones, Pt. II du rappeur français Nekfeu)
Rory : On est infiltrés !
Vic : On a aussi appris plus tard qu’en grec, ça signifie « Jeune pousse », et ça nous va bien aussi !
PAN M 360 : Cet album, c’est votre introduction au public. Qu’est-ce que vous avez cherché à communiquer à travers celui-ci ?
Akra : La liberté avant tout et le plaisir. On a plus un son qu’un style musical. Ce son, il est produit par les machines qu’on a pu acquérir au cours du temps et c’est ça qui façonne notre musique. Dans l’EP, ce qu’on défend, c’est la liberté totale.
Zoé : Je dirais qu’on apporte aussi un message assez positif, on fait de la musique dansante. Au final, l’EP sert à montrer le bonheur qu’on a eu à faire cette musique tous ensemble. Tous les 7, on a réalisé notre rêve commun.
Vic : Il y a cette idée de partage, d’espoir et d’amour !