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Boogieman et Samito ont l’honneur de clôturer l’édition hybride de MUTEK, juste avant la prestation finale de Poirier. Un plateau qui va faire monter la température. Rester assis.e tiendra du défi pour les spectateurs.trices en salle, nargué.e.s par les basses vrombissantes du titre phare du duo, Wasa Bibi, et par l’énergie solaire des deux compères, accompagnés au vjing par Danica Olders.
Amis depuis longtemps, Boogieman et Samito n’avaient pas prévu de travailler ensemble, les choses se sont faites naturellement. Aux compositions analogues gonflées à bloc du premier viennent s’apposer les textes du second, chantés en portugais, la langue officielle de son pays d’origine, le Mozambique. Un mélange unique, expliqué en détail lors d’une rencontre en vidéoconférence (une première pour tous les trois).
PAN M 360 : « Kussom » c’est l’appellation que vous donnez au genre musical que vous avez créé, est-ce que vous pouvez m’en dire plus sur sa signification ?
Samito: Quand nous avons commencé à travailler sur la deuxième chanson avec James, je me suis rendu compte que certains des rythmes qu’il avait créés me faisaient penser à la batida, qui est un son provenant de l’Angola. Il s’est alors rapproché du kuduro, et la première syllabe était donc le ku, puis j’ai mis som après, ce qui donne ku som, signifiant ainsi le « son du ku ».
Boogieman: Lui donner un nom nous offre la possibilité d’avoir une idée de ce que nous faisons, c’est-à-dire de créer un nouveau son. Explorer quelque chose de nouveau dans un monde comme la musique, où l’on réfléchit tellement à l’aspect analytique de la musique, où on se situe, à ce que c’est, à la combinaison des genres… J’ai trouvé cela plus difficile à classer, surtout quand nous travaillons ensemble, donc en nous classant nous-mêmes, nous pouvons en quelque sorte devancer un peu cette conversation.
PAN M 360 : On retrouve aussi dans votre clip de Wasa Bibi des éléments culturels japonais, y-a-t-il d’autres influences importantes qui nourrissent le projet ?
Samito: Le terreau de tous les sons est Montréal. Quand nous avons travaillé sur cette vidéo, en fait nous ne l’avons pas fait, mais c’était un jeune de 17 ans qui a maintenant 18 ans, nous voulions lui ouvrir la plateforme pour qu’il puisse créer et explorer différentes directions tout comme nous le faisons. Sa génération, comparée à la mienne, est plus portée sur les anime japonais, et il voulait aller vers ça. Je pense que nous vivons dans une ville où nous pouvons expérimenter beaucoup de choses et où il y a beaucoup d’influences florissantes.
PAN M 360 : Vous n’êtes pas simplement collaborateurs mais des amis proches, comment travaillez-vous ensemble ?
Boogieman et Samito: Il n’y a vraiment pas de processus. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Quand nous sommes au studio et que nous commençons à jouer quelque chose, si nous trouvons ça intéressant, nous nous y mettons, et soudain, ça commence à prendre vie. C’est plutôt un processus de jam. Wasa Bibi, c’était vraiment une blague au départ, comme de chanter le nom d’artiste de Danica Olders, « Wasa Bibi, Wasa Bibi »… et c’est resté jusqu’au résultat final, nous n’avons pas vraiment pu remplacer ça. On ne peut pas simuler ce genre de sensation ou la recréer, c’est spontané et authentique.
PAN M 360 : Samito tu es un musicien formé en école de musique, Boogieman ton apprentissage vient de l’extérieur des institutions, comment avez-vous fait pour combiner vos approches ?
Samito : Je pense que pour moi, c’était très facile parce que si vous regardez les choses que je faisais avant, j’ai toujours été plus intéressé par l’exploration de certaines possibilités de sons, ou par l’obtention d’un rythme différent, qui est complètement opposé au morceau que je suis en train de créer, juste pour voir ce qui en ressort. Je pense que la première fois que Benjamin m’a appelé, il m’a dit : « J’ai ce synthé modulaire, je veux que tu viennes le voir », et je suis allé chez lui, je me suis dit qu’il y a tellement de choses qui peuvent arriver si on ouvre son esprit et qu’on se laisse aller. Et c’est ce que nous avons fait.
PAN M 360 : Votre signature visuelle est aussi colorée que votre musique, elle est le résultat d’une collaboration avec Danica Olders, dites-nous en plus.
Boogieman: Toute l’esthétique visuelle de Boogieman est profondément ancrée dans la collaboration avec Danica; sa vision, son esthétique qui est souvent d’aller à contre-courant. Je pense que le son du projet est si ouvert qu’il laisse en fait de la place à quelqu’un qui peut l’amener encore plus loin. C’est vraiment une artiste multidisciplinaire.
PAN M 360 : Comment cette dimension visuelle va-t-elle s’exprimer lors de votre spectacle ?
Boogieman : Nous avons l’intention d’emmener les gens faire un petit voyage ! Comme le fait que vous ne verrez peut-être rien par moments… Sans vouloir en donner trop, mais ce sera tout aussi percutant que toutes ces choses que vous pourrez voir. Je pense que c’est cool parce que cela laisse de la place pour que le son soit ressenti, et puis parfois le son peut être très minimal et les visuels peuvent prendre le dessus.
PAN M 360 : Vous jouez de la musique de danse, de la musique pour le corps, que pensez-vous d’avoir à jouer devant un public assis ?
Samito : Je ne sais pas, ce que je me dis, c’est que quoi qu’il arrive, c’est un défi dans une nouvelle façon de faire de la musique. Je ne sais pas si sauter et danser aura un sens pour moi, je ne sais pas comment les gens vont réagir. C’est presque comme si nous devions réapprendre à donner un spectacle et aussi apprendre comment les gens vont s’adapter. Ça peut être passionnant !