chanson keb franco / indie folk

TAVERNE TOUR | Quand il pleure, il est content… et nous aussi

par Arielle Desgroseillers-Taillon

Dans un 33 Tours bondé, Raphaël Pépin-Tanguay, alias Velours Velours, a offert une performance intime et vibrante interprétant, dans l’ordre, l’intégralité de son dernier album, Quand je pleure, je suis content. La petite scène installée à l’entrée du magasin de vinyles lui laissait à peine assez de place pour sa guitare et lui, capable de maintenir l’atmosphère chaleureuse du concert, un peu comme un gros feu de camp entre amis. 

Dès les premières notes de Corde à linge, le public s’est mis à chanter en chœur les paroles de ce titre de six minutes, laissant un Velours Velours visiblement ému. « J’en reviens pas, je connais pas beaucoup de chansons de six minutes dont le monde connaît les paroles, à part genre Bohemian Rhapsody »,  a-t-il déclaré, les joues rougies par l’émotion. 

Sorti le 31 janvier dernier, son premier album Quand je pleure, je suis content, met devant des textes introspectifs, parfois même déprimants, portés par des mélodies lumineuses. Un projet riche, où se mêlent guitare, violon, batterie, synthétiseur et surtout cette approche chorale qui lui confère une touche délicate, presque féérique. Transposer cette richesse sonore en formule solo n’était pas une mince affaire, mais Velours Velours a brillamment gagné son pari !

Quelques petits accrocs – des paroles échappées et quelques accords manqués – ont ponctué le spectacle, sans entacher la performance de Velours Velours qui, avec son charisme naturel, a su transformer chaque erreur en instant complice avec le public. 

Après avoir exécuté l’album en entier, il a conclu son set avec Je t’aime, chanson la plus populaire de son EP Fauve. Malgré le public qui criait au rappel, le spectacle était bel et bien terminé. Pour revivre ces mélodies indie dans toute leur ampleur, il faudra patienter jusqu’au 1er mars, où l’artiste montera sur la scène de la Sala Rossa, cette fois accompagné de sa chorale et de son équipe de musiciens.

crédit photo: Camille Gladu-Drouin

darkwave

TAVERNE TOUR | The Drin, distraction4ever, anarchie… darkwave

par Arielle Desgroseillers-Taillon

En entrant dans le West Shefford vendredi soir, une chose frappe immédiatement : le public se divise en deux groupes bien distincts. D’un côté, une foule plus âgée, majoritairement masculine. De l’autre, de jeunes adultes d’une vingtaine d’années, surtout des filles adoptant un style darkwave.

Face à cette assemblée éclectique, The Drin monte sur scène, attirant aussitôt la foule plus âgée, qui lève les mains en signe de rock. Ce groupe post-punk venu de Cincinnati, Ohio, impose sa présence avec une attitude inébranlable. Pas un sourire, pas un merci, pas le moindre échange avec le public : c’est leur scène, et fuck le reste. Manteaux, lunettes de soleil et désinvolture s’entremêlent dans une esthétique brute et assumée.

Mais surtout, les six membres du groupe sont là pour prouver qu’ils incarnent un rock garage/post-punk sans concession. Leur son, indéniablement rock, joue sur des arrangements qui cultivent un sentiment d’inconfort, presque freaky. Pour accentuer cette atmosphère trouble, le saxophoniste s’est aventuré dans la foule, affublé de lunettes masquant entièrement ses pupilles, ajoutant une touche inquiétante à la performance.

Après une trentaine de minutes sur scène, le groupe américain cède la place à distraction4ever, duo montréalais post-punk aux influences darkwave. Populaire auprès d’un jeune public, il ne leur faut que quelques secondes pour déclencher une vague de cris enthousiastes. Le chanteur, Beau Geste, impressionne par sa présence scénique et ses expressions faciales totalement captivantes. 

Interprétant plusieurs morceaux de leur dernier album Business core, distraction4ever cultive une esthétique de sad boy, abordant des textes mélancoliques sur une musique électro qui donne paradoxalement envie de se laisser aller. Les paroles sonnent comme une révolte contre les tourments du quotidien. Lors de leur hit City, Beau Geste plonge dans la foule pour participer à un mosh pit déchaîné. Quelques instants plus tard, c’est au tour de Splitshift de poursuivre cette communion sauvage avec le public. Le duo se montre généreux, alimentant l’énergie brute de la soirée.

Bien que chaque groupe ait offert une expérience unique, le West Shefford a vibré sous un même mot d’ordre : l’anarchie. 

TAVERNE TOUR | Prewn en salopette, VioleTT Pi en feu

par Florence Cantin

C’est en salopette de neige et avec huit heures de route dans le corps que Prewn est monté sur scène jeudi soir. Du moins, une fraction du groupe, incarnée par la chanteuse et guitariste du Massachusetts, Izzy Hagerup.

