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Étant donné l’aspect apaisant de sa musique, on a dit de José González qu’il est une sorte de Nick Drake contemporain. Local Valley, son plus récent album, s’avère le plus profond et philosophique de sa discographie, avec des chansons sur l’amour, la mort, l’humanisme et le futurisme. González imagine un monde qui revient à un point de vue quelque peu tribal, où tout le monde dépendait les uns des autres dans un grand village. La chanson Visions, par exemple, pourrait bien constituer le magnum opus de José González.
José González se produisait au théâtre Maisonneuve le vendredi 2 septembre. Nous avons parlé avec lui de la parentalité, de son style artistique et de primates qui aiment danser, alors qu’il promenait dans sa poussette, Matteo, son fils d’un an dans un parc de Göteborg, en Suède.
Pan M 360 : Où êtes-vous en ce moment?
José González : Je suis en train de marcher avec mon fils. Il devrait être en train de dormir, mais il ne dort pas. Il a un an. Je me promène dans le parc Slotsugen à Göteborg, en Suède.
PAN M 360 : Vous n’étiez pas encore papa lorsque vous avez lancé Vestiges & Claws. Comment le fait de devenir père a-t-il changé votre perspective d’écriture de chansons?
José González : Durant la période où j’étais sur le point de devenir papa, puis où je le suis devenu, il y a eu des changements dans la vie. Des changements naturels. J’ai essayé d’aller voir tous les groupes qui passaient en ville, puis j’ai dû d’accepter de ne pas les voir! Je pense davantage à ce que je valorise, chaque semaine. C’est une vie un peu plus calme. Pour ce qui est de la musique, je ne me sentais pas aussi pressé de créer Local Valley et j’ai pris le temps qu’il fallait. Et la pandémie m’en a donné encore plus. Je pense qu’on peut le sentir, quand on compare les deux albums.
PAN M 360 : Cet état d’esprit paisible?
José González : Oui. Avec Vestiges & Claws, j’avais de grandes ambitions quant au type de chansons que j’allais écrire. J’ai essayé de le faire avec une seule guitare, mais j’ai dû faire des overdubs. Donc, je pense que j’ai laissé tomber une partie de ma jeunesse, c’est-à-dire ces standards « dogmatiques ».
PAN M 360 : C’est probablement votre plus grand album, quant au thème. Vous parlez ou chantez à l’humanité dans son ensemble. Diriez-vous que cette introspection vient du fait d’être un nouveau père?
José González : Oui, en partie. Pour Vestiges & Claws, j’étais inspiré par l’humanisme, l’altruisme et l’avenir à long terme, pas seulement pour les humains mais pour tous les êtres sensibles. D’une certaine manière, j’étais déjà là, mais avec les enfants, cela m’a donné plus de perspective et m’a semblé plus réel, d’une certaine manière. Ces discussions sont un peu abstraites; à quoi pourrait ressembler la civilisation dans 100 ou 2000 ans?
PAN M 360 : Il y a aussi cette approche philosophique de narrateur, dans le plus récent album. Vous venez de citer une de vos chansons, Visions, avec tous les êtres sensibles. J’ai l’impression de revivre un cours de philosophie à l’université.
José González : J’avoue que je lis de plus en plus au fil des ans. Et en me promenant avec la poussette, je peux écouter des livres entiers; or, beaucoup de ceux-ci sont philosophiques. C’était assez amusant de libérer le « nerd » qui est en moi. Mais oui, c’est comme un cours de science pour intellos!
PAN M 360 : La pochette de l’album a été réalisée par votre compagne, Hannele Fernström, une designer-illustratrice. En avez-vous discuté tous les deux ou s’en est-elle occupée seule?
José González : Nous en avons beaucoup parlé. Sur le plan esthétique, nous étions tous deux sur la même longueur d’onde. Nous aimons tous les deux Jospeh Frank, le designer de textiles. Nous voulions que la couverture de l’album soit plus colorée. J’ai aussi beaucoup participé au choix des animaux pour la pochette. Mais une fois que Hannelea commencé à faire son truc, ça lui appartenait. Elle est très attachée aux détails et nous avons tous deux des opinions très tranchées.
PAN M 360 : Je suis toujours très enthousiaste à l’idée d’un nouvel album de José González, car il n’y en a pas tous les deux ans. Vous prenez du temps entre vos parutions, surtout à notre époque où beaucoup de musiciens sortent des albums tous les ans ou aux deux ans.
José González : Oui, je prends vraiment mon temps. J’avais mes démos à moitié prêtes depuis un certain temps. Pour Local Valley, j’ai attendu que ma fille aille à l’école maternelle, puis j’y ai vraiment consacré du temps. J’étais détendu, mais cela venait de ma frustration de ne pas avoir le temps en tant que nouveau père. Je jouais toujours et, oui, je peux créer une chanson en jouant des accords simples, mais je n’aime pas ça. Ma façon de travailler, c’est de m’asseoir et d’écrire avec des accords complexes ou des arpèges étonnants, et à partir de cette démo, la chanson finale peut prendre des années. Il s’agit surtout de combiner des trucs et de trouver les paroles qui conviennent parfaitement. J’ai besoin de sens aussi. Donc oui, je suis un créateur lent.
PAN M 360 : Vous chantez en espagnol, en suédois et en anglais sur Local Valley. Aviez-vous déjà essayé cela?
José González : Oui, mais ça n’a jamais vraiment collé. J’ai essayé sur Vestiges & Claws, mais c’était plus facile de chanter en anglais en fin de compte. Toutefois, je trouvais que c’était un peu bizarre d’être cet artiste suédois et argentin qui ne chante qu’en anglais. Alors cette fois-ci, ça m’a semblé très naturel.
PAN M 360 : Vous avez dit qu’il est important pour vous de trouver un sens à vos chansons, mais votre chanson Swing est très dansante, il y est question de remuer et d’être libre. Ce n’est pas une chanson porteuse d’un sens profond!
José González : Quand je parle de sens, je veux dire travailler sur plusieurs couches différentes, avec les rythmes. Du point de vue de l’album, j’ai essayé d’avoir d’autres couches. J’ai donc quelques chansons comprenant de la boîte à rythmes et des boucles. Je voulais beaucoup de styles différents sur l’album. Donc des chansons sur la mort, mais aussi une chanson sur le fait de remuer son corps. Swing n’est pas profonde, mais elle a une utilité dans l’album. En la créant, je songeais à Happy de Pharell Williams. Quand j’ai vu des vidéos de personnes dansant en secret sur cette chanson, incognito, je suppose que cela m’a inspiré. Ce n’est pas dans les paroles, mais je souligne le fait que, indépendamment de notre orientation sexuelle ou de notre religion, nous sommes fondamentalement des primates qui aiment danser!