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Intitulé Planète Bonheur, ce micro-festival propose une exploration de la guitare électrique dans un contexte de musique contemporaine. Lundi 9 mai, 19h30, Édifice Wilder, un premier programme mettra en vedette le guitariste et compositeur belge François Couvreur, le quatuor teotwawki et le compositeur montréalais Kevin O’Neil. Le mardi 10 mai, également à 19h30, un second programme présentera le quartette de guitares Instruments of Happiness sous la gouverne de Tim Brady. On y interpétera notamment trois œuvres de création.
PAN M 360 : Les Instruments du bonheur seraient donc en train de conquérir une exoplanète ?
TIM BRADY : Nous allons essayer…
Q : Vous célébrez la guitare électrique comme vecteur de musique contemporaine. On observe de plus en plus de musiciens et d’ensembles qui le font. Comment évaluez-vous cet impact dans le milieu de la musique exploratoire ?
TIM BRADY : La guitare électrique est un instrument jeune – elle n’a été officiellement inventée qu’en 1932. Et c’est un instrument typiquement nord-américain, assez différent de la guitare classique européenne, que ce soit au niveau de la technique, du répertoire ou de la culture. Elle continue donc à se développer – elle a commencé dans le jazz, puis le blues, le rock n’ roll, la country, le rock progressif, puis la musique expérimentale, et maintenant les compositeurs de la tradition de la musique notée découvrent les ressources sonores étonnantes qu’elle peut offrir. Avec quelques pédales et un bon ampli, c’est un mini-orchestre.
Cette transformation et cette évolution semblent prouver la chose suivante : en art, rien n’est statique. L’orchestre classique européen (que j’adore) est victime de traditions étroites et d’un répertoire très limité. Il ne peut pas vraiment grandir et s’adapter à l’époque. Ils essaient, mais c’est un peu comme une « cheville carrée dans un trou rond » – l’orchestre s’intéresse surtout au passé, pas à l’avenir… J’espère que la guitare électrique pourra éviter ce problème d’être « coincée dans le temps », que nous cessons d’essayer de trouver de nouvelles idées artistiques. Depuis au moins 90 ans, l’instrument et sa musique n’ont cessé d’évoluer, et la musique de chambre pour guitare électrique n’est qu’un domaine de plus à découvrir avec l’instrument.
PAN M 360 : Quel est le contexte de la mise en place de ce micro-festival ?
TIM BRADY : Il s’agit d’un projet quelque peu informel. Oui, il a fallu plusieurs mois pour le mettre sur pied, mais c’est une combinaison de la nécessité de Covid (quelques concerts annulés plus tôt dans l’année) et d’une rencontre fortuite avec deux jeunes guitaristes internationaux – François Couvreur (Belgique) et Felipe Alarcon (Chili) – qui a permis de le réaliser. C’était un peu spontané et inattendu. Mais pour seulement 2 concerts, en packs dans une gamme étonnante d’idées artistiques et de nouveaux travaux.
Instruments du Bonheur travaille sur plusieurs autres grands projets – un concert à la Salle Bourgie, un autre événement 100 guitares, un opéra in situ – il y aura donc toujours de la nouvelle musique à écouter pour les amateurs de guitare à Montréal. Mais nous ne voulons pas nous attacher à un format de festival chaque année. Montréal a assez de festivals !
Il mettra en vedette le guitariste et compositeur belge François Couvreur, le quatuor teotwawki et le compositeur montréalais Kevin O’Neil. Dans ce premier concert, Couvreur fera un survol de la création européenne pour guitare électrique solo en interprétant des œuvres de Fausto Romitelli, de Michel Fourgon et de Jean-Yves Colman, complétées par une création du compositeur canadien Andrew Noseworthy.
PAN M 360 : Peut-on en savoir davantage sur cette œuvre et de son compositeur/ interprète ?
TIM BRADY :Andrew Noseworthy est originaire d’une petite ville du Labrador et a fini par étudier la musique contemporaine et la guitare à New York et à Londres (ON). Je le connais depuis 10 ans, depuis l’époque où il était étudiant. Il est très drôle et décontracté, mais très sérieux lorsqu’il s’agit de créer de la bonne musique avec une guitare électrique. Ces dernières années, il est devenu le guitariste de chambre le plus demandé à Toronto, un artiste qui va avoir un impact.