Fraîchement atterrie au Pub Pit Caribou sur Rachel, elle a rapidement su instaurer une ambiance enveloppante, presque ésotérique, qui a aussitôt fait taire le bar. Face à un public vêtu de chandails fluo à l’effigie de VioleTT Pi, Hagerup a gratté sa guitare avec l’assurance d’une artiste qui n’était pas arrivée à l’arrache. Le projet étant plutôt neuf, elle a enchaîné les chansons de son premier et plus récent album Through the Window sorti à l’été 2023.

Comme un feu qui commence à prendre, elle chuchote, puis sa voix s’embrase progressivement en hurlements parfaitement maîtrisés, jamais plaintifs. Son timbre est ardent, marqué par une émotion brute qui semble l’habiter dans ses envolées psychédéliques. On ne perd pas un mot de ce qu’elle nous dit. Ses paroles sont tantôt bouleversantes, tantôt surréalistes et teintées d’humour. 

Si son projet s’adapte parfaitement à une formule solo, guitare électrique et voix, sa prestation promet d’être encore plus transcendante ce samedi en full band à la Sala Rossa.

De la salopette de neige au chandail de Korn, du folk-rock à l’électro-aimant, VioleTT Pi a pris le relais. Le public s’est agglutiné au pied de la scène.

Karl Gagnon, alias VioleTT Pi et ses musiciens se sont produits sous une fluette lumière mauve, au moins c’était devant une foule gagnée d’avance. La scène du pub était mal adaptée pour accueillir un groupe : si l’obscurité convenait à Prewn, elle desservait complètement la performance de VioleTT Pi. Ce sont les aléas d’une scène éphémère de pub. Après avoir menacé l’éclairagiste absent de vandaliser sa voiture avec des pelures de concombre, VioleTT Pi a canalisé sa frustration en énergie.  

Au plaisir de son public loyal, il est allé puiser dans le meilleur de sa discographie. On lui a fourni une bouteille de Chartreuse et un spot lumineux qu’il a posé au sol, insufflant une vitalité nouvelle à la prestation. VioleTT Pi termine avec un closer efficace Six Perroquets Séchés Dans Un Tiroir En Bois, où la salle scandait en chœur, à la manière d’un hymne, « Mange ma marde, mange-marde ». Il a réussi à faire brasser l’avant-scène, malgré les soucis techniques. Fidèle à lui-même, une fois de plus à la hauteur.

TAVERNE TOUR | Par une froide nuit de février

par Loic Minty

Qu’est-ce qui fait sortir tout le monde dans les rues par une froide nuit de février ? Les cigarettes ? La danse ? Quoi qu’il en soit, il y a ce sentiment bouillonnant et fugace que quelque chose est en train de se passer, et que nous sommes en plein dedans.

Il vous porte comme une vague à son cœur – le regard pénétrant de la chanteuse de HRT qui dégringole dans la foule, la voix d’or liquéfié de Michael Karson et le barrage punk de Pressure Pin et de No Wave. Taverne Tour, c’est le buffet à volonté des meilleurs spectacles dont vous ne saviez pas que vous aviez besoin.

La palette est large et riche, avec une culture musicale locale qui fermente entre les bars des rues Saint-Laurent et Saint-Denis. De ces égouts est sorti le mutant Mulchulation II, inondant l’Escogriffe, le trottoir et la rue. Des oiseaux de proie sont sortis du ciel et ont plongé dans la foule. Chaque scène s’entrechoque dans une explosion de chaleur tendue, et si vous écoutez attentivement ces Birds of Prrrey, vous pouvez entendre les chuchotements des habitants de la ville pris dans l’instant.

À La Sotterenea, nous avons ressenti le potentiel inéluctable de la musique électronique trans-femme et queer pour l’expérimentation et l’expression radicale. Puggy Beales a ouvert la soirée avec une confiance brute, le duo montant sur scène armé uniquement de microphones et d’une volonté de faire vibrer la foule. Leurs rythmes inspirés de la house, qui rappellent les débuts de M.I.A., portent des paroles vives comme « work until you die » et leur présence féroce montre clairement qu’il s’agit de bien plus que de la simple musique de danse.

De l’autre côté de la rue, à Casa, Pressure Pin a livré un set très énergique, mélangeant des tempos rapides et des rythmes changeants avec un côté brut et théâtral. No Wave a suivi, électrisant la salle en jouant chaque chanson comme un tube. Entre chaque set, les gens sortaient de la fosse avec de grands sourires et des griffures sur le visage. Pour clore la soirée, Speed Massacre a fait sortir cette vapeur sous pression comme une bouilloire en ébullition et a accroché tout le monde jusqu’à la dernière note.

Avec des salles pleines à craquer, Taverne Tour démontre qu’il ne se contente pas d’organiser des spectacles extraordinaires, mais qu’il les fait aussi contraster et se compléter les uns les autres. Ici, vous pouvez trouver des fans de musique trans-féminine en sueur qui font la queue pour leurs manteaux et des fans de country portant des bottes de cow-boy qui fredonnent encore un jubilé. C’est une recette pour s’amuser, pour l’imprévisibilité qui se développe sur elle-même, ouvrant tous les canaux de la nuit en routes qui s’entrecroisent. Le bruit court qu’il y a une compétition de danse dans la rue, et la soirée continue, rebondissant sur l’énergie dont cette ville a tant besoin par une froide nuit de février.

