Ausgang Plaza: du Mouvement côté beatmaking et street dance

Entrevue réalisée par Jade Baril
Genres et styles : électro / électro-pop

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Quelque temps après avoir sorti les capsules de sa série Mouvement, l’organisme sans but lucratif Ausgang Plaza lance les 8 chansons originales du projet sur la plateforme Bandcamp, gratuitement à compter du vendredi 23 juillet.

Mouvement est une série de capsules webdiffusées qui regroupent des artistes renommés et des talents émergents provenant du milieu du street dance et du beatmaking.

Elle met en valeur des talents d’ici issus appréciés dans divers réseaux internationaux, mais (encore) trop souvent méconnus au Québec. Pour chaque capsule, un.e beatmaker est jumelé avec un.e danseur.euse et y explore un style de danse différent : breakdance, krump, popping, vogue, house, afro-beat, jookin et danse contemporaine.

Malick Touré, l’instigateur du projet, en discute avec Pan M 360.

PAN M 360 : Comment ce projet est-il né? D’où vous vient l’idée?

Malick Touré : Ça fait quelques années que ce projet me trotte dans la tête. J’aimais bien ce que produisait COLORS. Ce sont des capsules musicales d’artistes qui viennent d’un peu partout, ayant des styles différents. J’aimais le concept de découvrir des artistes qu’on ne connaît pas nécessairement, mais qui sont de qualité en ne produisant pas tous le même style. Ça m’a fait réfléchir; je voulais faire un projet différent de COLORS et qui met de l’avant les talents montréalais. Ce qui est plaisant à voir en ligne c’est bien des danseurs. Donc, j’ai voulu réaliser un projet d’agencement entre danseurs et beatmakers. J’ai approché Alexandra ‘Spicey’ Landé et Pax, qui a justement participé au projet, qui sont deux danseuses renommées à Montréal. Elles étaient aussi déjà intéressées et avaient déjà pensé à un concept similaire de leur côté. Tout était là pour que le projet se concrétise, mais le temps a passé et on était tous pris dans nos projets chacun de notre bord. Puis, la pandémie est arrivée et tout a changé. On n’avait pas le choix de voir ça comme une opportunité afin de faire des demandes de subventions et tenter de monter le projet.

PAN M 360 : Quel type de public souhaitez-vous rejoindre?

Malick Touré : On essaie de viser tout le monde, c’est sûr. Le but est vraiment de faire découvrir des danseurs montréalais et des talents qu’on a. Après, est-ce que tout le monde va être intéressé par le projet? Je laisse les gens en juger, mais idéalement, notre but c’est de diffuser de la culture, donc on souhaite que le plus de personnes l’apprécient.

PAN M 360 : Pourquoi avoir séparé la mise en ligne des capsules et la parution des chansons sur Bandcamp?

Malick Touré : Pour nous, c’était un bonus. Au début, ce n’était pas dans le plan, mais les chansons sont des originales qui ont spécialement été conçues pour les capsules. On trouvait ça dommage de ne pas pouvoir les rendre disponibles. De plus, avec la mise en ligne des musiques, les gens pourraient faire des challenges Tik Tok. En voyant les capsules, ça va donner le goût de faire des challenges. C’était vraiment un projet cobaye.

PAN M 360 : Est-ce vous qui avez choisi les combinaisons danseur-beatmaker? Comment ça s’est décidé?

Malick Touré : Oui, j’ai eu de l’aide de mon comité consultatif qui est Alexandra Spicey Landé et Handy Yacinthe, fondateur du festival de danse Jack of All Trades. Ils m’ont surtout donné des noms de danseurs. Pour l’agencement avec les beatmakers, mon comité et moi avons travaillé là-dessus.

En fait, on voulait représenter des styles de danse en particulier ou même certains danseurs pour leur personnalité et leur présence. Il fallait donc des artistes qui seraient compatibles avec leur style. On a fait de la recherche et on a demandé autour de nous, les artistes qui sont proches de l’Ausgang, et ensuite cela s’est fait au feeling.

Lorsque j’agençais les beatmakers avec les danseurs, plusieurs étaient déjà en contact. Donc, ils prenaient les conseils et les demandes des danseurs pour modifier certaines parties qui iraient mieux avec ce qu’ils voulaient faire comme prestation. Il y a vraiment eu un échange entre les danseurs et beatmakers.

PAN M 360 : Donc ce sont surtout les danseurs qui dirigeaient les beatmakers?

Malick Touré : Ça dépend, chaque capsule est différente. Pour certains, ils avaient déjà une chanson un peu montée et d’autres où il fallait modifier certaines parties puisque les capsules devaient durer une minute et demie. Alors, si un artiste avait une chanson de 4 minutes, il fallait la modifier pour qu’elle rentre dans les temps. C’est pourquoi que sur Bandcamp, certaines chansons originales sont plus longues. Cependant, d’autres artistes comme Lunice et Ouri se sont basés sur le sentiment des artistes. Pour eux, c’était monté de A à Z à partir du danseur.

PAN M 360 : Combien de temps vous a-t-il fallu pour produire les 8 capsules?

Malick Touré : Il y a eu beaucoup de ralentissements. Déjà, pour les disponibilités, on avait une contrainte budgétaire assez énorme et beaucoup d’artistes sont impliqués, donc les disponibilités n’étaient pas faciles à gérer. Ensuite, il y avait les contraintes sanitaires partout. Pour certains artistes, ils n’étaient pas disponibles parce qu’ils étaient aux États-Unis. On avait aussi des contacts très limités. C’est certain que ce n’était pas la facilité, mais on a réussi!

PAN M 360 : Est-ce le résultat dont vous vous attendiez?

