Hippie Hourrah : Vive le moucoutera !

Entrevue réalisée par Louise Jaunet

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Pour son premier album, Hippie Hourrah voyage dans le temps et retourne dans les années de l’âge d’or du rock psychédélique de la génération des hippies en créant sa propre communauté appelée la Sun Family. Suivant l’étrange philosophie de Jacques Dutronc, la Sun Family est en fait une secte anti-secte qui ne cherche pas vraiment à vénérer les remèdes d’un vieux gourou perché dans le ciel mais qui préfère regarder plus haut, vers le soleil. PAN M 360 a pu discuter avec les trois comparses d’Hippie Hourrah pour décortiquer l’esprit psychédélique de cette famille loufoque.

PAN M 360 : Vous avez sorti de mystérieux médaillons à l’effigie de la Sun Family avant même de sortir vos morceaux. Pouvez vous nous expliquer ce qu’est la Sun Family ?

Cédric Marinelli : Un ami et moi faisions du design pour de la merch dans un atelier de sérigraphie. On en a fait un clin d’œil avec le logo qu’on a réutilisé pour le projet de la Sun Family d’Hippie Hourrah. Je voulais un groupe qui soit comme une famille, qui ait un peu l’air d’une secte mais ça ne l’est pas du tout, on s’entend. Je pensais aussi au documentaire Wild Wild Country. C’est parti d’un trip artistique qui voulait un peu rien dire, n’importe qui peut s’approprier le truc en fait.

PAN M 360 : Depuis quelques temps, on voit la génération des boomers se faire clasher dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pourquoi avoir décidé de jouer avec les clichés de la période hippie de cette génération ?

Cédric Marinelli : Le nom vient de la chanson Hippie Hippie Hourrah de Jacques Dutronc qui riait un peu des hippies. On n’est pas un groupe de hippies pour vrai. On n’est jamais bien sérieux dans tout ce qu’on fait, on trouvait juste le nom niaiseux et que ça marchait bien.

Gabriel Lambert : On ne pense pas du tout que c’était mieux à cette époque, loin de là. Je ne pense pas que ce soit particulièrement cool d’être un hippie. Si on compare les mœurs de temps là, c’était un peu foireux à plein de niveaux. Un peu comme chaque époque finalement. Donc c’est plus une connexion musicale et esthétique. 

Miles Dupire-Gagnon : Le nom est arrivé avant même qu’on enregistre. J’ai trouvé ce clash cool, on est un peu hippie d’une manière on dirait. Le vibe psychédélique des années 60 nous anime tous, il revient souvent dans tous les projets qu’on a eu. 

PAN M 360 : Comment avez vous joué avec les sonorités de l’âge d’or du rock psychédélique ?

Miles Dupire-Gagnon : On est surtout parti des riffs des chansons de Cédric. Gabriel et moi avons rajouté beaucoup de synthés et de drum machines. On s’en allait vers quelque chose de psychédélique. L’essence de certaines chansons allaient facilement et naturellement vers ça. La sitar et le côté tribal des percussions faisaient du sens avec les compositions de départ.

PAN M 360 : Vous avez également de très jolies morceaux instrumentaux comme Parler aux étoiles ou Apprendre à mourir. Pourquoi avoir choisi d’en faire des morceaux instrumentaux ?

Miles Dupire-Gagnon : Gabriel et moi avons fait ce genre de morceaux dans plusieurs projets qu’on a eu. C’est un peu comme une signature. Ce sont les morceaux qui se rapprochent le plus de l’atmosphère hippie, avec un côté transcendant. Ça nous vient facilement de faire des jams. 

Gabriel Lambert : C’est plus l’influence d’Alice Coltrane ou de la musique bouddhiste.

Cédric Marinelli : Ou de la musique méditative finalement.

PAN M 360 : Est ce que vous pratiquez la méditation ou le yoga ?

Gabriel Lambert : Cédric fait du yoga sur scène (rire). On n’est pas trop yoga ou méditation dans le groupe, c’est plutôt le contraire. Ça a l’air de ça vu de l’extérieur. On n’a pas de limite à ce qu’on veut incorporer. Notre approche est souvent de trouver une affaire qui ne colle pas au reste et d’en créer un filon en faisant des mélanges un peu improbables, tout en gardant quelque chose qui se tient. On n’est pas vraiment des puristes.

PAN M 360 : Comment vous êtes vous réappropriés les clichés hippies dans La guerre et Un royaume nous attendpar exemple ?

Cédric Marinelli La guerre  est un vieux texte que j’avais écrit dans le temps ou j’écoutais beaucoup Antoine. C’est une chanson de break-upUn royaume nous attend est une chanson sur l’anxiété et la dépression, avec la référence à « quelques milligrammes dans ma bouteille ». Les murs ont avalé le soleil, ça ne va pas bien. Donc on s’arrange pour qu’il y ait toujours des pilules dans le pot. « Le méchant monstre a mis du poison dans mon sang » C’est le médecin qui donne des médicaments, on nous promet des merveilles. Dans la réalité, ce n’est pas tout le temps ça.

PAN M 360 : D’où provient l’enregistrement du dernier morceau qui conclue l’album sur une note assez psychédélique ?

Miles  Dupire-Gagnon: La dernière chanson est passée par plusieurs chemins avant de prendre cette forme là. Elle sonne LSD et pas à peu prêt. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant d’avoir des sons, des atmosphères ou quelqu’un qui parle. Je cherchais des témoignages d’hippies qui parlaient de LSD et je suis tombé sur cet enregistrement du documentaire How TGOut OYour Mind. C’est une entrevue de trois gamins des 60’s qui sont vraiment peace and love. C’est un retour dans le temps, cette vidéo a quelque chose de spécial.

Cédric Marinelli : On a décidé de le refaire nous même, donc ma copine Catherine a refait toute l’entrevue. On a ensuite rajouté des effets sur la voix.

PAN M 360 : Dans l’entrevue, elle explique un peu son point de vue sur le LSD et comment en consommer de façon sécuritaire. Quel est votre regard sur son message ?

Miles Dupire-Gagnon : Ils expliquent que ça ouvre des portes d’une manière constructive. Je pense pas mal la même chose qu’elle. Ça ne marche plus quand on tombe dans l’abus. Je le conseillerais à des gens qui sont stables émotionnellement mettons. Durant mon expérience, j’avais le goût d’être en communion avec la nature en parlant aux arbres. Mais ça dépend de tellement de facteurs, ça peut être bon autant que mauvais.

Cédric Marinelli : C’est plus le monde de Miles. Moi par exemple c’est non, c’est du cas par cas.

Gabriel Lambert: Je ne crois pas qu’il y ait de messages qui s’adressent à tout le monde. Je ne crois pas aux solutions en général. Quand il semble y avoir une réponse claire qui inspire des milliers de personnes, je préfère douter. Ceci dit, il y a des recherches de nos jours sur l’aspect bénéfique des drogues psychédéliques.

(crédit photo: Bruno Destombes)

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