classique occidental

Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles

par Frédéric Cardin

Samedi soir, le 12 avril, avait lieu le concert des Étoiles montantes de l’Université de Montréal. Des finissants en direction d’orchestre, en composition et interprétation (flûtes) ont présenté le résultat d’années d’apprentissage. Celui-ci est inspirant.

La cheffe Marie-France Mathieu a commencé par présenter les trois premières pièces au programme, des créations de trois étudiants en composition, Gabriel José Melim Schwarz, Amichai Ben Shalev et Charles-Vincent Lemelin. Schwarz a offert une pièce néo-romantique tonale et plutôt solaire, ironiquement intitulée Folle. Vibrante d’énergie inspirée du Brésil natal de Schwarz, il s’agit d’une œuvre agréable à écouter, peu exigeante pour l’auditeur. 

Suivait A Groyse Metzieh de Ben Shalev, musicien que l’on connaît également pour faire partie de l’ensemble Les Arrivants. Le titre signifie ‘’une belle trouvaille’’, qui est en vérité une formule sarcastique typique de l’humour juif et qui veut dire ‘’pas grand-chose’’. J’ai beaucoup aimé cette pièce post-moderne qui mélange tonalité et avant-gardisme bruitiste, grâce à une large palette de techniques instrumentales liées à l’expérimentation. Ça commence dans une atmosphère sombre avec un thème chaleureux aux cordes, vite parcouru de saillies colorées que n’aurait pas déplues à Messiaen. Le reste avance lentement mais sûrement vers une saturation ponctuée de stridences tonitruantes avant de se terminer dans un retour à la consonance, mais avec le chœur des cuivres. Superbe.

Finalement, la Passacaille de Lemelin m’a fait le plus grand effet. Dans cette pièce qui traite l’orchestre comme une masse vivante, sombre mais néanmoins parcourue de nombreuses stries lumineuses, et qui se gonfle graduellement jusqu’à sa densité sonore et harmonique maximales, j’ai perçu des échos de Saariaho, de Rautavaaraa, mais aussi d’un certain monumentalisme Straussien et de l’expressionnisme musclé de l’ex-Hollywoodien Goldenthal. Passacaille est une démonstration de puissance tranquille, parfaitement calibrée et construite. Votre humble chroniqueur a grandement apprécié.

Le reste du programme faisait place à du répertoire Romantique, à commencer par un charmant Concerto pour deux flûtes de Franz Doppler, le roi de la flûte (avec son frère) au 19e siècle. C’était l’occasion de voir et entendre à l’oeuvre deux jeunes interprètes lauréats du 3e prix au Concours de Concerto de l’OUM 2024, Gabriel Lapointe Guay et Sarah Billet. Les deux artistes ont insufflé toute la pétillance voulue dans cette musique souriante et bienfaisante. 

La deuxième partie était consacrée à l’Ouverture Manfred de Schumann et à la Suite (1919) de l’Oiseau de feu de Stravinsky. C’était surtout l’occasion de juger du travail de direction de Marie-France Mathieu et de Paul Karekezi. C’est ce dernier qui nous a donné une Manfred pleine de drame, habitée par une nécessaire décharge d’émotions conflictuelles. Peut-être un peu tempérée, mais bellement incarnée. 

L’Oiseau de feu a été animé de très belles couleurs et de détails cristallins soulignés avec force par la cheffe Mathieu. 

Puisque les deux jeunes artistes en direction ont également mené l’OUM (Orchestre de l’Université de Montréal) dans les créations citées précédemment, j’ai pu remarquer deux personnalités de battue et de contrôle différentes mais complémentaires. 

Paul Karekazi, qui dirigeait la Passacaille de Lemelin (et comme je viens de le dire, Manfred), a témoigné d’une direction claire, certes, mais surtout imprégnée d’intensité émotionnelle et de force intérieure. Celles-ci favorisent des nuances appuyées et un legato empreint de lyrisme senti.

Marie-France Mathieu quant à elle, plus sobre dans ses épanchements, sait toutefois faire habilement ressortir les coloris détaillés et les contrastes texturaux de manière limpide grâce à une battue chirurgicale qui ne laisse planer aucun doute. Elle a très bien mené les pièces de Schwarz et ben Shalev, le Doppler (et bien sûr le Stravinsky). 

Soulignons que Karekazi et Mathieu sont des étudiants de Paolo Bellomia, les deux flûtistes proviennent de la classe de Denis Bluteau, et les trois compositeurs profitent du savoir de Jimmie Leblanc, Ana Sokolovic, François-Hugues Leclair et Olivier Alary. 