PAN M 360 : Quel est l’équipement impliqué?
TIM BRADY: Nous pourrions parler de matériel pendant des heures (en fait, nous le faisons parfois !). Mais notre spectacle fait appel à des configurations très modestes : distorsion overdrive, pédale de volume, harmoniseur, delay, peut-être une pédale d’effet, puis un slide et un e-bow pour élargir la palette sonore. Dans le morceau d’Amy Brandon, nous utilisons des archets de violon, des râpes à fromage et des bols à dessert ! – mais c’est un peu une exception.
PAN M 360 : Comment avez-vous choisi François Couvreur?
TIM BRADY : Le guitariste et compositeur chilien Felipe Alarcon nous a mis en contact, via ZOOM. François avait des idées intéressantes, il a son propre ensemble à Liège (Ensemble Hopper), et il est TRES porté sur la musique de chambre. Il voulait présenter un éventail de musique européenne – ce qui est un excellent équilibre car nous ne faisons presque jamais de musique européenne (rien contre, c’est juste que ça ne s’est pas produit). De plus, il joue en solo pour son set – ce qui est un contraste agréable avec les deux quatuors du reste du festival.
Le quatuor teotwawki présentera ensuite la musique pour guitare solo et quatuor de guitares électriques du montréalais Kevin O’Neil.
PAN M 360 : Présentez-nous Kevin O’Neil:
TIM BRADY : Kevin O’neil est un guitariste compositeur émergent qui a travaillé plusieurs fois avec nous dans le cadre du projet 100 guitares. Il adore la guitare électrique, et veut explorer la musique drone et ambiante. La guitare électrique est PARFAITE pour cela ! Il a donc travaillé avec son nouveau quartet pour créer son propre son. Une idée géniale.
PAN M 360 : Mainteannt, quelles sont les signes distinctifs de votre quatuor de guitares électriques?
TIM BRADY : Nous utilisons l’amplificateur comme partie INHÉRENTE du son, çachange tout. N’importe quel son peut être fort, n’importe quel son peut être doux. Cela nous donne une gamme dynamique et un choix de timbres qui sont vraiment inégalés. Un mini-orchestre. Et notre fil électrique signifie que nous sommes intimement liés à l’électronique. L’électronique n’est pas quelque chose que nous ajoutons plus tard, c’est ce que nous faisons.
Culturellement, nous sommes issus de la tradition auditive – jazz, blues, rock – qui n’a que peu ou pas de rapport avec la musique de chambre ou la tradition classique. L’expression personnelle est essentielle – nous ne voulons pas entendre « une guitare électrique en train d’être jouée » – nous voulons l’entendre jouée par Charlie Christian, BB King, Jimi Hendrix, Eric Clapton, John McLaughlin, ou n’importe lequel de ces jeunes musiciens étonnants sur Youtube.
C’est donc une danse étrange et merveilleuse que d’essayer de prendre cet instrument solo nord-américain hautement idiosyncrasique, issu de l’improvisation, et de le faire passer à travers le « filtre » de la musique de chambre écrite. Cela donne lieu à des résultats tout à fait inattendus et remarquables, que vous pourrez entendre les 9 et 10 mai !
PAN M 360 : Qui sont les interprètes?
TIM BRADY: Dans le programme du 10 mai, le quatuor formé de moi-même, Jonathan Barriault, Simon Duchesne et Francis Brunet-Turcotte interprétera des œuvres de François Couvreur et du compositeur chilien Felipe Alarcon ainsi que cinq autres pièces (œuvres commandées) qui exploreront la diversité de styles et de visions de la création musicale contemporaine pour guitares électriques, en visitant l’électroacoustique, le minimalisme, la musique actuelle, l’improvisation, la musique de chambre et la micro tonalité.
PAN M 360 : Cette configuration de votre quartette de guitares électriques a acquis une belle maturité. Que pensez-vous de ce band aujourd’hui ?
TIM BRADY : IoH existe depuis 8 ans maintenant, donc nous savons comment travailler ensemble. Nous connaissons nos forces et nos faiblesses, et savons comment tirer le meilleur parti de notre temps de répétition. Nous essayons toujours de donner à l’auditeur la performance la plus passionnée et expressive possible – pleine de détails musicaux et de surprises. De plus, nous racontons des blagues stupides, je me plains à nouveau d’être si vieux par rapport aux trois autres, nous rions, parlons de pédales pendant une minute, puis nous nous remettons au travail.
