Facebook – Déménager ou rester là?

par Patrice Caron

L’arrivée au pouvoir des méta-barons aux États-Unis a provoqué toute sortes de réactions, dont une migration vers un réseau social plein de promesses en guise de protestation à la nouvelle approche MAGA des magnats des GAFAMS. Qu’on soit encore sur ce qui a été Twitter à ce jour n’est pas trop justifiable étant donné la transformation radicale amorcée en 2022 mais Facebook, malgré sa censure des médias canadiens, a quand même gardé une importance certaine pour des millions de Canadiens.

Depuis le premier jour, Facebook est un produit imparfait. En échange de nos vies/données, on a un réseau social qui a pris tant d’importance qu’une alternative, même supérieure, n’aura jamais la même adhésion.

L’avènement du roi des trolls a révélé que ô surprise, Zuckerberg aime l’argent. Et que pour en faire plus, au diable les belles intentions. Pas une grosse révélation mais voilà, on cherche maintenant à au moins essayer de résister, protester, être pris en considération.

On vote avec nos pieds. On lâche. Pour l’ex-Twitter, ok, le bonze adopte les allures d’un nazi et utilise sa tribune pour troller la planète. C’est même insultant que nos gouvernements utilisent encore cette plateforme pour nous parler, qu’est-ce que ça leur prend pour trouver autre chose? Make fax great again, genre. Mais Facebook? Ok le milliardaire en haut est un douch pas de classe qui ne serait jamais mon ami. Mais à date, à ce qu’on sait, ce n’est pas un nazi et je n’ai jamais vu une publication de sa part ou même un commentaire, je ne le suis pas et contrairement à X, on ne nous impose pas sa prose.

Parce que, pour le  moment, contrairement à X, quand on fait un peu de ménage, on voit pas mal ce qu’on veut sur Facebook, sauf ce qu’ils censurent. Les suggestions/publicités et autres qui pullulent sont souvent reliés à des choses qu’on suit déjà. Et à moins d’avoir un penchant pour le wacko world, on en voit pas trop de ce contenu, tout dépendant de vos amis. On voit les extraits de musique, de films et de culture, si c’est ça votre intérêt, sinon des trucs de doomsday preppers, si c’est ça qui vous branche. Ça prend du temps et malgré toute la merde qui se faufile, ça finit par être un environnement où tu peux t’y retrouver. Le yin et le yang des algorithmes, des fois ça tombe du bon bord.

La particularité culturelle du Québec fait que le réseau qui s’est bâti sur Facebook est pas mal la seule chose qui nous reste. C’est la seule chose qui nous permet de nous parler. Encore.

Les autres médias en sont complémentaires et de les interdire, c’est la pire chose qui pouvait arriver à ce réseau. Pas que le Zucko ne veuille plus censurer les wackos. Ou qu’il aille s’agenouiller devant le roi des trolls. C’est de planter les derniers clous dans les cercueils de ces médias en phase terminale du cancer de… Facebook. Ça serait drôle si ce n’était pas si triste.

Ça fait plus d’un an et il n’y’a rien qui donne un semblant d’espoir. Les médias qui résistent encore sont de plus en plus faibles et on sait ce qui s’en vient. Mais en attendant, on fait quoi? On se disperse et pis après? Ça sert qui? Diviser pour régner qu’ils disaient.

Les raisons de quitter sont légitimes mais on y perd des voix importantes dans un débat qu’il faut avoir pour qu’une certaine idée du Québec continue d’exister. On coupe le lien que ceux qui nous donnent une identité, les artistes, avec un public impossible à rejoindre autrement et qui ont eux aussi autre chose à faire qu’à se rebâtir un réseau qui ne sera jamais ce qu’ils ont déjà.

On laisse la place à des vendeurs de pacotilles et on regarde le bateau couler en jouant du violon sur une banquise qui fond…? Ou à parler dans le vide jusqu’à ce qu’on se lasse de ça aussi…? Non. Je veux les voir tes photos sur la plage aux Philippines, du show que t’es allé voir, de ce que tu as pensé du film que tu as vu. Je veux savoir ce qui se passe à soir même si j’ai le fomo et que je vais probablement passer une partie de ma soirée à doomscroller en me disant que j’aurais donc dû. Savoir qui est passé à Tout le monde en parle même si je n’écoute jamais ça. Savoir qui a gagné au hockey même si je m’en crisse. Tsé, savoir ce que mes amis vivent, aiment, haïssent.

Si demain matin, tout se retrouvait ailleurs que sur une plateforme de méga-millionnaires, go. J’ai zéro attachement autre que pratique pour ce truc et les bro-riches peuvent bien me sucer le gros orteil gauche. Mais ce n’est pas vrai que je vais les laisser gagner sans résister. Parce que leurs empires n’existent pas si il n’y a rien dedans et que dans le fond, c’est à nous tout ça.

Ce n’est pas le temps de se taire ou de se sauver, au contraire. Tout est tellement imbriqué qu’il n’y a pas moyen d’y échapper. Même si le ciel semble plus bleu ailleurs, ça reste à la merci d’un riche qui aime plus l’argent que d’être capable de respirer. On ne rêve plus à quelque chose qui nous appartient mais d’avoir encore notre place. De demeurer vivants.

Ne partez pas, on a besoin de vous.

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