La Place des Festivals était somme toute calme et tranquille hier soir pour le spectacle Passeurs de l’ensemble Forestare (en format réduit), accompagné de Pierre-Alexandre Maranda à la contrebasse et de Jacques Newashish et Andrée Levesque Sioui aux chants et contes. Tranquille, oui, mais d’une bonne manière, c’est-à-dire celle d’un public attentif et respectueux du message véhiculé, et de l’ambiance sereine qui se dégageait de la musique exécutée. Les quatre guitares sur place (Alexandre Éthier, Olivier Labossière , Simon Auger, Francis Brunet-Turcotte) ont soutenu, accompagné et commenté les interventions narratives et parfois chantées des deux artistes autochtones, l’Atikamekw Newashish et la Wendat Lévesque Sioui. Le concept de Passeurs, le titre de cette création, est un hommage aux transmetteurs de savoir, de sagesse et de valeurs. Kondiaronk, celui qui a laissé son nom au belvédère sur le Mont-Royal et artisan de la Grande Paix de Montréal de 1701 entre 39 Nations et les nouveaux colons européens, a été remercié et hommagé. Puis, les deux artistes autochtones québécois ont offert des impressions de sagesse, inspirée des valeurs de respect de la Nature et du Monde qui nous entoure, à travers des commentaires, des poèmes, des chants (celui au ‘’frère loup’’ de Newashish était particulièrement touchant, ainsi que la dernière intervention d’Andrée Lévesque Sioui. Cette dernière a une voix superbe, porteuse, limpide et très juste). Je tiens à souligner l’intégrité artistique du Festival Présence autochtone qui ose offrir ce genre de création contemporaine, accessible mais plus exigeante en attention que la moyenne des gros shows donnés par les autres festivals sur la même place. Pour ma part, j’apprécie les premiers, mais les deuxièmes font beaucoup de bien et donnent l’occasion au public de profiter de cet espace d’une manière beaucoup plus apaisée. Cela dit, j’aimerais pouvoir entendre cette musique, souvent ambiante et atmosphérique, dans un contexte acoustique plus intime, et surtout sans super amplification, qui sature les sons acoustiques délicats offerts par les guitares, la contrebasse et les voix. Je pense qu’on apprécierait alors de façon plus authentique les liens symboliques entre la partition et les valeurs naturalistes et humanistes qui y sont véhiculées. N’empêche, c’était un très beau concert.

autochtone / musique contemporaine