Ce fut une très belle soirée pour l’avenir de la musique à Montréal, au Québec et au Canada.

crédit photo: Tiago Curado

classique / classique moderne / post-romantique

Pro Musica : Lucas Debargue à la salle Pierre-Mercure

par Rédaction PAN M 360

« Depuis le passage de Glenn Gould à Moscou et la victoire de Van Cliburn au Concours Tchaïkovski en pleine guerre froide, un pianiste étranger n’avait jamais suscité pareille effervescence. » Olivier Bellamy, Le HUFFINGTON POST
Révélé par le 15e Concours International Tchaïkovski à Moscou en juin 2015, Lucas Debargue est aujourd’hui un des pianistes les plus demandés au monde.
Il s’est déjà produit dans les salles les plus prestigieuses, parmi lesquelles le Théâtre Mariinski et la Grande Salle de la Philharmonie de Saint-Petersbourg, la Philharmonie et le Théâtre des Champs Elysées à Paris, le Wigmore Hall et le Royal Festival Hall à Londres, le Concertgebouw d’Amsterdam, le Victoria Hall à Genève, les Konzerthaus de Vienne et Berlin, le Carnegie Hall de New York, le Prinzregententheater de Munich et la Philharmonie de Berlin, la Philharmonie de Varsovie, le Konserthuset à Stockholm, la Grande Salle du Conservatoire Tchaïkovski et la Salle Tchaïkovski de Moscou, et bien d’autres à Seatle, Chicago, Montréal, Toronto, Mexico, Tokyo, Osaka, Beijing, Taipei, Shanghai, Séoul …
Il joue régulièrement sous la baguette de chefs tels que Valery Gergiev, Mikhaïl Pletnev, Vladimir Jurowsky, Andrey Boreyko, Tugan Sokhiev, Vladimir Spivakov, Bertrand De Billy, et a déjà joué en musique de chambre avec Gidon Kremer, Janine Jansen, Martin Fröst.
Lucas Debargue consacre aussi une grande partie de son temps à la composition et est l’auteur d’une vingtaine de pièces pour piano seul et pour ensembles de musique de chambre.

« Since Glenn Gould’s visit to Moscow and Van Cliburn’s victory at the Tchaikovsky Competition during the Cold War, no foreign pianist has caused such a stir. »
— Olivier Bellamy, Le Huffington Post
Revealed at the 15th International Tchaikovsky Competition in Moscow in June 2015, Lucas Debargue is now one of the most sought-after pianists in the world.
He has already performed in the most prestigious venues, including the Mariinsky Theatre and the Grand Hall of the Saint Petersburg Philharmonic, the Philharmonie and Théâtre des Champs Elysées in Paris, Wigmore Hall and Royal Festival Hall in London, the Concertgebouw in Amsterdam, Victoria Hall in Geneva, the Konzerthaus in Vienna and Berlin, Carnegie Hall in New York, Prinzregententheater in Munich, the Berlin Philharmonie, the Warsaw Philharmonie, Konserthuset in Stockholm, the Grand Hall of the Tchaikovsky Conservatory and Tchaikovsky Hall in Moscow, and many others in Seattle, Chicago, Montreal, Toronto, Mexico, Tokyo, Osaka, Beijing, Taipei, Shanghai, Seoul…
He regularly performs under the baton of conductors such as Valery Gergiev, Mikhaïl Pletnev, Vladimir Jurowsky, Andrey Boreyko, Tugan Sokhiev, Vladimir Spivakov, Bertrand De Billy, and has already performed in chamber music with Gidon Kremer, Janine Jansen, and Martin Fröst.
Lucas Debargue also dedicates a significant part of his time to composition and is the author of around twenty pieces for solo piano and chamber music ensembles.

Programme

Saison Prodige – Lucas Debargue, piano
MAURICE RAVEL, Jeux D’eau, M.30
MAURICE RAVEL, Sonatine, M.40
GABRIEL FAURÉ, Mazurka en si bémol majeur, op. 32
GABRIEL FAURÉ, Barcarolle no.9, op.101
GABRIEL FAURÉ, Nocturne no.12, op.107
GABRIEL FAURÉ, Impromptu no.5, op. 102
GABRIEL FAURÉ, Valse caprice no.4, op. 62
-ENTRACTE-
LUCAS DEBARGUE, Suite en ré mineur
LUCAS DEBARGUE, Prélude
LUCAS DEBARGUE, Pantomime
LUCAS DEBARGUE, Sarabande
LUCAS DEBARGUE, Menuet Guerrier
LUCAS DEBARGUE, Gigue
ALEXANDRE SCRIABIN, Sonate no.3 en fa dièse mineur, op. 23.

