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L’oeuvre de feu Jean-Pierre Ferland, toutes périodes confondues, est interprété ce week-end, par le baryton Marc-Antoine d’Aragon dans une mise en scène de Judith Pelletier. Le chanteur et directeur artistique sera accompagné par 9 musiciens qui exploreront son œuvre, et pas les moindres: le claviériste Alain Leblanc, directeur musical des 30 dernières années de Ferland, l’excellente chanteuse Lynn Jodoin, qui fut choriste de Ferland pendant 20 ans, sans compter Elza d’Aragon, Francis Tétu, Antoine Rochefort, Nadia Monczak, Bojana Milinov, Annie Gadbois et Justine Fournier. Les réorchestrations d’Alain Leblanc comptent des chefs-d’œuvre oubliés, des classiques des albums Jaune et Soleil, le tout décliné en pot-pourri ou en chansons entières dont les incontournables Je reviens chez nous, Un peu plus loin et Une chance qu’on s’a.
Les représentations ont lieu ce samedi soir à Otterburn Park et dimanche après-midi à la Cinquième Salle de la PdA.
Marc-Antoine explique ici les fondements de ce spectacle hommage.
PAN M 360: Comment en es-tu venu à vouloir chanter le répertoire de JP Ferland, mort il y a exactement un an?
Marc-Antoine d’Aragon : J’écoute la musique de Ferland depuis l’enfance, alors que ma mère écoutait sa musique à tue-tête dans le salon et m’a emmené avec elle le voir en spectacle quelques fois. Quand j’ai commencé à jouer avec mon groupe Bohème il y a 8 ans, c’était une évidence que d’y inclure du Ferland. On faisait à tous nos spectacles les célèbres Une chance qu’on s’a et Un peu plus loin et on commençait à discuter de faire un spectacle complet qui lui serait dédié. Lorsqu’il est décédé l’an passé, ça a propulsé le projet, mais j’avais envie de faire ça avec plus de musiciens. J’ai tout de suite contacté mon amie Lynn Jodoin pour lui proposer de monter ça avec moi et c’était évident qu’on voulait travailler avec Alain Leblanc à la direction musicale, lui qui a été au côté de Ferland pendant plus de 25 ans..
PAN M 360 : Comment as-tu choisi le répertoire? Quelles périodes de Ferland as-tu choisies pour ce récital?
Marc-Antoine d’Aragon : J’adore les années 60 ! Il s’inspirait beaucoup de la tradition des grandes chansons de Brel, Piaf, Aznavour, où l’artiste était accompagné d’un orchestre. On a donc décidé de consacrer la première partie du spectacle à cette période là en revisitant plusieurs succès oubliés. Initialement, le spectacle durait plus de 4h ! On a dû couper plein de belles mélodies et de faire quelques Medley pour avoir une longueur de spectacle décente. En deuxième partie, on a décidé de consacrer 45 minutes aux trois albums emblématiques qui se sont succédés en de 1970 à 1974 : Jaune, Soleil, Les vierges du Québec. Qu’on fera en 3 medley successifs. Et ça allait de soi de refaire quelques pièces de l’album qui l’a relancé en 1995 : Écoute pas ça.
C’est sans conteste un chef d’oeuvre, qui a été mis en musique en bonne partie par Alain Leblanc qui a recréé tous les arrangements pour le spectacle.
PAN M 360 : JP a eu au moins trois grands cycles de création : la période chansonnier / chanson française, la période pop psychédélique (Jaune, Soleil, Les Vierges du Québec) et le folk-pop avec Écoute pas ça, L’amour c’est d’l’ouvrage), etc. Quel son cherches-tu là-dedans?
Marc-Antoine d’Aragon : On est souvent retourné à la base de ces albums pour retrouver le son qui en fait la renommée, tout en cherchant à actualiser certains titres à notre façon. D’ailleurs, Lynn et moi chantons en duo plusieurs titres, donc d’emblée ça procure une nouvelle couleur aux pièces.
