americana / chanson keb franco / prog / psychédélique

POP Montréal | Au 3e essai, Larynx émerge définitivement

par Alain Brunet

Pour sa troisième émergence, Alexandre Larin, qui s’exprime sous le pseudo/diminutif Larynx, n’avait vraiment pas l’air d’avaler de travers pour un gars qui n’en finit plus d’émerger après trois offrandes: Ma troisième émergence (septembre 2024), Applaudissez, bande de chameaux (2022) et J’aimais mieux les maquettes (2022).

Avant d’émerger pour de bon au 3e essai et gagner le 1er jeu (soyons conformes au football canadien), Larynx peut se gargariser sans gêne, car il compte sur un répertoire considérable. 

Débarqué à La Sala Rossa un peu par hasard en ce mercredi 25 septembre, j’ai découvert un humoriste de l’absurde, doublé d’un parolier et compositeur déjà prolifique, entouré de ses musiciens disposés au milieu du parquet. Tordant, lorsqu’il se fait emboucaner exagérément de glace sèche, lorsqu’il confie affectueusement à son public qu’il le gerce (« Habituez-vous, l’hiver s’en vient! ») ou lorsqu’il qu’il recommande à ses fans de « se déplacer par là  parce que c’est cool par là”. Haha!

Frontman hilarant et communicatif, Larynx est un artiste déjà prolifique qui maîtrise l’art de faire des chansons. Pour cela, il peut compter sur de fort bons musiciens enclins au psychédélisme, au prog rock, aux éléments fondamentaux de l’americana (country, folk, rock). Les harmonies vocales sont belles, les claviers sont riches, les guitares bien tricotées. Qui plus est, le propos n’est pas que clownesque, on peut en observer la vulnérabilité et la sensibilité épidermique.

La voix du soliste est certes  ténue mais cela n’est pas un irritant vu la hauteur et le charisme  du personnage et de son propos qui sait faire se bidonner et aussi faire sortir le méchant.

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POP Montréal | Patrick Watson œcuménique

par Marianne Collette

En cette dernière journée de POP Montréal a eu lieu le Dimanche Sacré de Patrick Watson. L’objectif était de faire découvrir aux enfants la musique « sacrée » et ce, dans le sens le plus large du terme, sans restriction de genre musical ou de religion.

Au début du spectacle, le compositeur a pris le temps d’expliquer à son jeune public ce qu’est selon lui la « musique sacrée » : il s’agirait de la musique qui donne envie de regarder le ciel et les nuages. Une belle définition qui a le mérite de décrire très bien toutes les œuvres au programme, dans toute leur diversité. En effet, autour de Patrick Watson était rassemblé un grand nombre de musiciens talentueux parmi lesquels nous pouvons mentionner Erika Angell, les Barr Brothers, Fernie, Mack MacKenzie, Kiya Tabassian, Joey Burns du groupe Calexico, le Chœur des Mélomanes ainsi que le Greenline string quartet. 

Il est important de souligner la générosité de ces artistes qui ont accepté de se produire dans le cadre d’un concert essentiellement gratuit. Quelle chance de pouvoir assister à un spectacle regroupant autant de talent consacré! Le professionnalisme des musiciens était tangible par la manière selon  laquelle ils interagissent avec un public composé d’une bonne quantité de tout-petits. Convenons-en, il ne s’agit pas de l’auditoire le plus facile. Personne n’a cependant économisé ses efforts, jouant pour ces spectateurs bruyants et dissipés avec la même passion que s’il s’agissait d’un auditoire d’éminents mélomanes. Les artistes présents ont ainsi fait montre de leur passion pour la musique et de leur désir de la partager, tout en demeurant conscients que les enfants écoutent à leur manière et que l’essentiel est de leur donner la chance d’entrer en contact avec l’univers de la musique. 
La présentation du spectacle était adaptée aux plus jeunes : les musiciens parlaient souvent aux enfants, leur expliquant avec des mots simples l’origine et l’histoire des chansons interprétées. En revanche, la musique était appréciable pour des oreilles de tous les âges. À la fin du concert, le public a été invité à se joindre au Chœur des Mélomanes pour interpréter Hallelujah de Leonard Cohen. Un classique duquel on ne se lasse pas et qui fait le bonheur des enfants comme de leurs parents.