TAVERNE TOUR | HRT + God’s Mom

par Will Misha Nye

Le moshing est un moyen efficace de se réchauffer lorsqu’il fait -15 dehors. Lorsque HRT est monté sur scène, La Sotterenea s’est animée. Composé de Kirby au chant et d’Ana à la programmation, leur marque de « transgirl electronic body music » a arraché tous les gens qui se cachaient dans les coins et les a poussés dans le mélange. Avec des voix urgentes qui s’échappent des profondeurs des rythmes industriels lourds, les incursions de Kirby dans la foule n’ont fait qu’augmenter l’énergie.

God’s Mom à La Sotterenea ressemblait à un rituel, à un moment de culte collectif. Voix grandiose et obsédante. Des instrumentations lancinantes et clubby. Le tout encadré par Bria Salmena qui, parée d’une cotte de mailles et de latex, était la présence magnétique qui menait le sermon. Salmena affirme que le groupe torontois n’est pas « de l’hédonisme pour le plaisir de l’hédonisme, c’est une prise de conscience ». Montréal est là pour ça.

TAVERNE TOUR | Un jeudi soir sur Saint-Laurent

par Alain Brunet

Voila la balade du jeudi soir au Taverne Tour, section boulevard Saint-Laurent. Suivez-nous!

Rosario Caméléon, c’est aussi Yan Villeneuve, un comédien qui s’est créé un personnage de scène, quelque part entre la performance, la variété, l’extravagance non binaire et une inclination pour ce qu’il nomme la pop coït, sorte de communion charnelle entre le performer et son public. Il se présente costumé, bottes blanches, moustache et moult taffetas. Il rappe, chantonne, se dandine sous les regards curieux, il peut aussi se mettre à invectiver, s’entoure de projections vidéastes et d’un DG au groove trappy migrant vers la tech-house, salade plutôt inspirée. Voilà un joli divertissement, bien de notre époque.

Nous voilà ensuite dans la coldwave, synthwave… effluves lointaines des années 80 mais aussi l’éclat d’un vernis intemporel. La voix grave de Void Republic s’appuie sur des trames minimales, costaudes et bianires, assorties de staccato. Comme la tarte tatin et le pouding chômeur, la façon de faire est éprouvée. On n’en transforme qu’en y greffant de minuscules détails, vu les avancées technologiques, vu la prise de son, la manière de se présenter et de poser sa voix sur les trames.

On quitte le Ministère en ce jeudi enneigé, on marche un coin de rue sur le blanc, on monte des escaliers, Wombo s’exécute à la Sala Rossa. On dit de ce trio from Louisville/Kentucky (la ville de Mohamed Ali), qu’il est « stylistiquement ambitieux » par ses ponctions de pop, noise rock, psychédélisme, funk, lo-fi. La voix ténue de la bassiste et soliste Sydney Chadwick rappelle l’organe de Laetitia Sadier et la facture générale s’inscrit dans le sillon des groupes lo-fi à la Pavement. Encore là, rien de mémorable, exécution un peu mince, et … effectivement ambitieux sur le plan stylistique. Il fallait migrer au sous-sol et se prendre quelques baffes de Wesleys, un groupe à peine sorti de la puberté et qui connaît bien son histoire garage et proto-punk. Il y a du loureedisme là-dessous. Étonnante dégaine, étonnantes moues, étonnante nochalance, solide exécution. On aime The Wesleys!

classique moderne / classique occidental

Des échos d’Afrique qui résonnent bien

par Frédéric Cardin

Hier soir avait lieu le concert Échos lointains d’Afrique de l’Orchestre classique de Montréal, avec la soprano Suzanne Taffot. Au programme de cette soirée sous la direction musicale de Kalena Bovell, cheffe états-unienne originaire du Panama, des oeuvres de compositeurs afro descendants : le britannique Samuel Coleridge-Taylor, les États-uniens George Walker et William Grant Still, le Québécois David Bontemps et quelques spirituals issus du Sud.

Le plat principal de la soirée était la création du cycle de mélodies de David Bontemps, Le deuil des roses qui s’effeuillent. Ce titre évocateur provient de la plume du poète et auteur haïtien Jacques Roumain, dont nous commémorions le 80e anniversaire de décès en 2024. En neuf textes bellement mis en musique par Bontemps, la soprano Suzanne Taffot a donné vie à des paysages subtils et chaleureux, parfois mélancoliques, dans une langue musicale bien trempée dans les racines stylistiques du petit pays antillais. Lignes sinueuses, rythmes chaloupés, syncopés, mais dans une architecture sonore légère, sobrement déployée. Bontemps, en rendant ce bel hommage à ses propres racines haïtiennes, a par le fait même confirmé son statut d’étoile montante de la composition moderne québécoise. Nous aurions, cela dit, apprécié que les textes soient projetés sur le large mur vide derrière l’orchestre, afin de bien s’imprégner de toute la beauté de cette poésie inspirante, l’écriture vocale ne permettant pas toujours aux mots de s’épanouir avec toute la clarté potentielle. La voix de Suzanne Taffot est belle, avec un registre étendu qui démontre une aisance naturelle dans toutes les hauteurs. 