Program

Prodigy Season – Lucas Debargue, piano
MAURICE RAVEL, Jeux D’eau, M.30
MAURICE RAVEL, Sonatine, M.40
GABRIEL FAURÉ, Mazurka in B-flat major, Op. 32
GABRIEL FAURÉ, Barcarolle No. 9, Op. 101
GABRIEL FAURÉ, Nocturne No. 12, Op. 107
GABRIEL FAURÉ, Impromptu No. 5, Op. 102
GABRIEL FAURÉ, Valse caprice No. 4, Op. 62
INTERMISSION
LUCAS DEBARGUE, Suite in D minor
LUCAS DEBARGUE, Prelude
LUCAS DEBARGUE, Pantomime
LUCAS DEBARGUE, Sarabande
LUCAS DEBARGUE, Menuet Guerrier
LUCAS DEBARGUE, Gigue
ALEXANDER SCRIABIN, Sonata No. 3 in F-sharp minor, Op. 23

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R&B / rap

Nelly au Centre Bell

par Rédaction PAN M 360

Artiste hip-hop récompensé aux Grammy Awards, Nelly a enregistré avec les St. Lunatics. Il s’est fait connaître grâce à l’album « Country Grammar » sorti en 2000 qui s’est vendu à plus de huit millions de copies.

A Grammy Award-winning hip-hop artist, Nelly has recorded with the St. Lunatics. He made his name with the album “Country Grammar”, released in 2000, which sold over eight million copies.

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indie rock / lo-fi / rock expérimental

Mount Eerie au Théâtre Fairmount

par Rédaction PAN M 360

Sous le nom de Mount Eerie, l’auteur-compositeur, multi-instrumentiste et producteur originaire de l’État de Washington Phil Elverum prolonge l’exploration introspective et profondément personnelle entamée avec The Microphones. Ses paroles confessionnelles et sa narration fluide restent les constantes de sa musique, un mélange impressionniste d’ambient, de folk et de black metal qui amplifie le sentiment d’émerveillement propre à son œuvre. Sur ses premiers albums, comme No Flashlight (2005), la différence entre Mount Eerie et The Microphones était subtile, mais les disques suivants ont révélé l’étendue de son évolution. La majesté influencée par le metal de Wind’s Poem (2009), les méditations électro-acoustiques sereines de Clear Moon et les paysages sonores denses de Ocean’s Roar ont apporté des nuances distinctes à ses réflexions sur la vie et la mort. Elverum a documenté le deuil de sa femme Geneviève Castrée sur A Crow Looked at Me (2017) et Now Only (2018), deux albums salués pour leur expression poignante et sans fard de la douleur. Avec Night Palace (2024), il boucle la boucle en réunissant les sonorités lo-fi des débuts de Mount Eerie avec une écriture poétique.

As Mount Eerie, Washington state songwriter/multi-instrumentalist/producer Phil Elverum expands on the searching, deeply personal feel of his work with the Microphones. His confessional lyrics and free-flowing storytelling are the main constants of his music, an impressionistic blend of ambient, folk, and black metal that heightens the feeling of wonder in his work. On early albums such as 2005’s No Flashlight, the difference between Elverum’s work as Mount Eerie and the Microphones was subtle, but later releases showed how much his range had grown. The metal-influenced majesty of 2009’s Wind’s Poem, the serene electro-acoustic meditations of Clear Moon, and the dense soundscapes of Ocean’s Roar imbued his musings on life and death with distinct nuances. Elverum documented the aftermath of his wife Geneviève Castrée’s death on 2017’s A Crow Looked at Me and 2018’s Now Only, both widely acclaimed for their eloquent, unflinching expressions of grief. On 2024’s Night Palace, Elverum brought Mount Eerie full-circle by uniting the lo-fi sounds of the project’s early days with poetic songwriting.

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Chanson francophone / hommage

Francos de Montréal : D’eux, 30 ans déjà – Célébrons Céline! à la salle Wilfrid-Pelletier

par Rédaction PAN M 360

Il y a 30 ans, Céline Dion lançait l’album D’eux écrit et réalisé par Jean-Jacques Goldman, union parfaite entre une interprète à la voix unique et un auteur-compositeur des plus doués. Succès historique : D’eux fracasse tous les records, gagne le cœur du public et devient le disque de langue française le plus vendu mondialement, s’écoulant à près de 10 millions d’exemplaires, inspirant au passage une multitude d’artistes. Pour célébrer ces immenses chansons, ainsi que quelques autres succès nés de cette union légendaire, et pour rendre hommage à notre grande Céline Dion : 7 artistes d’âges et d’horizons différents monteront sur scène pour interpréter ensemble cette œuvre culte, qui depuis trois décennies a marqué plus d’une génération. Une soirée qui s’annonce exceptionnelle en compagnie de Marie Denise Pelletier, Ariane Roy, Martine St-Clair, Lou-Adriane Cassidy, Brigitte Boisjoli, Safia Nolin et Rita Baga. Sept voix d’exception qui feront certainement vivre de grandes émotions et un moment inoubliable aux spectatrices et aux spectateurs présent·es !  De « Destin » à « Je sais pas », « Les Derniers seront les premiers », « Cherche encore », « Regarde-moi » sans oublier « Pour que tu m’aimes encore », il faut assurément se remettre en tête et en voix ces classiques avant d’assister à cette soirée unique où chanter en chœur sera bienvenu. Pour célébrer Céline, ça commence avec ce refrain : J’irai où tu iras / Qu’importe la place / Qu’importe l’endroit. C’est une invitation !