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POP Montréal | Nabihah Iqbal, authentique et universelle

par Alain Brunet

Nabihah Iqbal a grandi avec le rock et le métal, sa culture musicale est clairement britannique, voire  mondiale. L’artiste londonienne porte un nom musulman d’Asie méridionale, elle nous indique ne pas boire d’alcool et préférer une boisson de confection montréalaose. Et alors ?

Voilà les seuls indices possibles de ses origines. J’insiste sur cette présentation, car ce qu’on aime de Nabihah Iqbal n’a pas grand-chose ou carrément  rien à voir avec ces considérations.

On écoute sa musique avec un plaisir consommé et on a tôt fait de conclure que cette artiste douée a tout d’une citoyenne du monde, ouverte, épanouie et créative tout en assumant ses origines. 

Il fut un temps où les Occidentaux d’origine caucasienne s’attendaient à ce que leurs concitoyens d’origines non occidentales expriment leur culture d’origine à travers leurs actualisations dans un contexte occidental. Cette attente colonialiste d’un ornement ethno-culturel  n’existe plus ou décline sans cesse, fort heureusement. Nous en avons eu la preuve éclatante, samedi soir au Rialto Hall, mieux garni que tout au long de la 23e présentation de POP Montréal. 

Les rythmes  que présente la musique de cette brillante trentenaire sont binaires ou ternaires, les harmonies sont tonales ou modales, le propos des textes est universel. Son esthétique puise dans le rock de type ethereal wave, le proche parent rock de l’ambient électronique. Son travail rappelle un tant soit peu celui de la génération précédente au Royaume-Uni, on pense à Cocteau Twins, certains travaux de Massive Attack, My Bloody Valentine, Lush ou autres projets endossés par le label 4AD dans les années 80 et 90.

En fait, Nabihah Iqbal procède à une fusion des deux courants et l’adapte à ses ambitions créatrices. Conceptrice et leader d’orchestre, maîtresse de sa destinée, elle s’est présentée avec Aldous RH, partenaire saxophoniste et producteur électro. 

Nous aurons eu droit à une variété de riches  propositions déclinées à différents niveaux d’intensité, parfois plus lourds, parfois plus éthérés, tous appartenant à un univers cohérent, fluide, accessible et surtout, très inspiré. Celui de Nabihah Iqbal, qui a certes conquis le parquet du Rialto Hall. Les centaines de fans vemis samedi répandront-ils la bonne nouvelle ? Poser la question, c’est y répondre: voilà un buzz tangible, pour les meilleures raisons.

Crédit photo: Sarah ODriscoll

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électronique / Hip Hop

POP Montréal | Premier de nombreux BBQ Bastid à Montréal ?

par Eric Cohen

Lorsque Paul Murphy, alias Skratch Bastid, l’un des meilleurs DJ de scratch au Canada (voire l’un des meilleurs DJ de scratch au monde) organise une fête, il ne fait aucun doute qu’il s’agira d’un banger. Lorsqu’il organise un barbecue, ajoutez-y des hamburgers et des bières et vous obtiendrez le BBQ de Bastid !

C’est à partir de 15 h, par un samedi après-midi ensoleillé du Mile-End de Montréal, que la toute première édition Pop MTL du BBQ de Bastid a pris d’assaut l’espace du Marché des Possibles le 28 septembre dernier – et espérons-le, la première d’une longue série. Le battle DJ d’Halifax a reçu toutes les accolades lorsqu’il a participé à des compétitions mondiales comme DMC, ITF et Scribble Jam en tant que jeune DJ, se forgeant une réputation comme l’un des platinistes les plus talentueux et créatifs au monde (quiconque a déjà vu sa routine Imperial March sait qu’il est le GOAT) ! Son BBQ a accueilli des talents locaux de haut niveau, ainsi que des invités internationaux, avec en point d’orgue les sets de Bastid lui-même et de l’un des platinistes les plus célèbres de Los Angeles, DJ Nu-Mark (de Jurassic 5).

