La création mondiale du Chant de la baleine, un projet australo-canadien mettant en scène l’ensemble Oktoecho, de Montréal, et des artistes autochtones d’Australie et de Nouvelle-Zélande, avait lieu hier soir sur la Place des Festivals. Dans l’entrevue accordée à mon collègue Alain Brunet, la co-compositrice de l’œuvre, l’Australienne Corrina Bonshek révèle ne pas avoir écrit de notes pour les musiciens et musiciennes solistes et avoir plutôt proposé des paysages à habiter. C’est exactement l’effet que la musique de près de 90 minutes a offert aux spectateurs : un vaste panorama à l’atmosphère généralement contemplative et spirituelle. Au gré des instruments et des voix traditionnelles (chants de gorge inuits, didgeridoo australien, kemancheh persan, flûte traditionnelle et conque océane aborigène, etc.) lentements déployés, le paysage s’épanouit en successions de passages calmes (majoritaires) et animés (occasionnels). Le duo de chanteuses inuites nous a renseigné, avec exemple à l’appui, sur le caractère ludique et compétitif du chant de gorge, un moment très sympathique.
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Comme mentionnés, les rares moments accélérés ont donné un peu de pep au spectacle, dont la valeur artistique et esthétique me semble plus agréable à expérimenter en salle qu’à l’extérieur, à moins d’une mise en espace visuelle plus holistique. Quelques longueurs ont parsemé le déroulement. C’est une première, il reste donc du temps pour affiner des détails et accélérer le pacing entre les pièces, qui semblait parfois indécis.
Je noterai aussi que la structure narrative de l’ensemble du concert pourra échapper à plusieurs, car le lien avec les baleines devient parfois indicible. Cela dit, l’œuvre est aussi une grande fresque teintée de symbolisme, et non un théâtre musical qui raconte une histoire précise.
Malgré ces bémols bien intentionnés, je reste imprégné des ambiances prenantes et envoûtantes créées par les co-compositrices Katia Makdissi-Warren et Corrina Bonshek, ainsi que tous les artistes sur scène, dans ce crossover étoffé habité des meilleures intuitions spiritualo-environnementalistes.
Une deuxième perfo a lieu ce soir sur la Place des festivals




Co-dirigé et composé par Corrina Bonshek (Australie) et Katia Makdissi-Warren (Canada), en étroite collaboration avec des artistes de renom :
- Whaia Sonic Weaver – chanteuse maorie
- Oncle Bunna Lawrie – chanteur, conteur et activiste aborigène
- Nina Segalowitz & Lydia Etok – chanteuses de gorge inuites et codirectrices artistiques d’Oktoecho
- Et les musiciens : Greta Kelly, Étienne Lafrance, Bertil Schulrabe, Michael Askill et Jason Lee Scott