Thirty years ago, Céline Dion released D’eux, an album written and produced by Jean-Jacques Goldman — a perfect union between a one-of-a-kind vocalist and one of the most gifted songwriters of his generation. A historic success, D’eux shattered records, captured the hearts of listeners, and became the best-selling French-language album of all time, with nearly 10 million copies sold worldwide. Its impact has inspired countless artists over the years. To celebrate these timeless songs — as well as other beloved tracks born of this legendary collaboration — seven artists from different generations and backgrounds will come together on stage to pay tribute to our beloved Céline Dion. Get ready for an extraordinary evening featuring Marie Denise Pelletier, Ariane Roy, Martine St-Clair, Lou-Adriane Cassidy, Brigitte Boisjoli, Safia Nolin, and Rita Baga. Seven remarkable voices sure to stir deep emotion and create an unforgettable experience for everyone in the audience. From Destin to Je sais pas, Les Derniers seront les premiers, Cherche encore, Regarde-moi, and of course Pour que tu m’aimes encore, it’s time to refresh your memory — and your vocal cords — before this one-of-a-kind night where singing along will be more than welcome. To celebrate Céline, it all begins with this refrain: J’irai où tu iras / Qu’importe la place / Qu’importe l’endroit. This is your invitation!

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Ce contenu provient de Place des Arts et est adapté par PAN M 360

chanson keb franco / rap-pop

Francos de Montréal : Jay Scøtt à la scène Rogers

par Rédaction PAN M 360

Jay Scøtt est un auteur-compositeur-interprète natif de Terrebonne. Son multitasking musical se décline par l’écriture rap, le chant, le piano, la guitare et le ukulélé (qu’il joue à l’envers) et le beatmaking. Anciennement connu sous le nom de scène PL3, l’artiste est actif sur la scène montréalaise depuis une décennie déjà.
La versatilité et l’éclectisme de Jay Scøtt donne une pastille de goût éclatée à ses trames sonores pop qui taquinent le rap et le folk. Le narratif de ses chansons fait l’éloge du quotidien du Québécois moyen par ses textes touchants, ses références à la culture populaire et ses mélodies accrocheuses, naviguant tous ensemble vers une éternelle poursuite du bonheur, et ce, malgré les creux de vagues émotionnelles que nous suggère cette vie-là…

Jay Scøtt is a singer-songwriter native of Terrebonne. His musical multitasking takes shape through rap writing, singing, piano, guitar, ukulele (which he plays upside down), and beatmaking. Formerly known by the stage name PL3, the artist has been active on the Montreal scene for already a decade.
Jay Scøtt’s versatility and eclecticism give an explosive taste to his pop soundtracks that flirt with rap and folk. The narrative of his songs celebrates the daily life of the average Quebecer through touching lyrics, pop culture references, and catchy melodies — all sailing together toward an endless pursuit of happiness, despite the emotional low tides that this life suggests…

CE SPECTACLE EST GRATUIT!

Ce contenu provient de 117 Records et est adapté par PAN M 360

cinéma / classique

OSM : Le fantôme de l’opéra

par Rédaction PAN M 360

À 100 ans, Le fantôme de l’opéra n’a pas pris une ride! Redécouvrez ce chef-d’œuvre du cinéma fantastique de 1925 illustré musicalement par l’organiste Jason Roberts. Le Fantôme errant dans les coulisses d’un opéra parisien, est un prodige musical défiguré, fasciné par la musique et obsédé par une artiste. Ce mystérieux personnage incarne à la fois le génie incompris et la marginalisation. Un ciné-concert saisissant où suspense, puissance et improvisation à l’orgue se rencontrent!

The Phantom of the Opera is still captivating audiences a century later! Experience this 1925 fantasy film classic like never before, with musical accompaniment by organist Jason Roberts. Haunting the depths of a Parisian opera house, the disfigured phantom—both a musical genius and a tragic outcast—is consumed by his obsession with music and a particular singer. This thrilling film concert blends drama and suspense with masterful organ improvisation for an unforgettable cinematic experience.

