Ce trio se nomme Birmani, mais le musicophile aura fort à faire pour dégoter dans son œuvre la moindre allusion à la patrie d’Aung San Suu Kyi (pour ça, faut plutôt chercher du côté de la bande à Bono). À tout prendre, cette formation aurait donc pu s’appeler « Indonési » ou « Papouasi ». Après trois microalbums portant le sceau Birmani et lancés entre l’automne 2018 et le printemps 2019, voici un recueil qu’on pourrait qualifier de complet puisqu’il totalise 33 minutes et quelques secondes de musique. Ça commence, comme chez un certain quatuor de Birmingham jadis, par une pièce qui porte le même nom que le groupe et l’album. Le rythme est diablement syncopé et les riffs fendent l’espace auditif au merlin (pas le magicien, mais l’outil de bûcheron). Ça se poursuit avec Balles de plomb, Un automne (de marde) qui nous rappelle le Jesus Christ Pose de Soundgarden – salutations à Kim Thayil –, un interlude acoustique, question de reprendre son souffle, Lac de la confusion où le tempo s’accroît, Les pieds soudés (à ton plancher) – salutations à Josh Homme et ses Reines de l’âge de pierre –, Sans savoir où l’on se calme le pompon à petites doses de Mellotron, puis enfin Alaska, long blues psychédélique lesté de plomb et d’échos, comme le Pendulous Skin de Mastodon sur Blood Mountain. Outre l’apport textuel de l’auteure Gabrielle Delamer sur trois chansons, Simon Doucet-Carrière, Antoine Lévesque-Roy et Mathieu Racine ont tout fait eux-mêmes. Félicitons-les chaudement, car cet album homonyme gonflera de bonheur le cœur de tous les musicophiles friands de sonorités stoner, métal, sludge et psychédéliques.
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