REGARDEZ L’ENTREVUE AVEC SUZANNE TAFFOT, À PROPOS DE CE CONCERT

Jolies Novelletten de Coleridge-Taylor, compositeur romantique britannique d’origine sierra-leonaise et très agréables Danzas de Panama de William Grant Still, avec leurs mélodies toutes simples mais traitées avec un sobre raffinement. C’est Lyric for Strings de George Walker qui a peut-être le plus impressionné, grâce à son pathos retenu, construit avec élégance. Une sorte d’Adagio de Barber, plus économe sur les affects. 

Quelques moments de pure grâce vocale ont complétés la soirée quand Suzanne Taffot est revenue sur scène pour interpréter quatre spirituals, chaleureusement arrangés par Moses Hogan et Hugo Bégin. Le public a été conquis, si ce n’était déjà fait, par ces Deep River, Give Me Jesus, Sometimes I Feel Like A Motherless Child et He’s Got the Whole World in His Hands.

Kalena Bovell a mené l’ensemble avec un investissement sincère, dans une direction mêlant précision et suggestivité émotionnelle. 

Soirée pleinement réussie devant une salle Pierre-Mercure comble (ce qui devrait suffire à remettre en question certaines affirmations qui critiquent les programmations basées sur la diversité en musique classique).

Soccer Mommy : fleurs et cohérence

par Stephan Boissonneault

La dernière fois que nous avons vu Soccer Mommy à Montréal, c’était sous la chaleur étouffante d’Osheaga 2023, et maintenant elle joue au Théâtre Beanfield en plein hiver. Et pour être tout à fait honnête, les deux sets sont assez similaires. Sophia Allison, alias Soccer Mommy, n’est rien d’autre que cohérente avec son indie rock rêveur. Sa voix est fumeuse comme du velours, son groupe est très soudé et sait choisir ses moments de gloire.

La plus grande différence entre ce set et celui d’Osheaga est la configuration de la scène ; celle de ce soir a des bouquets de fleurs et une toile de fond visuelle sous la forme d’une toile peinte et d’une couronne de fleurs avec des vidéos qui passent entre les chansons. C’est peut-être ça et le volume ; le spectacle n’est pas aussi rouge que celui d’Osheaga, ce qui est bienvenu pour ce dimanche de farniente. La vidéo en arrière-plan est assez abstraite mais se concentre généralement sur différentes sortes de fleurs, vibrantes et monotones, alors que Soccer Mommy chante ses chansons de confession, de mal d’amour et d’errance sans repos.

Cette fois, Soccer Mommy assure la promotion de son dernier album, Evergreen, qui est, une fois de plus, assez similaire au précédent, Sometimes, Forever. À quelques nuances près, les chansons sonnent presque de la même manière, y compris dans le mixage du disque. Le spectacle est bon, mais après quatre ou cinq chansons, on comprend l’essentiel et l’ambiance. Nous avons droit à quelques moments réservés pour le live, comme le solo de flûte qui ajoute un sentiment baroque à la chanson « Some Sunny Day », et le solo de triple guitare dans « Thinking of You ». Si Soccer Mommy veut vraiment se démarquer des autres groupes de rock indie de filles tristes, elle devrait peut-être changer complètement de son ou travailler sa présence sur scène. Cela, ou peut-être se perdre dans la masse. Pour l’instant, si vous l’avez vue une fois, vous l’avez vue.

Photos de Julia Mela

classique / électroacoustique / jazz / musique du monde / traditionnel

28e Gala des prix Opus | 32 trophées pour l’écosystème des concerts

par Judith Hamel

Ce dimanche 2 février, toute la communauté de la musique québécoise de concert s’est réunie à la salle Bourgie pour souligner les points culminants de la saison 2023-2024. Présenté à la Salle Bourgie par le Conseil québécois de la musique et retransmis (CMQ) sur sa page FB ainsi que sur PAN M 360, ce 28e Gala des prix Opus a été, pour une quatrième année consécutive, animé par l’enthousiaste Jocelyn Lebeau. Au total 32 prix ont été remis lors d’une cérémonie ponctuée de blocs d’entrevue avec les lauréat·es, favorisant des échanges dynamiques sur leurs projets respectifs. 

Le Prix Hommage de cette année a été remis à Michel Levasseur pour célébrer ses 40 ans à la tête du Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) . Figure incontournable et bâtisseur du milieu de la musique expérimentale et de l’improvisation, cet hommage était un moment pour mettre en lumière son travail acharné qui a grandement contribué au rayonnement du milieu musical québécois.

Les témoignages vidéo des musiciens Jean Derome et René Lussier, des fidèles du FIMAV, ont été parmi les moments marquants de la soirée. L’hommage s’est conclu en soulignant l’importance du soutien de son entourage tout au long de sa carrière alors que le public a offert une ovation à sa famille, ses proches et ses partenaires.