Programme

Le fantôme de l’opéra, 1925 (114 min) avec projection

Program

The Phantom of the Opera, 1925 (114 min) with screening

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Ce contenu provient de l’Orchestre symphonique de Montréal et est adapté par PAN M 360

drum & bass / Hip Hop / trap

La déesse tunisienne Emel nous présente MRA

par Sandra Gasana

S’il y a une chose qu’Emel Mathlouthi maîtrise, c’est bien l’art de la mise en scène digne d’une tragédie. Avec une entrée en scène spectaculaire, des effets de lumière de circonstance, et accompagnée de ses deux musiciens, à la batterie et aux claviers, celle que l’on surnomme « la voix de la révolution » est apparue telle une déesse du haut de son trône. Avec sa couronne sophistiquée, une robe blanche de style antique sortie du XVème siècle, l’artiste tunisienne nous présentait son plus récent album Mra, qui veut dire femme en arabe, paru en 2024 et entièrement réalisé par une équipe de femmes.
Toujours avec un écran en arrière, sa voix est rarement à l’état naturel, elle utilise beaucoup de réverbération et joue avec son micro, ajoutant un effet énigmatique à son univers dans lequel le trap, le hip hop et le drum n’bass cohabitent harmonieusement. Emel entre réellement dans son personnage et se laisse aller, insérant des mouvements de danse saccadés sur plusieurs morceaux. Elle tape sur son tambour par moment, venant complémenter le travail de son batteur, et ajouter l’effet dansant.

Au bout de la troisième chanson, le public se met tout doucement à danser, en contraste avec le style un peu solennel des deux premiers morceaux. Emel rajoute aussi des sons pré-enregistrés qui viennent fusionner avec les images qui défilent en boucle, un vrai cocktail sensoriel. La plupart de ses chansons sont en arabe mais elle chante également en anglais, une langue qu’elle maîtrise, tout comme le français. Elle passe d’ailleurs de l’un à l’autre lorsqu’elle s’adresse à l’audience.
Malheureusement, Naya Ali, qui devait être de la partie, n’a pas pu être présente finalement. Cela dit, un moment fort du concert est lorsque l’artiste Narcy est arrivé sur scène pour le morceau Yemenade. Et là, la soirée a pris un tournant tellement son énergie s’est fait ressentir dans toute la salle. Il a réussi à nous faire chanter, danser, en un seul morceau, pendant qu’Emel dansait derrière lui, tapant sur son tambour doré.

L’autre artiste que j’avais hâte de revoir était Ziya Tabassian. Également de la partie sur quatre morceaux, il a rajouté la touche Moyen-Orientale traditionnelle au spectacle. Il s’accordait parfaitement aux rythmes du batteur avec qui il échangeait des regards. 

« J’espère que vous aimez les percussions folles comme celles que nous faisons ! On ne sait pas comment ça sonne de votre côté mais nous, on aime ça » dit-elle entre deux chansons. « Je n’arrive pas à faire des chansons douces, je n’y peux rien », nous confie-t-elle. 

Pendant le morceau Souty, qui signifie Ma voix, elle fait défiler des feuilles sur lesquelles il est écrit « My voice is time less like the wind », comme s’il s’agissait des paroles de la chanson. Elle en profite pour mentionner le nom des détenus sur certaines de ces feuilles.

Emel a pris le temps de partager le message d’un militant palestinien qui lui a écrit pour lui donner l’état des lieux. En effet, la Palestine était en toile de fond tout au long du spectacle, incluant durant la première partie qui était assurée par Checkpoint 303, un duo de DJ qui ont mis la table pour le spectacle d’Emel.Ma chanson préférée est Mazel, qui veut dire Encore, et qui parle de l’espoir qu’elle porte encore en elle, et du nouveau lendemain qu’elle compte construire. En guise d’arrière-plan, plusieurs femmes militantes défilaient l’une après l’autre.
Elle a terminé avec Rise, faisant participer le public sur le refrain, avant de nous offrir un rappel qui a fait plaisir à l’audience. Je m’attendais à voir un National plein à craquer, mais ce n’était pas le cas. Mais une chose est sûre : les personnes qui y étaient sont rentrées satisfaites de leur soirée.

Crédit photo: Ola Choukair

baroque / chant lyrique / classique occidental

« I Feel Pretty, Oh So Pretty » avec Thomas Dunford et Arion Orchestre Baroque

par Judith Hamel

C’est un doux vent venu d’Angleterre qui soufflait sur la Salle Bourgie dimanche après-midi alors qu’Arion Orchestre Baroque accueillait le luthiste franco-américain Thomas Dunford pour une aventure musicale tissée sur le thème de l’amour. Le programme proposait un grand écart musical allant de Dowland aux Beatles.

En tournée nord-américaine depuis déjà plusieurs semaines, c’était un dernier arrêt pour lui avant un retour en France.