PAN M 360 : Pouvez-vous en dire davantage sur chacune des œuvres au programme?
TIM BRADY : Parmi ces pièces, il y aura celles des trois compositrices canadiennes Corie Rose Soumah (QC/NYC), Ida Toninato (QC) et Amy Brandon (NS) qui explorent avec leurs créations la beauté et la fragilité du son de l’instrument. Il y aura celles de François Couvreur (Belgique) et Felipe Alarcon (Chili) nous plongeant dans une musique de chambre aux timbres transparents et vibrants. Enfin, nous découvrirons celles de Jose Segura (Québec) et Robert Davidson (Australie) proposant des œuvres très idiomatiques et robustes, pleines d’énergie et de rythme.
PAN M 360 : Qu’impliquent ces œuvres pour les interprètes?
TIM BRADY : Il y a beaucoup de travail pour s’assurer que les idées du compositeur soient vraiment bien conçues et mises en place pour l’instrument. Nous devons travailler en étroite collaboration avec les compositeurs, car c’est un instrument un peu particulier – cet ampli, toutes ces pédales ! De plus, les écoles de musique passent encore tout leur temps à enseigner aux compositeurs comment écrire pour le violon et la clarinette… il y a donc généralement une courbe d’apprentissage abrupte, et beaucoup de collaboration. Les quatre guitaristes adoptent une approche très « pratique », au sens propre comme au sens figuré !
Nouvel album pour Instruments of Happiness : Slow, Quiet Music in Search of Electric Happiness
L’événement Planète bonheur sera aussi l’occasion de célébrer la parution d’un nouveau CD pour Instruments of Happiness: Slow, Quiet Music in Search of Electric Happiness (Redshift Records). Ce projet qui regroupe quatre compositeurs canadiens autour du thème de la musique lente et tranquille fût originalement présente en février 2020 à l’Église le Gesù à Montréal. Le CD inclut des œuvres de Louise Campbell, Rose Bolton, Andrew Noseworthy et Andrew Staniland.
PAN M 360 : Rappelez-nous l’événement de février 2020, qui constitue la matière de cet album.
TIM BRADY : Le CD est la musique de notre dernier grand concert pré-Covid – 15 février 20120. C’était un événement en son “surround” à l’Église du Gesù. Le public était entouré par les 4 guitares, et nous avons joué une musique lente et calme conçue pour le temps de réverbération de 7 secondes de l’église. C’était assez magique.
PAN M 360 : Parlez-nous de chaque œuvre au programme et de leurs créateurs.trices.
TIM BRADY : Chaque compositeur a un parcours différent dans la musique : Louise Campbell est clarinettiste et enseignante de la musique, Rose Bolton joue de la musique de violon irlandaise et fait de l’électronique et des musiques de film. Andrew Noseworthy est un guitariste émergent de Labrador/Toronto et Andrew Stanliand est un ancien guitariste de jazz devenu professeur de composition. Chaque morceau de l’album a une « vibe » différente mais ils nous aident tous à constituer ce projet de « musique lente et calme à la recherche du bonheur électrique ».
PAN M 360 : Comment voyez-vous les qualités studio de ces œuvres?
TIM BRADY : Je travaille avec le même ingénieur du son depuis 33 ans – nous avons essayé tous les micros dans toutes les positions. Nous avons maintenant une bonne idée de la façon d’obtenir un son riche, détaillé et expressif de la guitare électrique solo et du quartette. J’ai toujours été intéressé par le son enregistré – il semble être une extension très naturelle de la guitare électrique. Si l’on prend la peine d’enregistrer un son, autant le faire bien.
PAN M 360 : Dans ce contexte, donc, les Instruments du bonheur cherchent la quiétude et une certaine lenteur… Et quoi de plus?
TIM BRADY: De quoi d’autre avez-vous besoin ?
POUR ASSISTER AU 1ER PROGRAMME DE PLANÈTE BONHEUR (LUNDI), C’EST ICI
POUR ASSISTER AU SECOND PROGRAMME DE PLANÈTE BONHEUR (MARDI), C’EST ICI