Le filon musical de la soirée était assuré par l’ensemble de guitares Forestare et ses 13 interprètes, qui nous ont transportés d’Une petite musique de nuit d’été de Denis Gougeon jusqu’à Bach, avec le troisième mouvement du Concerto brandebourgeois no 3 en sol majeur en clôture du gala. Son chef, Pascal Germain Berardi, a aussi remporté un Opus de l’Événement musical de l’année, qui s’est tenu au FIMAV, dans les Bois-Francs : Basileus, oratorio en 4 actes réunissant sous sa direction les ensembles Horizon (cuivres), Forestare (guitares), Sixtrum (percussions) et le Growlers Choir (voix typiques du métal).

La musique traditionnelle québécoise était à l’honneur cette année avec une prestation marquante assurée par trois duos de musique traditionnelle québécoise. D’abord, Cédric Dind-Lavoie et Dâvi Simard ont interprété Tenant mon frère d’Alphonse Morneau de l’album Archives, lauréat du prix Concert traditionnel québécois de l’année. Un projet où des enregistrements des chansonniers d’antans renaissent et sont sublimés par une mise en musique ambiante. Un album à découvrir absolument.  Puis, Nicolas Boulerice et Frédéric Samson nous ont livré Trois beaux garçons, avant qu’Alexis Chartrand, au violon et à la podorythmie, n ‘insuffle toute son énergie dans Le Cyclone d’Isidore Soucy, porté par l’accompagnement de Nicolas Babineau à la guitare.

Dans le continuité de cette résonance de cordes, les guitaristes Adam Cicchillitti et Stevan Cowan ont interprété un très bel arrangement de la Sonate pour harpe de Germaine Tailleferre, avec les deux guitares en symbioses, arrangement sublimé par une sonorisation soignée. 

Parmi les doubles lauréat·es, la pianiste, compositrice et improvisatrice Marianne Trudel a été couronnée compositrice de l’année et reçoit le prix de l’album jazz de l’année pour Time Poem : La joie de l’éphémère. Revenue in extremis des Îles-de-la-Madeleine où elle donnait un concert, c’est une distinction de plus pour cette artiste à la carrière foisonnante. 

Roozbeh Tabandeh, artiste interdisciplinaire nourri des traditions musicales iraniennes et occidentales, s’est aussi distingué en remportant les prix Inclusion et diversité et Découverte de l’année. 

L’ensemble à cordes montréalais collectif9, dirigé par Thibault Bertin-Maghit, est reparti avec les prix Direction Artistique et Interprète de l’année. 

I Musici, encore cette année, s’est distingué en remportant les prix Création de l’année avec Spassiba Yuli de Denis Gougeon ainsi qu’Album  de l’année – Musique du monde pour sa participation à Continuum avec l’artiste turque Didem Basar sous l’étiquette du Centre des musiciens du monde. 

L’Orchestre Métropolitain, par ailleurs, est parti avec deux Opus pour sa production de Aida en clôture de saison ainsi que pour la Symphonie Leningrad

En début de matinée, l’Opus du  Concert de l’année – Musiques médiévale, de la Renaissance, baroque a été remporté par  Arion Orchestre Baroque, pour Aci, Galatea e Polifemo, sous la direction du chef invité Francesco Corti, sans compter la soprano  Kateryna Kasper, la contralto Margherita Maria Sala, la basse Lisandro Abadie.

Finalement, le format d’entrevue a ouvert la porte à des discussions intéressantes. Marianne Trudel et la compositrice et improvisatrice Joane Hétu, entre autres, ont évoqué avec émotion l’apport des sonorisateurs Rob Heaney et Bernard Grenon dans la genèse de leurs œuvres. Tous deux décédés subitement au cours des dernières années, ils ont laissé derrière eux une trace indélébile dans le milieu musical québécois. Leur départ prématuré, comme ceux de tant d’autres artisans de l’ombre, nous a rappelé la chance qu’on a d’être là et de faire de l’art, a souligné Marianne Trudel. 

Bravo à tous les finalistes et les lauréat·es. 

Je vous invite à consulter les autres contenus de PAN M 360 sur les prix Opus.

Voici la liste des lauréat·es de la saison 2023-2024 : 

Concerts

Concert de l’année – Musiques médiévale, de la Renaissance, baroque

Aci, Galatea e Polifemo, Arion Orchestre Baroque, Francesco Corti, chef invité, Kateryna Kasper, soprano, Margherita Maria Sala, contralto, Lisandro Abadie, basse, 12 au 14 janvier 2024

Concert de l’année – Musiques classique, romantique, postromantique 

Aida en clôture de saison, Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, chef, Angel Blue, Sarah Dufresne, sopranos, Matthew Cairns, SeokJong Baek, ténors, Ambrogio Maestri, baryton, Alexandros Stavrakakis, Morris Robinson, basses, Choeur Métropolitain, Festival de Lanaudière, 4 août 2024 

Concert de l’année – Musiques moderne, contemporaine

Deux, Quatuor Molinari, 16 février 2024 

Concert de l’année – Musiques actuelle, électroacoustique 

Monnomest, Ensemble SuperMusique, Joane Hétu, cheffe, Vergil Sharkya, chef, Productions SuperMusique, codiffusion Groupe Le Vivier, 23 novembre 2023 

Concert de l’année – Musiques jazz, accompagné d’un montant de 5 000$ en carte-cadeau offert par Instruments de musique Long & McQuade. 