Le concert s’ouvrait sur John Dowland (1563-1626), un compositeur et luthiste anglais reconnu comme l’un des plus grands de son temps. Dowland savait capter les élans du cœur humain avec des chansons à succès. Exilé sur le continent pendant une partie de sa vie, il a notamment servi à la cour du roi Christian IV de Danemark pendant près de dix ans.

Parmi les œuvres interprétées figuraient Come Again, Now, O Now I Needs Must Part, ainsi que la célèbre Lachrimae qui explorent les douleurs de l’amour et les débordements de la passion. C’est portées par la justesse du jeu d’Arion et l’expressivité de Thomas Dunford que ces pièces ont pris vie.

Le voyage se poursuit un siècle plus tard avec Henry Purcell (1659-1695), figure emblématique de l’époque baroque anglaise, reconnue pour avoir développé et réinventé la musique de son pays en y intégrant des influences extérieures. Thomas Dunford nous propose ici un véritable petit opéra, à partir d’airs tirés de The Fairy Queen et Dido and Aeneas. Les musicien·nes d’Arion se joignent alors à la soliste, laissant échapper leurs voix du dimanche avec une complicité visible du balcon.

Changement d’époque avec des extraits, version instruments baroque, de West Side Story de Leonard Bernstein (1918-1990). On voit le plaisir que prennent les musicien·nes à jouer les mélodies de cette comédie musicale culte. Surgit ensuite la soprano Marianne Lambert, qui livre un I Feel Pretty exaltant. Un moment décalé, digne d’un bal chez les Bridgerton, perruques en moins.

Puis, retour à un pilier du répertoire baroque avec Georg Friedrich Haendel (1685-1759), compositeur d’origine allemande devenu sujet britannique. Au programme, quelques-uns de ses tubes, dont la « Sarabande » de la Suite no 4 en ré mineur.

Pour clore cette traversée, une réinterprétation du moins surprenante de Something des Beatles, ponctuée d’un solo de luth au style de rockeur. Les musicien·nes ont finalement été présenté·es chacun·es à leur tour, sur une loop instrumentale additive à la manière d’un concert rock, sous les applaudissements nourris du public.

Un concert certainement divertissant, porté par des interprètes d’une grande qualité et un programme à la fois léger et bien construit.

crédit photo : Cédrina Laberge

chant choral / classique occidental / trad québécois

Sacré Gilles Vigneault | Entre Natashquan et Buenos Aires

par Judith Hamel

La musique sacrée nous raconte parfois plus que le catéchisme. Elle rassemble, elle élève, elle nous rappelle que nous sommes ici, ensemble. Ce samedi soir, le Chœur Métropolitain nous convie à une double messe à la croisée des Amériques. À la rencontre des peuples argentins et québécois, ces messes font vibrer les rythmes du quotidien, mêlant toutes deux les traditions européennes et les folklores locaux. 

Mais la véritable star du soir, c’était Gilles Vigneault. Une charmante vieille dame, assise à mes côtés, me souffle à l’oreille : « Monsieur Vigneault est là ! ». Les gens devant, derrière, se retournent et sortent leur téléphone pour capturer la présence de cette légende. Avant même que la première note ne résonne dans la Maison symphonique, une ovation s’élève pour saluer ce grand homme qui a forgé la nation québécoise. 

La première partie du concert était consacrée à l’Argentine à travers la musique de quatre de ses compositeurs : Carlos Guastavino, Astor Piazzolla, Juan de Dios Filiberto et Ariel Ramírez.

Le concert s’ouvre sur une note de merveille, de contemplation, avec Indianasde Carlos Guastavino. Ses mélodies charmantes nous chantent la pomme par des textes d’amour aux métaphores sur la nature. Dans Oblivion d’Astor Piazzolla, une œuvre initialement écrite pour bandonéon, l’arrangement pour chœur et voix soliste avec la soprano Myriam Leblanc nous a ensorcelé dès sa première note avec un timbre pur et coloré. Cette version mélancolique fait résonner la thématique de l’oubli dans l’œuvre comme une douce nostalgie. Avec Caminito de Juan de Dios Filiberto, on change de dynamique. Cette chanson légère, ancrée dans la tradition du tango, apporte une touche entraînante et conviviale au concert. 

Enfin, avant la messe québécoise, c’est la Misa Criolla d’Ariel Ramírez qui vient conclure cette première partie. Comme Gilles Vigneault avec sa terre natale de Natashquan, Ramírez explore ici le métissage des cultures, entre racines autochtones et héritages européens. Cette œuvre surprend par ses sections dansantes rythmées qui alternent avec des passages lyriques. Les solistes Antonio Figueroa (ténor) et Emanuel Lebel (baryton) étaient d’une magnifique complémentarité timbrale. Cette messe vivante et ancrée dans les traditions locales mérite d’être entendue et réentendue.

