Sous la direction de Rafael Payare, Barbara Hannigan, accompagnée de l’OSM, a livré une interprétation envoûtante de la composition de Zahra Di Castro, In the Half-Light. Comme le titre lui-même le suggère, cette œuvre est une exploration des espaces liminaires du crépuscule et de l’aube, tissant un récit fragile qui oscille avec grâce entre les moments de tension et de résolution, entre la lumière et l’obscurité. La composition, un cycle de chansons comportant des textes de l’écrivain malaisien Tash Aw, transcende la simple musicalité pour approfondir les thèmes du déplacement humain, reflétant les aspirations et les rêves des migrants, des réfugiés et de ceux qui recherchent une lumière métaphorique ailleurs.
L’œuvre, à juste titre chargée de tension, incorpore des textures cinématographiques et impressionnistes rappelant Ravel et Lili Boulanger. Hannigan, réputée pour sa virtuosité et sa maîtrise du répertoire contemporain, a habilement donné vie au drame inhérent à la composition de Di Castro. Ses prouesses vocales, marquées par un riche vibrato qui remplissait sans effort la Maison Symphonique, révélaient non seulement une maîtrise technique mais aussi une profonde profondeur émotionnelle. Chaque note dégageait un sentiment d’authenticité, en résonance avec l’intégrité avec laquelle Hannigan a abordé la performance.
Même si l’impact global de la pièce était indéniablement puissant, toute critique potentielle pourrait être dirigée davantage vers la nature de l’œuvre elle-même que vers l’exécution de Hannigan. Comme c’est souvent le cas dans de nombreuses compositions contemporaines, In the Half-Light s’aventure au-delà des structures tonales traditionnelles, embrassant la dissonance pour transmettre des nuances thématiques plus larges. Même si cela ne correspond pas toujours aux préférences musicales conventionnelles, cela répond à un objectif narratif, soulignant les thèmes plus larges de la composition. Malgré des moments de dissonance, ces choix n’ont fait qu’amplifier l’impact des moments lumineux, où les subtilités de l’orchestration de Di Castro se confondaient harmonieusement avec la mise en scène de Payare et l’exécution délicate de Hannigan, créant des moments proches du sublime.