Sport national, Hugo Blouin, 28 septembre 2023

Concert de l’année – Musiques du monde 

Continuum, Didem Başar, kanun, Patrick Graham, percussion, Etienne Lafrance, contrebasse, Quatuor Andara, Centre des musiciens du monde, 13 février 2024

Concert de l’année – Musiques traditionnelles québécoises 

ARCHIVES, Cédric Dind-Lavoie, multi-instrumentiste, Alexis Chartrand et/ou Dâvi Simard, violons, 15 et 19 novembre, 10 et 16 décembre 2023

Concert de l’année – Répertoires multiples 

La Symphonie Leningrad, Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, chef, Maria Dueñas, violon, 18 novembre 2023

Concert de l’année – Impulsions anciennes, classiques, romantiques, modernes, postmodernes 

Fabula femina, Cordâme, 10 août 2024

Création de l’année 

Spassiba Yuli, pour 2 violoncelles et cordes, Denis Gougeon, L’héritage de Yuli: Stéphane Tétreault et Bryan Cheng, I Musici de Montréal, 25 avril 2024

Production de l’année – Jeune public, accompagné d’un montant de 5000$ offert par le ministère de la Culture et des Communications 

J’m’en viens chez vous!, Bon Débarras, 11 février 2024

Albums

Album de l’année – Musiques médiévales, de la Renaissance, baroque 

Calcutta 1789 : À la croisée de l’Europe et de l’Inde, Christopher Palameta, Notturna, ATMA Classique

Album de l’année – Musiques classique, romantique, postromantique 

16 Histoires de guitares – Vol. III, David Jacques, ATMA Classique

Album de l’année – Musiques moderne, contemporaine 

Confluence, David Therrien Brongo, Ravello Records

Album de l’année – Musiques actuelle, électroacoustique 

Limaçon, Léa Boudreau, empreintes DIGITALes

Album de l’année – Musiques jazz 

Marianne Trudel-Time Poem: La joie de l’éphémère, Trio Marianne Trudel, Productions Marianne Trudel, Indépendant

Album de l’année – Musiques du monde, accompagné d’un forfait d’une valeur de 5000$ en Mentorat & Conférence Mundial Montréal offert par Mundial Montréal. 

Continuum, Didem Başar, Patrick Graham, Jean-François Rivest, I Musici de Montréal, Centre des musiciens du monde

Album de l’année – Musiques traditionnelles québécoises 

Layon, Nicolas Pellerin et Les Grands Hurleurs, La Compagnie du Nord

Album de l’année – Impulsions anciennes, classiques, romantiques, modernes, postmodernes 

Cendres, Vanessa Marcoux, Indépendant

Écrit

Article de l’année 

« Du son vers la forme, le sens… l’Autre… : pensée spectrale et art engagé dans les œuvres mixtes de Serge Provost », Jimmie LeBlanc, Circuit, musiques contemporaines, 1er mai 2024

Prix spéciaux 

Prix Opus Montréal – Inclusion et diversité, accompagné d’un montant de 10 000$ offert par le Conseil des arts de Montréal. 

Roozbeh Tabandeh, Ensemble Paramirabo et Chants Libres, Songs of the Drowning, 24 août 2024

Prix Opus Québec 

Festival Québec Jazz en Juin, 20 au 30 Juin 2024

Prix Opus Régions 

Festival Ripon trad, 14 au 17 septembre 2023

Compositrice de l’année, accompagné d’un montant de 10 000$ offert par le Conseil des arts et des lettres du Québec. 

Marianne Trudel

Découverte de l’année, accompagné d’une production d’une capsule vidéo offerte par La Fabrique culturelle de Télé-Québec. 

Roozbeh Tabandeh, compositeur

Diffuseur pluridisciplinaire de l’année 

Salle Pauline-Julien

Diffuseur spécialisé de l’année 

Domaine Forget de Charlevoix

Directeur artistique de l’année 

Thibault Bertin-Maghit, collectif9

classique moderne

Festival classique hivernal de l’OSL | Racine commune, en parfaite harmonie

par Hélène Archambault

Pour clôturer le Festival classique hivernal de l’OSL, Diane Caplette a mené l’Harmonie Laval avec musicalité, précision rythmique et continuité dans le tempo. Sa solide technique de bâton laisse les instruments de l’orchestre s’exprimer tour à tour. Résultat? Les musiciens partagent un réel plaisir et le transmettent aisément à l’auditoire, constitué d’au moins trois générations. Ah oui, et comme ce serait redondant d’en parler à chaque pièce, j’aimerais mentionner d’emblée le travail des percussions. Elles ont ponctué ce concert de petites merveilles. 