After a day filled with burgers, beatboxing, and breakin’, Bastid came on at 8 pm – the crowd had already gathered and assembled into a high vibing community of hip hop heads reliving some of the glory days!

Le célèbre DJ a livré avec aisance un set hype de rap traxx classique, de rythmes de routards, de vibrations house, de riddims dancehall et de nombreux hymnes hip-hop de l’âge d’or. Sur le plan sonore, tout n’était que couleurs chaudes et basses profondes lorsque Bastid s’est emparé des 1’s et 2’s avec ses sélections vintage mixées à la perfection. La foule vibrait au rythme des acrobaties de Bastid, qui semblait créer des rythmes entièrement nouveaux à partir d’extraits d’autres morceaux, prouvant ainsi qu’il est l’une des forces les plus actives et créatives du monde des DJ de scratch.

(check out out the video below for an example from the BBQ)

Pour terminer la soirée, le DJ californien Nu-Mark est entré en scène, avec une performance explosive dès le départ, mélangeant avec fluidité certains des meilleurs beats de l’histoire du hip-hop, faisant vibrer le party, tout en créant une liste de lecture parfaite et en la découpant avec une dextérité sensationnelle. Espérons que ce soit le premier d’une longue série de BBQ Bastid à Montréal !

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new wave / punk rock / rock

POP Montréal | Édith Nylon, réapparition ? Apparition !

par Alain Brunet

Édith Nylon et ses potes de l’époque ont un malin plaisir à le faire durer. Troisième carte de la cuvée résurrection à POP Montréal, la chanteuse française n’intéressait que les collectionneurs de souvenirs.

Quiconque s’intéressait à la déferlante  punk rock et new wave de France  il y a 45 ans avait écouté Édith Nylon, ses claviers cheaps et ses guitares rasoirs étalés sur 4 albums.

Et puis d’autres ont pris le dessus, Édith Nylon avait disparu. Semble-t-il que l’aventure s’est poursuivie ailleurs que dans nos oreilles, de l’autre côté de la flaque, d’autant plus qu’Édith Nylon ne l’avait jamais traversée pour se produire à MTL. Alors réapparition ou carrément apparition ? Plus précisément, le groupe s’est reformé en 2020, au terme d’une pause de 37 ans ! Un album est sorti en 2021, semble-t-il que d’autres suivront La fin de la vie sauvage.

Alors voilà la punkette sans âge, Mylène Khaski,  s’amène après que ses collègues eurent chauffé leurs instruments et démarré le groove. Joyeux bardes grisonnants, certes dans la tranche 55-65 mais qui n’ont pas perdu la flamme. 

Oui, la batterie est un peu mince mais tient convenablement le tempo. Oui, les guitares moins rasoirs qu’à l’époque dominent les claviers. Oui, la soliste n’a pas la voix du siècle mais assure. Et oui, certainement, on ressent l’esprit de corps dans cette bande. On ressent leur bonheur de jouer, on apprécie leur cohésion, on observe leur inclination plus rock que punk, plus classique qu’échevelée. Réjouissant, en somme, même si les vieux tubes n’étaient pas aussi abondants que ne l’auraient souhaité les nostalgiques. Évidemment, outre Je suis un avorton, La Fin de la vie sauvage et autres Ne dis pas oui ne dis pas non,  Khaski aura chanté l’incontournable Édith Nylon. Paroxysme atteint dans la salle, il va sans dire.

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indie pop / indie rock / indietronica / pop / pop de chambre / rock

POP Montreal | Nous étions Stars

par Lyle Hendriks

Il est difficile de trouver un autre groupe qui ait connu la même trajectoire que le groupe pop indie Stars, formé à Montréal. Célébrant le 20e anniversaire de l’un de leurs albums les plus emblématiques, Set Yourself On Fire, nous avons eu droit à l’intégralité de l’album, avec tous les raffinements apportés en direct par le fait d’avoir joué avec tous les membres originaux du groupe pendant plus de deux décennies.