Comme Ramirez, Vigneault tisse les fils d’un peuple métissé dans cette messe qui évoque nos vents du Nord et la prière des gens ordinaires. Présentée en première mondiale, ce nouvel arrangement de la Grand-Messe par Sebastian Verdugo prend une forme légère et colorée, où les textures du chœur se mêlent à celles des guitares, du charango, du piano, de la contrebasse, du violon et des percussions. Si la plupart de la messe conserve une structure et des textes traditionnels, certains airs sont transformés en rigodon accompagné de cuillères et de guitare folk, ce qui surprend agréablement les auditeur·rices. 

Enracinée dans la mémoire de Vigneault de Natashquan, la première et dernière partie comprend des paroles en innu : « Shash anameshikanù. Matshik ! Ituték! Minuatukushùl etaiék. » (Maintenant que la messe est dite, Allez vivre en paix sur la terre). 

Enfin, après avoir patiemment attendu leur moment, les choristes de Vincent-d’Indy se sont joints aux musiciens pour les dernières chansons du concert. Sous les arrangements sensibles de François O. Ouimet, plusieurs chansons emblématiques de Gilles Vigneault ont été interprétées, en terminant évidemment par Gens du pays. Les regards rivés vers Vigneault, c’est tout un public debout qui lui a chanté notre hymne qui célèbre d’ailleurs cette année ses 50 ans, tout comme l’Alliance chorale du Québec. Un moment touchant où on ressentait l’amour d’un peuple pour notre Québec, mais surtout pour celui qui a fait naître cet hymne que l’on connaît tous et toutes si bien.

baroque / classique moderne / classique occidental / période romantique

Les Violons du Roy et Antoine Tamestit | Une performance saisissante et profonde

par Alexandre Villemaire

Deux ans après une rencontre musicale qui a été qualifiée de magistrale, l’altiste français Antoine Tamestit, considéré comme un des meilleurs au monde, renouait avec la scène québécoise en compagnie des Violons du Roy. Présenté jeudi soir à Québec, ce même concert qui a eu lieu vendredi soir à la salle Bourgie mettait de l’avant des thèmes tels la mort, la perte et les départs : des thèmes qui, malgré leurs côtés sombres, sont toutefois nécessaires à aborder et dans lesquels on peut trouver tout de même de la lumière et une forme d’humanité.

Sans préambule, une fois que l’orchestre et Tamestit ont investi la scène, la salle a été plongée dans le noir, avec comme seule source de lumière les lampes des lutrins des musiciens. Cette mise en scène préparait parfaitement le terrain pour la première pièce du concert, le choral Für deinen Thron ich tret’ich hiermit [Seigneur, me voici devant ton trône] de Johann Sebastian Bach, arrangé pour cordes. De l’aveu d’Antoine Tamestit, dans son allocution suivant cette courte pièce de Bach, il voulait faire vivre une expérience sensorielle où le public et les musiciens étaient amenés à ressentir la musique par la respiration, par les énergies intrinsèques du mouvement des lignes musicales. Le moment a effectivement été d’un grand apaisement, avec un son d’une douceur implacable, mais riche avec notamment ses harmonies et ses sons graves. Le soliste, qui pour la première partie officiait également en tant que chef, a enchaîné avec la Trauermusik pour alto et cordes de Paul Hindemith, composée quelques heures après la mort du roi George V. On entre alors dans un autre univers et langage harmonique aux textures et matériaux musicaux variés qui finit par se conclure par la citation du même choral de Bach.

Tamestit invitait par la suite le public à un jeu de piste auditive avec le Lachrymae de Benjamin Britten où le compositeur cite sous forme de variations la chanson du compositeur élisabéthain John Dowland, If my complaints could passions move. Afin d’apporter du contexte, il a interprété l’original dans un arrangement de son cru précédé du très beau Flow my tears. Un moment particulièrement touchant où le jeu de Tamestit s’est exprimé dans un jeu sensible alors que les cordes l’accompagnaient en pizzicato. Dans la pièce de Britten, Tamestit a convié les auditeurs à essayer de repérer les extraits musicaux de ces chansons de la Renaissance disséminées dans l’œuvre de Britten. Il y avait un fort attrait à venir piquer l’attention des auditeurs et les invitait à ouvrir grandes leurs oreilles à cet univers sonore. Mettant de l’avant une interprétation des lignes musicales avec une épaisseur de son enveloppante et un grain pur et charnu, il a fait montre d’une musicalité investie et sensible. Il faut cependant l’avouer, c’est Britten qui a gagné la partie de cache-cache musicale, les extraits de Dowland demeurant peu identifiables, même pour des oreilles aguerries.