Malick Touré : Ça dépasse ce qu’on aurait pu imaginer. Jonathan Brisebois et Nicolas Lesage ont vraiment mené notre projet à un autre niveau. En fait, il y avait juste des professionnels qui travaillaient sur le projet et ça fait du bien de voir ça. On ne s’attendait pas à un produit final de qualité comme celui qu’on a atteint.

On aimerait vraiment recommencer l’expérience et l’on a d’ailleurs appliqué à une autre subvention afin d’en refaire, mais nous sommes en attente de réponse. Si on peut en refaire, c’est certain qu’on va continuer en produire.

Grâce à son talent, Lunice a collaboré avec de nombreux artistes de renoms comme Diplo, Azealia Banks, Madonna, Kanye West, Nicki Minaj, Lil Wayne, Theophilus London, Denzel Curry et The Alchemist. Il expérimente surtout avec des sons électros au synthétiseur, sons croisés sur de lourdes lignes de basse et de percussions se rapprochant de l’esprit du rap. PAM M 360 a aussi eu l’occasionde discuter avec lui de cette expérience.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a fait dire oui au projet Mouvement?

Lunice : Premièrement, c’était le groupe Ausgang parce que j’aime vraiment tout ce qu’ils font. Ils ont des projets d’expérimentations pour les artistes et je suis un artiste qui aime explorer plusieurs manières de m’exprimer dans mon art. À la base, la musique n’était pas mon premier choix; j’étudiais en cinéma, photographie et graphisme et la musique c’était quelque chose que je faisais à part, comme passe-temps. Quand je me suis consacré à la musique à temps complet, j’avais un bagage avec mes études dans d’autres domaines pour produire ma musique. Au moment où je rencontre d’autres créatifs, comme le groupe Ausgang, je m’identifie beaucoup à ce qu’ils font. Notre aspect en commun le plus fort est la curiosité pour mieux créer. Lorsqu’ils m’ont approché pour le projet et que j’ai vu qu’ils travaillaient avec Adam Hummell, je n’aurais pas pu passer à côté de cette opportunité.

Ce n’est pas seulement des artistes qui produisent de la musique qui m’influencent. C’est plus souvent des gens qui ne font pas de musique qui m’inspirent. Ce qu’Adam fait est incroyable, mais le créatif qu’il est dépasse même tout ce qu’il réalise. J’ai déjà travaillé avec Ausgang auparavant pour un événement d’Halloween. Ce n’était pas seulement une soirée club, mais une soirée avec des installations de toutes sortes et de performances. Depuis ce temps, on est resté en contact. C’est vraiment un des plus gros projets que nous avons produits ensemble jusqu’à ce jour.

PAN M 360 : Ta chanson Best Believe est une chanson originale pour le projet. Quelles sont tes inspirations pour cette chanson en particulier?

Lunice : Lors d’une réunion avec le groupe Ausgang, Malick avait mentionné qu’il souhaitait que la chanson soit inspirée de Memphis Tapes, qui est de la musique rap old school. C’est une drôle de coïncidence puisque c’était la musique que j’écoutais au secondaire. Ça m’a permis d’expérimenter dans ce style et de l’interpréter à ma façon.

PAN M 360 : Tu as fait paraître la chanson Get Right plus tôt cette année, mais elle est très différente de Best Believe, qui elle, contient beaucoup plus de lourdes basses. Est-ce un défi pour toi d’essayer de nouvelles choses dans un court laps de temps?

Lunice : Je dirais oui et non. Avec le temps et de la pratique, ça ne devient pas plus facile, mais plus naturel. Je me suis demandé, dès que j’ai commencé dans le milieu de la musique, si je voulais n’avoir qu’un style ou plutôt plein d’avenues. Jusqu’à ce jour, je n’en reviens pas d’où je suis rendu dans ma carrière présentement. Je n’ai pas l’impression que la musique est la chose que je fais de mieux, mais c’est ce qui intrigue davantage le public.

PAN M 360 : Quelles sont tes impressions du résultat de la capsule avec la danseuse Pax?

Lunice : Je suis déjà un adepte de ce que font Pax et Adam. Peu importe ce qu’ils me diraient de faire, je le ferais sans hésitation. C’est le type d’artiste que j’admire puisqu’ils vont plus loin que leur domaine d’expertise. Pax va plus loin que la danse. C’est la même chose pour Adam et ses effets visuels. Quand j’ai vu le résultat de tout ce qu’on avait fait, j’étais bouche bée. J’espère que plus de gens vont voir la vidéo parce que ce que les deux font représente le futur de l’art. Je serai à tout jamais leur plus grand admirateur. Le résultat est tout simplement exceptionnel.

PAN M 360 : Est-ce un défi de créer une chanson pour quelqu’un d’autre que pour soi-même?

Lunice : C’est toujours difficile de créer une chanson pour quelqu’un. Ce n’est pas de faire de la musique qui est difficile, c’est de comprendre la vision de l’autre et d’où cette personne vient. Il faut avoir un certain niveau d’empathie. C’est ce qui fait un bon projet lorsque tu travailles pour d’autres personnes. Je mets mon égo de côté et je suis à l’écoute de l’autre à 100%.

Produire une chanson pour Pax a été si facile puisque ce n’est pas la première fois qu’on collabore et on fonctionne les deux par instinct. Elle m’a mentionné le style de danse qu’elle voulait faire et je savais la direction que je devais prendre. Par la suite, je lui ai présenté la première version de ce que j’avais fait, et il y avait que deux petites sections à retravailler. C’est vraiment un plaisir de travailler avec elle et notre chimie se voit dans la qualité de la capsule.

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