Les Stars sont réputés pour leur vision unique de leurs fans, une gratitude profonde et sincère qui leur a valu un public niche, mais vraiment fidèle, qui n’a pas faibli au fil des ans. Ce fut un plaisir de constater cette attitude de première main lorsque Stars est monté sur scène devant une salle comble dans le magnifique Rialto Theatre. Le chanteur Torquil Campbell dégage une grâce humble sur scène, regardant les centaines de visages souriants avec une chaleur et une gentillesse difficiles à exprimer. « Nous avons écrit ces chansons pour vous », a-t-il déclaré, « parce que nous savions que vous étiez là ».

Stars confère une confiance étonnante à ces vieux morceaux, les élevant encore plus avec les ajouts brillamment placés de saxophone et de violon, qui ajoutent une élégante touche de nuance et de beauté orchestrale à leurs morceaux caverneux. La chanteuse et guitariste Amy Millan ne peut s’empêcher de sourire suffisamment longtemps pour délivrer son chant délicat mais délicieux, tandis que le bassiste Evan Cranley bondit sur la scène à chaque note. Le travail de synthétiseur de Chris Seligman est magnifiquement modéré, se faufilant habilement entre les riffs décoiffants de Chris McCarron à la guitare solo. Les voix de Millan et Campbell sont vraiment magiques ensemble, et lorsque Cranley et Seligman montent sur le micro pour les soutenir, nous avons droit à un festin harmonique pour les oreilles.

Bien sûr, il est difficile de complimenter les voix de Stars sans mentionner les autres artistes invités : Presque tous les membres du public. J’ai été frappé par le dévouement et l’amour du public, qui a dansé, applaudi et chanté comme je l’ai rarement vu, même lors de concerts à guichets fermés donnés par des musiciens de renommée mondiale. C’était tellement palpable que Stars nous a laissé chanter la dernière chanson du set, « Calendar Girl », du début à la fin, mot pour mot – un magnifique chœur de centaines de voix s’unissant dans leur adoration commune pour Stars.

Stars est un phénomène au sens propre du terme. Quel autre artiste suscite un tel dévouement de la part d’un si grand nombre de personnes, avec une telle aisance ? Quel groupe indépendant canadien peut se vanter d’avoir la longévité et l’endurance de celui-ci ? Qui d’autre rejette l’idée d’être une idole et nous renvoie tout l’amour et la gratitude sans le moindre soupçon d’ironie ou de cynisme ? Stars n’est pas un groupe comme les autres, et c’était un plaisir de les voir faire ce tour de piste bien mérité.

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Photos : Stephan Boissonneault

indie pop / indie rock / rock

POP Montréal I The Dears sortent l’artillerie lourde

par Lyle Hendriks

Ce n’est pas tous les jours que l’on va voir un groupe indie-rock canadien et que l’on aperçoit 14 personnes monter sur scène. C’est pourtant ce qui s’est passé pour The Dears à POP Montréal, dans le magnifique Théâtre Rialto du Mile End.

Le groupe de cinq musiciens dirigé par Murray Lightburn et Natalia Yanchak était soutenu par un incroyable ensemble de neuf musiciens composé de cordes, de cuivres, de bois et même d’un chef d’orchestre. Ne connaissant pratiquement rien des Dears et de leur histoire riche de 24 ans de pop de chambre indie, je ne savais pas trop à quoi m’attendre de ce petit orchestre.

En jouant l’intégralité de leur album No Cities Left de 2003, nous avons eu droit à un set aux proportions épiques. Presque toutes les chansons s’étirent sur au moins cinq minutes, avec de nouvelles sections et parties qui s’écrasent encore et encore comme des vagues sur le rivage.

Lightburn, surnommé « The Black Morrissey » en raison de son chant puissant et mélodique, a fait une démonstration de son talent au micro, à la guitare et même au mélodica. Chaque ballade pourrait facilement servir de numéro culminant dans une comédie musicale indie sleaze, avec ses tons de ténor perçant à travers le réseau dense d’instrumentation fourni par l’énorme ensemble sur scène. La claviériste et chanteuse Natasha Yanchuk est une artiste incroyable, avec des mélodies au piano à la fois sinueuses et décisives, qui ne finissent jamais là où on les attend. Lorsque Yanchuk et Lightburn s’harmonisent, c’est avec l’assurance et la grâce que seule une grande familiarité peut apporter, ce qui est logique si l’on considère que les deux musiciens ont été mariés pendant la plus grande partie de leur relation de travail, qui dure depuis des décennies.

