L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.
Pour une deuxième journée consécutive à la Virée classique de l’OSM, on a joé Asturias, du compositeur espagnol Isaac Albeniz, une œuvre pour piano cette fois transcrite pour la guitare classique et que jouent la plupart de ses praticiens. C’est ainsi que Miloš Karadaglić a commencé son récital d’une heure, question de remonter aux sources de sa motivation à devenir ce qu’il est. Il nous confiera avoir entendu Asturias dès l’enfance, sur un enregistrement public d’Andrés Segovia, virtuose espagnol de la guitare classique au siècle précédent. « Cela a vraiment changé ma vie », a-t-il confié ce dimanche 18 août dans la Cinquième salle de la Place des Arts.
Le virtuose du Montenegro, peut-être le plus prisé guitariste classique sur le circuit symphonique ces dernières années, est un être charmant. Un vrai gentil. Sa beauté physique, sa capacité de communiquer et sa grande courtoisie sont certes des atouts majeurs qui militent en sa faveur pour ainsi le maintenir dans le peloton de tête.
Cela ne fait pas de lui le meilleur guitariste classique sur Terre, mais le mec est excellent malgré quelques petits défauts ça et là. Il est extrêmement difficile de maintenir une intelligibilité parfaite côté sonorité des cordes, certaines notes étouffées ne devraient peut-être pas toujours l’être mais bon, il faut écouter très attentivement pour le réaliser, ce qui est tout même un léger détail qui n’affecte en rien la perception d’ensemble.
Il a enchaîné avec une autre pièce écrite originellement pour le clavier durant la période baroque, soit Les heures et les arts de Jean-Philippe Rameau, suivi de la Passacaille de Sylvius Leopold Weiss, célébrissime luthiste allemand du baroque ayant vécu à la même époque de JS Bach et qui avait sans doute influencé le génie que tout le monde caonnaît. La guitare classique n’existait pas alors, des transcriptions étaient forcément de mise et s’adaptent parfaitement au répertoire d’aujourd’hui. L’intérêt de Miloš pour la musique baroque est en hausse, il s’y consacre particulièrement par les temps qui courent, les résultats sont là avec ces magnifiques transcriptions offertes au public.
Le guitariste enchaînera avec la synthèse réussie des Préludes, 1, 3 et 5 du grand compositeur brésilien Heitor Villa Lobos, dont les œuvres pour la guitare sont incontournables dans le répertoire moderne.
Après avoir joué un arrangement de Yesterday (Paul McCartney) par Tōru Takemitsu, évidemment très prisé par le public, Miloš conclura son programme officiel par l’exécution d’Amor Fati, une commande faite au compositeur et guitariste français Mathias Duplessy. L’œuvre est contemporaine mais mélodiquement et harmoniquement consonante sauf de très courts passages, elle sied parfaitement à la guitare et à son interprète qui reviendra sur scène pour un rappel avec l’interprétation de Lacrima, une œuvre du maître guitariste espagnol Francisco Tárrega ayant surtout sévi au 19e siècle, œuvre composée à l’occasion d’un séjour déprimant à Londres où il pleuvaient des corde. Cet état dépressif était similaire à celui de notre interprète alors qu’il venait de débarquer dans la capitale britannique, alors âgé de 17 ans. Il en a aujourd’hui 41, aucun cafard à l’horizon!