Chaleurs de février… pour quatre saxophones

Entrevue réalisée par Alain Brunet

Dans ses jeunes années, le directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec était saxophoniste… et composait pour saxophones. Quatre décennies plus tard, une œuvre imaginée pour quatre interprètes ressurgit contre toute attente.

Genres et styles : musique contemporaine

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Directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) depuis 1988, Walter Boudreau est aussi saxophoniste. Il fut d’abord saxophoniste de jazz et fut le compositeur et leader de l’Infonie. De 1982 à 1990, Boudreau mena les destinée d’un quatuor de saxophones né de la cuisse de l’Infonie, aux côtés de Simon Stone, Dave Clark et feu René Masino. Quatre décennies plus tard, une œuvre composée par Boudreau pour ce quatuor a été débusquée dans les archives… et revit par l’interprétation du quatuor de saxophones Quasar.

PAN M 360 : Pourrait-on en faire la genèse de Chaleurs, l’oeuvre au programme de MNM 2021?

WALTER BOUDREAU :  Cette pièce qui sera jouée par Quasar avait été composée en 1985, soit  à l’époque pour mon Quatuor de saxophones de Montréal. Chaleurs était liée à une chorégraphie de Paul-André Fortier. À l’origine, cette production devait avoir deux volets, le volet A était le quatuor de saxophones live, et le volet B était prévu l’année suivante avec une musique électroacoustique que j’aurais composée. Or le volet B ne s’est pas produit parce que Paul-André avait fermé sa compagnie et décidé de mener d,autres projets. Alors nous jouons la partie A, composée en 1985 pour le quatuor de saxophones. 

PAN M 360 : L’oeuvre est-elle exactement la même que celle composée au milieu des années 80? 

WALTER BOUDREAU : Non. En 1987, j’ai révisé la partition pour en faire une œuvre de concert. L’œuvre originelle ayant été composée pour la danse, la version concert ne devait plus tenir compte d’une chorégraphie. Un peu comme L’oiseau de feu de Stravinsky qui fut composée pour un ballet et dont la  version concert (sans chorégraphie) était plus succincte. Alors j’ai fait une version qui est une œuvre de bravoure. Je ne pense pas avoir écrit quelque chose d’aussi exigeant pour ces interprètes dont moi j’étais – avec Simon Stone, David Clark et René Masino. Cette œuvre est d’une exigence totale. 

PAN M 360 : Par la suite, on n’a plus entendu parler de Chaleurs. Comment a-t-elle été déterrée?

WALTER BOUDREAU : J’ai eu un téléphone d’Alexandra, qui gère mon fonds d’archives à l’université Concordia, m’informant qu’on venait de trouver une œuvre monumentale intitulée Chaleurs. J’avais complètement oublié ça. Vous savez,  je composais entre tournées, projets, la SMCQ, des concerts avec les orchestres… j’en ai perdu des bouttes! Lorsque j’ai vu cette partition de 1987, je suis tombé en bas de ma chaise. J’ai révisé la partition, j’en ai fait une nouvelle version de 50 minutes.

PAN M 360 : Comment la connexion s’est-elle faite avec les nouveaux interprètes de Chaleurs?

WALTER BOUDREAU : Les musiciens de Quasar me court après depuis longtemps pour jouer une œuvre de ma signature pour saxophones. Lorsqu’ils ont su l’existence de Chaleurs, ils ont sauté là-dessus comme des hyènes sur une biche! (rires) Ce faisant, j’ai rappelé Paul-André Fortier, lui proposant de faire une chorégraphie sur cette œuvre concert dont la première version  avait été conçue pour sa chorégraphie. Le temps a passé, j’ai transformé cette musique alors pourquoi ne proposerait-il pas une nouvelle chorégraphie sur cette autre version? Il a accepté le défi, on va avoir une drôle d’affaire… le serpent se bouffe la queue!  Ça va donc être une chorégraphie solo, très zen. Paul-André a mon âge, 73 ans, il ne peut quand même pas se « pitcher sur les murs façon La La La Human Steps.  

PAN M 360 : Y aura-t-il de nouvelles altérations à la version concert de 1987?

WALTER BOUDREAU : L’œuvre  sera intacte sauf deux ou trois petites affaires changées avec Quasar; étirer un accord à tel endroit, changer un point d’orgue à un autre, rien de majeur.  Entre l’interprétation de l’époque et celle d’aujourd’hui? Je ne sais pas… le son de mon quartette de l’époque est loin dans ma tête.  Je sais qu’on ne jouait pas comme les vieux quatuors de saxophone français avec du vibrato. Je sais néanmoins que Marie-Chantal Leclair, son frère Mathieu, son chum Jean-Marc Bouchard et André Leroux sont tous de très doués saxophonistes. Et ils furent tous des élèves de feu René Masino.  Au niveau stylistique, on nage dans les mêmes eaux et ils sont parfaitement aptes à jouer cette œuvre exigeante pour les interprètes. Ce sont des exigences que j’avais vis-à-vis moi-même comme interprète et aussi vis-à-vis de mes trois chums à l’époque. Ils partageaient mon haut degré de perception. Chaleurs est sculptée au 333 millième de tour… ça se peut pas ce que je leur demande!

* NDLR : Pour des circonstances hors du contrôle de la SMCQ, le chorégraphe et danseur Paul-André Fortier ne pourra pas participer à la représentation webdiffusée ce vendredi 26 février.

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