Des arrangements décalés, des guitares perplexes et minimalistes et une batterie immaculée ont fait du noyau dur de cinq musiciens un succès retentissant. Bien que les autres musiciens aient parfois rehaussé ces arrangements, je me suis retrouvé à souhaiter que les Dears fassent plus avec leur flotte de musiciens – en particulier les cuivres, qui semblaient rester là à se balancer pendant la majeure partie du concert, obtenant une ou deux phrases de temps de jeu pour chaque trois chansons jouées par les Dears. C’est le seul reproche que j’ai à faire à The Dears. Alors que les cordes ajoutent une profondeur et une texture magnifiques aux effets pop orchestraux de The Dears, pour élever cet album emblématique, je me suis retrouvé à vouloir plus d’espace pour les cuivres et les cordes, en les incorporant dans les arrangements plutôt qu’en les reléguant sur la touche.

Malgré tout, The Dears a offert un spectacle revigorant, et Lightburn et son armée de musiciens n’ont rien laissé derrière eux sur la scène. La foule a trouvé leur performance sensationnelle, y compris la mère de Lightburn, qui a assisté au spectacle depuis le balcon VIP, rayonnante et chantant chaque mot. The Dears n’est peut-être pas exactement à mon goût, mais leur passion est indéniable et a fait plaisir à voir lors de la dernière soirée de POP Montréal.

Photos : Stephan Boissonneault

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électro-rock / électronique / glam rock / punk hardcore / punk rock / rock

POP Montréal | Le tranchant d’Alix Fernz

par Alain Brunet

Alix Fernz alias Alexandre Fournier fait parler de lui depuis que l’étiquette  Mothland le met de l’avant. Et ce n’est qu’un début, l’artiste montréalais parcourt les festivals indie et alimentent un mythe naissant. On pouvait en témoigner ce samedi à la Sala Rossa.

Alix Fernz et son groupe défendaient une part congrue de Bizou, un album sorti en avril et qui n’est certes pas passé inaperçu. Pas très grand, pas très baraqué néanmoins athlétique, tatoué de long en large, les cheveux peroxydés. À l’évidence, le frontman souscrit mise sur un profil connu de rock star.

Comme il l’affirme lui-même lorsqu’on le lui demande, Alix Fernz ne carbure aucunement au psychédélisme ni à l’ambient ou autres fréquences placides qu’il considère fades ou carrément brunes. Il préfère visiblement les propositions plus musclées, plus carrées, plus rock, plus punk, plus post-punk, plus glam, plus hardcore, plus synthwave, plus noise. Il préfère humer les fleurs en polyéthylène, pour reprendre le titre d’une chanson récente de son cru. Il est enclin à des contes chansonniers pour le moins évocateurs, qu’il nomme Muselière, Crack de dent, Cage en verre, L’étranglé, Défigurée et plus encore.

L’attitude intense et le look de Fernz et de ses redoutables créatures  puisent dans l’imagerie punk mais la rugosité apparente de la facture n’exclut pas les structures rythmiques et harmoniques plus complexes. 

On y observe la rigueur du prog et du métal lorsque ces styles sont bien exécutés, mais le côté hirsute de l’interprétation en camouflent la rigueur, fort heureusement d’ailleurs.

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blues / folk / jazz / reggae / rock

POP Montréal | Yves Jarvis, le chapitre power trio

par Alain Brunet

Depuis qu’il s’est installé à Montréal il y a une dizaine d’années, je me penche assidûment sur le travail de Jean Sébastien Yves Audet au fil de ses pseudos : Faux Fur, Un Blonde, finalement Yves Jarvis depuis un bon moment déjà. 

Le label Anti- l’a même vu dans sa soupe, on croyait à sa propulsion en première division. On attend toujours et, pourtant, l’intérêt est toujours là.

Yves Jarvis et ses prédécesseurs ont exploré plusieurs territoires de la musique, et ça continue.

