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BAAB, c’est la rencontre de Mariève Harel-Michon (Bayta) et Charles-David Dubé (Le Havre). La première, formée en composition et interprétation jazz au cégep de Saint-Laurent étudie à présent en philosophie à l’Université de Montréal. Le second, saxophoniste de formation passé par la communication est aujourd’hui producteur. Complices au studio comme à la ville, ils se complètent parfaitement : Mariève écrit des textes à saveur poétique et chante sur les compositions de Charles-David, guitariste, bassiste et touche-à-tout. Présentation officielle d’un groupe à l’avenir prometteur.
PAN M 360 : Bayta, comment décrirais-tu l’influence de tes études en philosophie sur ton processus d’écriture ?
Bayta : Ça nourrit directement. En ce moment j’ai pris une pause de philo car le release c’était beaucoup de travail et la différence est automatique. Je n’écris plus, j’ai plus grand-chose à dire, c’est vraiment fou à quel point les deux sont liés. J’aime vraiment ça mettre en poésie approximative des concepts que j’apprends. En historiographie de la musique par exemple la définition d’un monument comme un lieu de mémoire j’ai trouvé ça tellement poétique. Même chose avec la philosophie, le rapport pensée-langage ça m’a tellement inspiré, c’est comme si je roule encore sur cette inspiration-là. En ce moment quand je suis juste dans mon quotidien de jouer de la musique je suis vraiment heureuse mais y’a comme une flammèche au niveau des textes qui s’allume plus difficilement.
PAN M 360 Votre esthétique visuelle est très léchée. Le Havre tu réalises les clips, quelle est ta démarche pour mettre en image les textes de Bayta ?
Le Havre : Le tout se fait pas mal instinctivement. Devant la caméra il y a comme une magie qui se passe et c’est à moi de saisir cette magie. On est rentré là-dedans un peu comme on a fait l’album, les yeux fermés en courant. J’ai acheté une caméra, on est sortis dehors, souvent sans avoir de concept, sans savoir du tout ce qu’on allait tourner, juste en étant inspiré par la performance de Marie. Elle est très expressive dans ses performances, puis comme ses textes sont droits au but, on voulait des clips dont on comprend l’idée sans être trop dans la métaphore. Je suis toujours vraiment content quand les gens perçoivent des liens intrinsèques dans les paroles et le visuel.
PAN M 360 : Il semblerait que vous êtes beaucoup dans la spontanéité, quel est votre rapport au hasard, à l’improvisation ?
Le Havre : C’est une partie intégrante de mon travail. Le producing m’a attiré car y’a tellement de place à l’erreur plaisante. On dirait que tu laisses le matériel, le médium te dicter le pas, quand tu fais du sample, du mix, il y a toujours des accidents qui arrivent. On essaye de garder ça le plus possible dans notre musique. Dans le visuel y’a totalement ça qui se passe aussi. On tourne des heures de matériel et ce qui finit dans le clip c’est 4 minutes de beaux accidents l’un à la suite de l’autre.
Bayta : Ça ressemble un peu à mon rapport à la création aussi. Je m’attache beaucoup au moment où tu crées quelque chose. En jazz j’ai vraiment pu explorer ça. Quand je suis arrivée en musique, art et société j’ai fait un travail sur Schumann. Lui parlait de son rapport à l’inspiration, c’était tellement trippant. Il rapportait ça à Dieu, moi non, mais comme c’est quelque chose de divin, c’est hors de toi. Ce que j’aime avec BAAB c’est qu’on peut provoquer ces moments-là parce qu’on est à deux. On fait confiance au premier jet.
Le Havre : Quand tu fais de la pré production pendant trois mois, que tu as entendu ton idée 7000 fois y’a comme quelque chose qui se perd dans le pur plaisir de faire de la musique et d’être surpris soi-même par ce qui sort. Quand on enregistre la voix c’est la première fois que ces mots-là sont chantés devant un micro, la première fois que moi je l’entends aussi. On la savoure vraiment. On voulait sortir la musique le plus vite qu’on pouvait, pour que les gens puissent l’entendre avec cette même excitation qu’on avait en même temps que nous on la vivait ce qui est pratiquement impossible.
PAN M 360 : De quelle façon l’idée du live a-t-elle influencée votre travail en studio ?
Le Havre : J’éprouve un grand plaisir à remanier les pièces par la suite pour essayer de retrouver un feeling d’excitation, c’est important que le live soit différent du studio. En studio on est juste nous deux. Percussions, beats c’est électro et là en live, de jouer avec un vrai drummer ça apporte une dimension intéressante. On a David Marchand qui est à la basse et qui apporte totalement sa couleur. Juste d’avoir des collaborateurs et des musiciens avec nous ça change, ça teinte totalement l’expérience live. Ca fait son chemin encore une fois instinctivement.
Bayta : La voix, textes et les mélodies sont souvent improvisées sur le moment. L’enregistrement c’est vraiment closed mic, j’ai la bouche sur le micro et je ne chante vraiment pas très fort. En live il faut que je change carrément ma façon de chanter pour que je puisse passer dans la balance. Juste par la voix c’est manifeste que Rédaction Tranquilles est compartimenté pour le studio. Et tout réarranger pour live nous donne un moment d’excitation.
Le Havre : Tous les éléments changent naturellement dès qu’on se met à les monter live. Les tounes sont tellement denses et chargées qu’en live on ne peut pas tout faire non plus donc ça donne une version BAAB épurée.