La pièce de résistance du concert consistait en l’arrangement pour orchestre à cordes, toujours de la main de Tamestit, du Quintette pour cordes en sol majeur de Johannes Brahms. Pour cette ultime pièce où Antoine Tamestit se joint à la section d’altos, nous avons eu droit à un feu roulant d’émotions et de vivacité lumineuse, notamment dans le premier et le dernier mouvement, alors que les mouvements centraux – Adagio et Un poco allegretto – flirtaient respectivement avec des accents folkloriques hongrois et des affects mélancoliques. Dans cette nouvelle texture à l’amplitude sonore augmentée, jouer à 21 instrumentistes ensemble sans chef est un défi que Les Violons du Roy ont relevé avec brio et aplomb, donnant un résultat particulièrement entraînant et saisissant, surtout dans le dernier mouvement, extrêmement dansant aux inflexions tziganes.

Au vu de la chaleureuse ovation que le public a offerte et à voir les sourires radieux des musiciens, cette deuxième collaboration entre Antoine Tamestit et les Violons du Roy mérite d’être renouvelée. Ayant commencé dans la pénombre et le recueillement, c’est dans une grande lumière et une énergie humaine que s’est donc conclu ce concert. Faire ressortir du beau d’un programme qui trace en filigrane les thématiques de la mort et de la perte n’est pas novateur en soi. Mais, dans ce programme empreint d’une savante organicité, où l’on est transporté naturellement d’un état d’esprit à un autre, on vient rappeler que même dans les moments les plus sombres, on peut trouver du beau. Pour citer Félix Leclerc : « C’est grand la mort, c’est plein de vie dedans. »

crédit photo : Pierre Langlois

baroque / chant choral / chant lyrique / classique occidental / musique sacrée

Ensemble Caprice | Une belle soirée sous le signe de la Passion

par Alexis Desrosiers-Michaud

À deux semaines près, l’Ensemble Caprice et Matthias Maute préludaient les célébrations pascales avec la présentation de la Passion selon saint Jean de Johann Sebastian Bach. Dans son discours d’ouverture, Maute raconte que cette œuvre a beaucoup de liens, surtout dans les airs, avec l’art opératique. Comme il nous l’a mentionné plutôt en entrevue, « La Passion selon saint Jean alterne récitatifs, airs et chœurs pour porter le récit avec intensité. Les récitatifs racontent l’histoire, les airs expriment les émotions des personnages, et les chœurs incarnent la foule, renforçant le drame. L’orchestre soutient l’ensemble avec une écriture expressive qui souligne les moments clés. » La preuve nous en fut faite vendredi.

En l’absence de mise en scène, caractéristique de l’oratorio, il faut un narrateur, dans ce cas-ci, l’Évangéliste, pour décrire les scènes. Soutenant toute l’œuvre sur ses épaules, le ténor Philippe Gagné réussit haut la main le défi d’interpréter ce rôle ingrat, mais ô combien important. On voit clairement son intention de raconter réellement une histoire, avec une diction allemande impeccable et laissant les phrases textuelles dicter son interprétation, au lieu de suivre la partition, prêtant une confiance absolue envers le continuo.

L’autre découverte de la soirée est le choriste-soliste William Kraushaar – dont la composition nous avait subjuguées au dernier concert de Caprice -, dans le rôle de Jésus.  Non seulement sa voix est claire, mais Dieu qu’elle porte ! Nous avons déjà hâte de l’entendre comme soliste lors de la prochaine saison. Bien qu’ils interviennent peu, le contre-ténor Nicholas Burns et la soprano Janelle Lucyk livrent leurs arias avec beaucoup d’émotion. Burns est très émouvant en duo avec la larmoyante viole de gambe dans Es ist vollbracht (« Tout est achevé »). Quant à Lucyk, sa voix est quelque peu retenue, mais se fond bien avec les flûtes dans l’ariaIch folge dir gleichfalls (« Je te suis »). Ces deux solistes livrent non seulement leurs arias avec musicalité, mais également avec une présence scénique envoûtante et émouvante.

Le chœur est très bien préparé, et les articulations sèches qui lui sont conférées cadrent bien avec le rôle qu’il occupe, soit la plèbe qui ordonne et acclame l’action du récit biblique. Le meilleur exemple est le morceau « Kreuzige » (Cruxifiez-le! ») où les articulations courtes et accentuées sont incisives.

À la toute fin de l’œuvre, il y avait quelque chose de solennel de voir les solistes (sauf Jean l’Évangéliste) rejoindre le chœur pour entonner un Rut Wohl dansant, et le choral final, en guise d’accompagnement, de remerciement et de célébration de la vie du Christ.

crédit photo : Tam Lan Truong

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