baroque

Montréal Baroque 2025 | 4 saisons : bienvenue au 21e siècle et dans la crise climatique, M. Vivaldi

par Frédéric Cardin

Des quatre saisons de Vivaldi, il semble que l’on puisse tirer toutes sortes de concepts expressifs et de symboliques contemporaines. C’est en vérité la marque d’un chef-d’œuvre bien vivant que tant d’artistes y puisent des signifiances multiples, n’en déplaise aux puristes constipés. 

Le concert final du Festival Montréal Baroque 2025 présentait une version accrochée à notre modernité climatique des fameuses Quatre saisons. Sur scène, en plus de l’ensemble Pallade Musica, des personnages évoquant la Nature et des humains qui la salissent. Entre chacune des saisons, une composition de Mathias Maute rappelant les thèmes de celle-ci, mais triturés afin de souligner le dérèglement de la nature. Les quatre partitions pour flûte à bec solo, souvent d’une redoutable virtuosité, ont été impeccablement rendues par Vincent Lauzer. 

La chorégraphie/mise en scène a eu la bonne idée de ne pas abuser de la présence des personnages. En effet, le problème que je constate parfois dans les ‘’collages’’ de chorégraphies sur de la musique classique existante, c’est l’insuffisance d’idées pour accompagner sans arrêt la musique. Ici, les apparitions étaient occasionnelles, bien que nombreuses, laissant suffisamment de pauses pour revenir à la musique seule. Le personnage de Dame Nature était continuellement présent, mais souvent en retrait, comme un observateur. Bref, l’équilibre était réussi. 

Côté musique, soulignons le jeu rugueux, voire violent, de Pallade Musica, qui a construit des Saisons caractérisées par une rare intensité émotionnelle et physique, déviant souvent du principe du ‘’beau son’’ pour aller au bout de sa vision incendiaire. Sur certaines notes, la justesse était parfois escamotée, ce qui ne devrait pas être sous-estimé ou négligé (à corriger, donc), mais au-delà de ce détail, nous avons eu droit à une vision post-punk 21e siècle, et une démarche qui, en vérité, ne détonne absolument pas avec la Crise climatique en cours.

Évidemment, ce genre d’attitude peut déplaire souverainement à des professeurs-du-bon-goût autoproclamés, du genre de ceux qui officient dans un quotidien montréalais bien connu. C’était à prévoir. Une critique récente du personnage en question fait la comparaison avec les mêmes Quatre saisons présentées par le festival de musique de chambre de Montréal à la Maison symphonique, avec le génial Kerson Leong en tant que soliste (lien vers l’article en bas de page). Inutile de mettre les deux versions dos à dos : leur nature est totalement différente. 

En effet, Leong est souverain en tant que soliste, et ce tout du long (chez Pallade Musica, un.e soliste différent.e était à l’œuvre pour chaque saison). C’est l’un des plus éclatants violonistes de sa génération. Lui et son ensemble ont effectivement construit un édifice lumineux et parfaitement équilibré, tonalement idéal et techniquement sans accroc. Des saisons pures et inspirantes. 

Mais l’argument, sous-entendu, de ce critique bien connu est que c’est l’unique façon de concevoir ce chef-d’œuvre. Encore une fois, je souligne la médiocrité argumentaire manifestée par monsieur, comme je l’avais déjà fait précédemment sur un autre sujet (LISEZ L’ÉDITORIAL La diversité n’est pas un punching-bag). 

Un chef-d’œuvre qui ne pourrait stimuler diverses interprétations, et justement les plus extrêmes, serait condamné à l’empoussiérage. Libre à chacun d’apprécier ou pas, bien sûr, mais l’insinuation qu’une façon de faire est justifiée et l’autre pas est ridicule. 

En fin de compte, ces Quatre saisons de la Crise climatique offrent un commentaire original et particulier du monument vivaldien, troquant ‘’perfection plastique’’ pour incarnation symbolique provocante et mémorable. 

Lien vers l’article mentionné plus haut:

https://www.ledevoir.com/culture/musique/894091/critique-concert-deux-fois-quatre-saisons-cloture-festivals

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