PAN M 360 : Tu es allé aux sources de son accompagnement puisque tu travailles avec Alain Leblanc et Lynn Jodoin, piliers du groupe de Ferland pendant le dernier cycle de sa vie profession- nelle. Comment as-tu tissé des liens avec ces artistes, au point de les convaincre de t’accompagner?
Marc-Antoine d’Aragon :Je connais Lynn depuis quelques années alors qu’elle enseigne le chant à ma grande fille Elza. Elle est devenue une amie. Alain m’a entendu chanté sa pièce Une chance qu’on s’a avec mon groupe Bohème et a beaucoup aimé mon interprétation. Ça n’a pas pris beaucoup de temps pour qu’ils acceptent de faire ça avec moi. Je me sens tellement choyé d’être si bien entouré.
PAN M 360 : Tu seras accompagné par des musiciens qui exploreront l’œuvre de JPF, réorchestrée par Alain Leblanc : Elza d’Aragon, Francis Tétu, Antoine Rochefort, Nadia Monczak, Bojana Mili- nov, Annie Gadbois et Justine Fournier. Peux-tu nous justifier sommairement ces embauches et ce que tu cherches à projeter avec eux? As-tu monté ton groupe avec eux ou encore les as-tu simplement embauchés pour ensuite monter ton groupe?
Marc-Antoine d’Aragon : Annie et Antoine sont des proches collaborateurs d’Alain, les autres sont de bons amis avec un talent fou. Mais au delà de leurs capacités techniques, ce sont tous des êtres humains formidables. Alain, Lynn et moi avons discuté du son qu’on voulait donner mais aussi de l’ambiance de travail dans laquelle on désirait travailler. Dans un monde idéal on aurait été 15 sur scène, mais on a dû se restreindre pour limiter les coûts, et garder un show qui puisse se promener en tournée, éventuellement.
PAN M 360 : En tant que chanteur lyrique, comment le baryton que tu es s’adapte-t-il au répertoire populaire sans se dénaturer?
Marc-Antoine d’Aragon : C’est sûr que je ne peux pas renier complètement ma pâte vocale, mais j’apprends humblement à délaisser la grandiloquence, au profit de plus de simplicité. J’essaie de me connecter au texte, pour pratiquement le parler à certains moments. C’est un work in progress ! Je suis un éternel étudiant de la musique, et j’apprends beaucoup au côté de Lynn et Alain.
PAN M 360 : Ta technique vocale fut longtemps mise à profit dans le répertoire populaire… jusqu’à ce que la pop culture la dénigre dans les années 60. Comment redonner à cette forme « opérette » sa crédibilité?
Marc-Antoine d’Aragon : C’est un excellente question qui au coeur de mes préoccupations. J’ai d’ailleurs passé une partie de mon doctorat en chant à réfléchir à cette question. Car, j’aimerais beaucoup que les belles textures vocales que l’on entendait avant les années 70 en musique populaire reviennent. J’écris beaucoup de musique, de chansons, mais je n’ai rien sorti encore, entre autres car j’explore le type de son que je veux leur donner; mes inspirations sont vastes, j’adore le rock, le progressif, le folk et la musique classique.
PAN M 360 : Qu’en est-il de la mise en scène de Judith Pelletier?
Marc-Antoine d’Aragon : Judith m’a donné un coup de main avec la présentation des pièces, avec la conception de l’éclairage, de notre habillement, mais surtout de mon expression, de mon regard et de mon interprétation des pièces. C’est une formidable coach.
PAN M 360 : On a eu vent de Ferland symphonique, te voilà avec ton propre concept, d’autres pour- raient tenter de s’imposer. Comment tirer son épingle du jeu dans cette compétition à venir? Y aura-t-il une suite à ces deux concerts donnés ce week-end?
Marc-Antoined’Aragon : Pour l’instant, on est un peu obligé de mettre sur pause les projets de tournée de mon spectacle en 2026, pendant que leur gros projet part en tournée. Mais ce n’est que partie remise, la musique de Ferland mérite de continuer à vivre longtemps et je reste aux aguets pour saisir des opportunités de présenter sa musique au plus grand nombre !