Vendredi à la Casa del Popolo, nous étions tassés comme des cornichons pour apprécier ce trip de Jarvis mené à fond dans le power trio hendrixien, parfois enclin aux harmonies de Joni Mitchell , puis au roots reggae et plus encore on s’en doute bien. Blues, rock, funk, folk, reggae, jazz, et une image de John Coltrane sur le thorax. Rien à l’épreuve de cet homme toujours jeune, si doué, si libre.

Yves Jarvis peut user certes de références connues, mais il est tout sauf le clone d’un classique pop-rock. 

Ce vendredi, on a vu et entendu que l’homme a gagné énormément de maturité pour ainsi occuper l’espace avec autant de ressources et prendre autant de temps pour accorder ses guitares.

Excellent riffer à la guitare, très bon soliste, chanteur doué, accompagné par basse et batterie. Solide sur toute la ligne, l’épisode power trio est palpitant et illustre une fois de plus cette totale liberté de pensée qu’exprime Yves Jarvis. Incarnation de l’anti-stratégie, Yves Jarvis pourra-t-il encore cheminer longtemps sur les routes secondaires et ansi alimenter son personnage ? L’avenir nous le dira.

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garage-rock

POP Montréal | The Fleshtones, autre remontée de coolitude

par Alain Brunet

Hormis son rôle de découverte de la culture émergente, POP Montréal est aussi l’occasion des résurrections et des remontées de coolitude. Beverly Glenn-Copeland était la grande prise cette année. Le garage rock aux effluves protopunk des Fleshtones était aussi une prise de choix.

Depuis les années 70, ces créatures de New York ramonent, labourent, ruminent un rock encore toujours aussi merveilleusement inachevé.

Ce côté croche, un peu mou et pataud  dans l’exécution, ce groove un tantinet stonien par moments, aurait pu produire un court effet. Or, The Fleshtones nous lancent encore de la bonne bouette, 40 ans plus tard ! Eux-mêmes font partie de l’œuvre, il faut dire. Leur énergie n’est pas celle de leur 20 ans mais celle de leurs 60 demeure remarquables et inspirantes pour les fans plus jeunes de la chose rock, qui n’ont pu vivre cette effervescence rock à New York dans les années 70 et 80.

En 2024, Peter Zaremba sait mener les claques, entrelarder ses présentations de charmantes phrases en français pour le public de MTL, et citer les faits d’armes des Fleshtones et des collègues de leur époque – Television, Stooges, Blondie, Ramones, etc. Son collègue à la basse Ken Fox peut compter sur une voix criarde à la Brian Johnson (AC/DC), il contribue au groove de Bill Milhizer à la batterie, pendant que le guitariste Keith Streng les alimente de riffs graveleux.

Enfin bref, Zaremba et ses sbires savent encore brasser la cage, plus précisément le chapiteau (Marché des Possibles) de Pop Montréal. Le set s’est terminé par une parade improvisée de  Fox et Zambera  autour de la console de son, au terme d’une série de joyeux rappels.

Sympa !

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alt-folk / alt-latino / électronique / latino

POP MONTRÉAL | Grande soirée latina, féministe et profonde

par Michel Labrecque

Vendredi soir, la Sala Rossa était remplie à craquer pour ce triple programme de voix hispanophones. Elles et ils ont beaucoup chanté, applaudi, crié. Un public majoritairement latino, mais pas que, car la créativité musicale de cette partie du monde attire aussi des curieux.ses séduit.e.s par le genre. 

Je vous propose une récapitulation à l’envers : le clou de cette soirée était la mexicaine Silvana Estrada, qui a clôturé la soirée. Comment dire? Sa voix très particulière nous transperce, nous ensorcelle, nous captive, nous berce. Qu’on comprenne les paroles ou pas, son registre vocal et ses trémolos, qui s’inspirent à la fois de la musique occidentale et indigène, nous plongent dans les tréfonds de l’âme mexicaine. Et nous sommes médusés par ce voyage. 

Seule sur scène, avec une guitare, un ukulélé et un piano électrique, Silvana Estrada se dit heureuse de venir à Montréal en cette saison. Car son dernier spectacle chez en plein hiver l’avait traumatisée. Elle fera également partie du spectacle hommage à Lhasa de Sela, au Rialto les 29 et 30 septembre.

