classique occidental

Quarantaine orchestrale : Orchestre symphonique de Drummondville – occuper le territoire

par François Vallières

Annulation, report, déconfinement, possible deuxième vague… De quoi sera fait notre automne? Comment conjuguer concert et distanciation? Dans notre nouvelle série-dossier, nous avons posé quelques questions à des directrices et directeurs artistiques, afin d’imaginer ce qui se prépare dans les ensembles et orchestres du Québec. Quatrième sujet de notre série : Julien Proulx, directeur artistique et chef de l’Orchestre symphonique de Drummondville.

Julien Proulx,  directeur artistique et chef de l’Orchestre symphonique de Drummondville, a dû réagir promptement face aux événements actuels. « Assez rapidement,  raconte-t-il, j’ai planifié une saison complètement différente et reporté notre saison prévue, parce que celle-ci était immense et ça n’aurait pas eu de sens qu’elle soit présentée de manière morcelée. 

 « On va probablement explorer tout au long de l’année, avec, peut-être vers la fin, un ou deux concerts où on va vraiment retourner en salle. »

Selon Proulx, un concert conventionnel suivant les directives de distanciation de la santé publique est-il possible?

« À la base, non. Notre public apprécie notre série des Grands Concerts, il connaît bien la salle, il connaît bien l’orchestre. Dans ce genre de situation, il ferait face à une situation pas mal moins intéressante. Ça va être plus froid, il va y avoir moins de monde, l’orchestre va être plus petit. C’est pour ça que j’ai pris le pari d’explorer d’autres lieux, peut-être plus grands, où la distanciation serait plus facile à gérer, où les familles pourraient venir voir les concerts. »

Le chef de l’OSD ne pense pas que le virage technologique soit une solution qui s’applique à tout le monde.

 « La problématique de notre capacité à continuer à vivre comme ensemble, soulève-t-il,  est différente selon la taille  et la mission de celui-ci. À Berlin, à New York et même plus près de nous avec l’Orchestre symphonique de Montréal  et le Métropolitain, on savait que ces ensembles  iraient vers les retransmissions et le streaming, entre autres. Je ne crois que pas que la mission de l’OSD se trouve là nécessairement. Ce qui est important et intéressant pour nous et pour les orchestres de région en général, c’est de rencontrer les gens. On va sortir et aller les rencontrer dans la ville, dans les parcs, en groupes de musique de chambre ou en orchestre réduit. »

Julien Proulx renchérit: 

« Oui, on veut aller vers les gens et occuper le territoire, mais faire vivre musicalement les musiciens aussi. Sauf quelques exceptions, les musiciens d’orchestre au Québec sont des pigistes contractuels et la structure actuelle des organisme culturels est telle qu’en cas d’urgence, les personnes qu’on peut “tasser” pour sauver les meubles sont justement celles qui font la musique, ce qui n’a aucun sens. Dans notre façon de subventionner l’art, on subventionne les institutions et les permanences. J’ai senti le devoir de, coûte que coûte, donner de la job aux musiciens. »

Proulx est également directeur artistique et musical du Chœur de la montagne, un des plus grands chœurs amateurs de la province. 

Qu’en est-il de ce côté ?

« Les chœurs non professionnels font face à plusieurs problèmes. Premièrement, le but de chanter dans un chœur amateur, c’est d’être avec des amis, des connaissances. C’est chanter collectivement, c’est un lien social. Donc,  chanter à deux  mètres de distance avec des plexiglas, je ne sais pas si c’est valable. Deuxièmement, c’est le nombre. Au Chœur de la montagne, on est 95. On a beau avoir un grand local, il va falloir trouver d’autres solutions. Le grand enjeu également, c’est le risque à cause de l’âge. La moyenne d’âge au Chœur est de 65 ans, ce qui doit ressembler à la majorité des chœurs amateurs au Québec. »

Y a-t-il une solution?

 « On continue de réfléchir  à ce qu’on peut faire pour que quand on reprendra dans un an, on soit en meilleure posture que maintenant. J’ai continué à tenir des réunions Zoom avec les choristes, où on a parlé de musique, de théorie, où on a écouté des œuvres. On va faire un sondage parmi eux pour savoir quels genres de cours ils aimeraient suivre –  cours de solfèges, de littérature musicale, de prononciation et même des cours de piano pour qu’ils puissent s’accompagner en chantant. Ensuite, nous pourrions faire des petits groupes, scinder le chœur en plusieurs ensembles. Si on ne fait rien, on perd une année et je ne veux pas ça. C’est certain que c’est un grand enjeu, c’est pour ça qu’on s’assure d’avoir beaucoup de plans et de possibilités et d’être capables de s’adapter rapidement. »

Site web de l’Orchestre symphonique de Drummondville
Site web du Chœur de la montagne

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