D’entrée de jeu, ce sont des concepts rythmiques et harmoniques que nous offre A Barrie North Celebration, du compositeur québécois André Jutras, reconnu pour sa contribution au répertoire des ensembles à vents. Jocelyn Veilleux, cor solo de l’OSL depuis 1986, transporte ensuite le public dans un monde de sonorités riches lors de son interprétation tout en nuances du Concerto pour cor no. 1, en mi bémol majeur, op. 11 de Richard Strauss (arr. John Boyd). 

Suit Madurodam, composée et arrangée par le Néerlandais Johan de Meij. Inspirée par Madurodam, ville miniature hollandaise constituée de maquettes à l’échelle 1/25, cette suite est composée de huit parties miniatures. L’orchestre ne semble pas se prendre la tête devant l’exigence qu’imposent les nuances, les inflexions rythmiques et les accents. C’est avec entrain que le piccolo et le tambour annoncent la journée dans Réveil et que les Petits soldats paradant au son des cors devant les mini baraquements. Plus solennelle, la mélodie de Binnenhof lance le thème mélodique, les Petits moulins offrent une valse entrainante, et le Nocturne fait jouer les basses de l’orchestre à l’unisson. La 6e partie, l’Église de Westerkerk, reprend le thème dans une valse, le Château de Muiderslot est une pavane et la Grande finale relance le thème des moulins puis celui du Binnenhof. Je parie que la ville miniature supplantera les tulipes dans l’imaginaire collectif !

Après ce paysage sonore rassurant, la seconde partie nous plonge d’emblée au cœur de la Taïga. Taïga, de Ilari Hylkilä est un véritable écran géant sonore. La pièce s’ouvre sur de grands espaces froids et quand la tempête se lève, les gammes chromatiques ascendantes et descendantes effrénées des flûtes projettent un air cristallin dans la salle. La trompette puis les cors annoncent l’apaisement et nous révèlent la majesté du paysage. L’office du Tourisme Finlandais a du matériel pour convaincre le snowbird le plus endurci de délaisser la Floride au profit d’une contrée plus fraîche. C’est ensuite au tour du clarinettiste Jean-François Normand de ravir le public. Le Concertino pour clarinette en mi bémol majeur, op. 26, dans des arrangements de Alfred Reed, démontre l’étendue du registre de l’instrument et la virtuosité de l’interprète. Le concert se clôt avec Noah’s Ark, de Bert Appermont, chef d’orchestre et compositeur belge. Ce tableau musical du récit biblique évoque le Message, la Parade des animaux, aux motifs musicaux variés, la Tempête dans laquelle les clarinettistes personnifient le vent et troquent les clés pour les mains, et l’Espoir où tout renaît. Ce fut un après-midi harmonieux à souhait, avec quelques couacs, peu nombreux et vite oubliés. L’Harmonie Laval, que Caplette dirige depuis 2019, est un orchestre à vent semi-professionnel. Ce qui me laisse penser qu’il ne faut pas avoir peur des amateurs, surtout  quand ce terme désigne ce que j’ai entendu aujourd’hui.

classique occidental / musique contemporaine / période romantique

Festival classique hivernal de l’OSL | Mosaïque nordique : un voyage hivernal tout en contraste

par Alexandre Villemaire

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la température était avec les musicien·ennes de l’OSL pour leur deuxième grand concert de soirée de l’édition 2025 du Festival classique hivernal. La froidure du samedi 1er février faisait écho à l’esprit de ce programme qui était porté pour l’occasion par Jean-Marie Zeitouni qui mettait de l’avant un répertoire d’inspiration nordique.  La « mosaïque » – pour reprendre le titre du concert – qui avait été assemblée mettait de l’avant la pièce Légendes de Jacques Hétu, le Concerto pour piano en la mineur d’Edvard Grieg et la Symphonie no 5 en mi bémol majeur de Jean Sibelius.

L’image de la mosaïque était fort bien à propos pour illustrer ce concert. Les trois œuvres étaient toutes stylistiquement différentes, mais unies et ancrées par un même esprit esthétique, les compositeurs faisant ressortir à leur manière des thématiques liées au folklore et à la nature.

Légendes, du compositeur québécois Jacques Hétu, présentée comme pièce d’ouverture, a été écrite pour les festivités entourant le 400ᵉ anniversaire de la ville de Québec. Il s’agit d’une suite de trois œuvres racontant musicalement trois contes emblématiques du folklore québécois : Alexis le trotteur, Le diable au bal et La chasse-galerie. Au travers des trois courtes pièces, on dénote une même ambiance et un même traitement du timbre avec une prépondérance marquée pour les effets et des lignes musicales confiées aux vents, alors que les cordes soutiennent ces envolées par un tapis harmonique. La dimension programmatique de l’œuvre était particulièrement présente dans les deuxièmes et troisièmes mouvements. Dans « Le diable au bal » qui raconte l’histoire de Rose Latulippe, qui, lors d’une soirée dansante, s’amourache d’un diabolique bel inconnu, la présence oppressante de cet être ténébreux est manifestée par une mélodie espiègle entonnée par les bois avant qu’un air de valse mondaine soit entonné alors pendant que les cordes jouent un accord dissonant. Le même effet est présent dans « La chasse-galerie », tonitruant et cuivré pour exprimer le pacte que les bûcherons font avec le Diable pour aller rejoindre leur famille. Les retrouvailles se font dans une atmosphère de reel et de rigaudon.