La moitié de la salle connaissait les paroles de ses chansons. C’était la communion totale entre Silvana et son public. Une mexicaine debout à côté de moi se trouvait dans une extase totale. 

C’était un moment de grâce, effectivement. Sa prestation en solo magnifie sa voix, qui, dans les enregistrements studio, reste magnifique mais se fait un peu plus discrète en raison des orchestrations plus savantes. 

En deuxième partie, la Montréalaise d’origine colombienne Lapelúda nous a présenté le voyage intérieur d’une femme violentée sur le chemin de la guérison. 

C’est une proposition musicale alt-folk et introspective, menée par la voix chaude de Lapelúda, avec un quatuor très soudé, incluant deux percussionnistes. Nous cheminons avec l’artiste sur le chemin de sa guérison. La musique se fait de moins en moins triste et plus apaisée au fur et à mesure que le concert progresse. Elle nous parle d’une chanson d’amour écrite en état de choc traumatique. 

Lapelúda parle tantôt en espagnol, tantôt en anglais, tantôt en français québécois sans accent espagnol. D’ailleurs, sur son album Caidas (2022) on retrouve des chansons en français. En passant, c’est un album magnifique. 

Le parcours de Lapelúda (La chevelue) est décidément à suivre.

Cette soirée latine a été amorcée par la mexicoise Gabriella Olivo, qui a grandi à Québec, fille d’une couple mexicano-québécois, d’où le néologisme suggéré. À l’instar de  Maritza et de Noé Lira, cette jeune femme s’inscrit dans ce courant de réappropriation des origines culturelles, bien qu’ayant essentiellement grandi et vécu au Québec. 

Gabriella compose à la fois en français et en espagnol, saupoudrant le tout d’anglais. Sa musique est largement indie-folk et, à mon sens, gagnerait à être présentée avec un groupe de musiciens. Hier, il n’y avait qu’une accompagnatrice, avec des échantillonnages d’instruments. 

Gabriella Olivo sortira bientôt un nouvel EP. C’est une artiste émergente 

à suivre, qui possède, indubitablement, un talent et une créativité authentiques.

Bref, j’ai passé une superbe soirée en compagnie de ces dames. Il est extrêmement intéressant de voir s’agrandir la nébuleuse de nouvelles musiques latines, autant ici que dans les Amériques. Et le public qui suit.

Muy bien…No?

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pop / synth-glam / synth-pop

POP Montréal | Faux Real… vraie folie !

par Marianne Collette

Dire que le duo franco-américain Faux Real a une bonne présence scénique est un parfait euphémisme.

Jeudi soir au Piccolo Rialto, le tandem n’a pas lésiné sur ses efforts pour ravir son public, qui s’en est donné à cœur joie. Les airs étaient pour la plupart issus d’un premier album, Faux Maux, lequel est d’ailleurs toujours en gestation et devrait être disponible dans son entièreté le 11 octobre.

Comment les décrire? Si on mettait dans un mixeur un boy band des années 80, du glam rock et une bonne dose de synth-pop, on obtiendrait sans doute quelque chose de ce type.

Faisant preuve d’une énergie débordante, les frères Virgile et Elliot Arndt ont enchaîné leurs classiques (mais peut-on vraiment les qualifier de « classiques » ?), assortis de mouvements de danse synchronisés pour le plus grand plaisir des spectateurs, qui étaient fréquemment invités à danser à leur tour.

Il était d’ailleurs inspirant de voir un groupe qui arrive à en mettre plein la vue sans avoir recours à un budget mirobolant. Donnez-leur simplement un micro et une bande sonore et c’est parti. Même la scène semble optionnelle à voir comment le duo la quitte à tout instant pour rejoindre la foule. Le spectacle s’est même conclu en toute intimité, le duo ayant demandé à être éclairé uniquement par la lumière des cellulaires de la foule. En bref, toute une ambiance était instaurée pour ce qui était sans contredit une fête parfaitement réussie.

crédit photo: Sarah Driscoll

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