Le Concerto pour piano de Grieg est venu apporter un changement radical d’esthétique, proposant un langage plus introspectif, mais intense au niveau du lyrisme. La pianiste ukrainienne Olga Kudriakova a interprété l’œuvre avec ces qualités. Après un départ dans un premier mouvement qui, bien très justement exécuté, nous semblait un peu rude, c’est vraiment dans le deuxième et le troisième mouvement que Kudriakova a démontré sa dextérité interprétative et sa sensibilité.  L’« Adagio » avec son thème élégiaque aux couleurs sublimes rappelant Peer Gynt a offert un moment d’un grand lyrisme, alors que l’« Allegro » expose un entremêlement de différents thèmes à saveur folklorique.

La Cinquième symphonie de Sibelius est venue conclure la soirée en parachevant son essence nordique. Composée en parallèle à la Première guerre mondiale et à la guerre d’indépendance de la Finlande, l’œuvre est marquée par des thèmes chers à Sibelius comme l’amour de la patrie et de la nature. Il fait cohabiter dans sa symphonie ces deux idées contrastantes que Jean-Marie Zeitouni met en relief par une maitrise des dynamiques et des phrasés parfaitement clairs. Après un premier mouvement plus anxieux qui se termine dans une fanfare glorieuse, le deuxième mouvement met de l’avant une forte influence folklorique avec un début tout en pizzicato d’une grande délicatesse qui fait place à de superbes dialogues instrumentaux entre les différentes sections de l’orchestre. Le dernier mouvement reprend cette présence folklorique, notamment avec une grande envolée lyrique qui se conclut sur des accords entrecoupés de longs silences.

Expressif, Jean-Marie Zeitouni a mené l’orchestre dans cette longue traversée de paysages nordiques avec intelligence et précision dans un concert qui fut imagé et qui sortait des sentiers « de neiges » habituels du répertoire de concert.

crédit photo: Gabriel Fournier

baroque / classique occidental

Festival classique hivernal de l’OSL | Voyage baroque convivial 

par Hélène Archambault

Pour ouvrir la 4e édition de son Festival classique hivernal, l’Orchestre symphonique de Laval (OSL) nous invite à voyager dans l’Europe du XVIIIe siècle. Sous la direction du chef Mathieu Lussier, au cœur de l’hiver, l’OSL interprète la musique de Handel, Vivaldi, Hasse, Quantz et Albinoni.

Le répertoire est choisi minutieusement : tout en présentant des compositeurs connus, l’orchestre propose des pièces qui le sont un peu moins. Mathieu Lussier, non sans humour, présente chacune d’elles à un public attentif et réceptif. Entre anecdotes, clés de compréhension et commentaires franchement rigolos, son ton convivial agrémente et enrichit le voyage.

Le concert débute avec 3 mouvements du Concerto Grosso en ré majeur, op. 6, no 5 de Georg Friedrich Handel. Antoine Bareil, Johanne Morin et Chantal Marcil, respectivement premier violon solo, second violon solo et violoncelle solo de la formation, rivalisent d’entrain. Suit le Concerto pour basson en mi mineur, RV 484. Le son de Michel Bettez, basson solo de l’OSL, est un enchantement, notamment dans le second mouvement. Interprétée tout de suite après, la Sinfonia en sol mineur, op. 5 no 6 de Johann Adolphe Hasse constitue mon plus beau moment de la soirée. L’orchestre est plein de feu et le jeu de Bareil est expressif, précis et nuancé. Le Concerto pour flûte en sol majeur de Johann Joachim Quantz est un peu moins réussi du côté du soliste Jean-Philippe Tanguay, deuxième flûte et piccolo de l’OSL. Ses attaques dans les aigus manquaient de limpidité. L’Ouverture de Vivaldi, La verità in cimento, RV 739, nous replonge dans le feu de l’orchestre, tandis que le Concerto pour hautbois en ré mineur, op. 9, no 2 de Tomaso Albinoni nous fait découvrir le jeu animé de Lindsay Roberts, deuxième hautbois et cor anglais de l’OSL. Vivaldi clôt le voyage avec la Sonate en trio en ré mineur« La follia » RV 63, proposée dans un arrangement de Mathieu Lussier, dans lequel on retrouve les trois solistes.  

La salle n’était malheureusement pas comble pour cette première soirée. Ce que j’ai à dire là-dessus, c’est que les absents ont souvent, voire toujours, tort. Les commentaires et sourires des gens à la sortie ne laissaient aucun doute : ils sont repartis le cœur en fête et bien au chaud malgré le froid qui reprenait du mordant en fin de soirée.

crédit photo: Gabriel Fournier

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