hip-hop / rap

Osheaga, jour 2 | Denzel Curry : sans failles, mais sans éclat

par Jacob Langlois-Pelletier

S’il y a bien un rappeur qui ne cesse de se renouveler à chaque sortie, c’est assurément l’américain Denzel Curry. À la mi-juillet, le Floridien a fait paraître King Of The Mischievous South Vol. 2, une mixtape débordante de collaborations donnant suite à un premier volume paru il y a une douzaine d’années. Dans cet opus, il explore le dirty south, sous-genre issu du Sud des États-Unis.

Âgé de 29 ans et plusieurs projets de grande qualité derrière la cravate, il est dorénavant juste de dire que Denzel est l’un des pions les plus importants du rap actuel.

Débordant d’énergie sur scène, le MC rappe chacune des rimes de ses titres avec précision et finesse. Les festivaliers ont reçu exactement ce qu’ils obtiennent sur ses albums. Tout au long de sa prestation, Curry a multiplié les interactions avec la foule et déployé une aisance fascinante.

L’enfilade en baisser de rideau de ses titres les plus populaires Ultimate et CLOUT COBAIN | CLOUT CO13A1N a eu droit à une réception très bruyante de la foule, elle qui s’était montrée assez discrète depuis les premiers instants. Il faut dire que de placer le rappeur après le groupe punk Rancid et avant les Smashing Pumpkins et Green Day n’était peut-être pas la meilleure des idées…

Quoi qu’il en soit, la proposition du membre de la célèbre cuvée Freshman de 2016 fut honnête et bien balancée. Cependant, son offrande manquait ce petit quelque chose pour ne pas tomber dans l’oubli.

Crédit photo: Tim Snow

soul/R&B

Osheaga, jour 2 | Olivia Dean, vent de fraîcheur en pleine canicule

par Jacob Langlois-Pelletier

En explorant la programmation de l’édition 2024, le nom d’Olivia Dean a grandement piqué ma curiosité. En épluchant sa mince et jeune discographie, j’y ai découvert une chanteuse soul inspirée par les grandes dames de ce genre musical. La Britannique cite les Carole King, Amy Winehouse, The Supremes et Lauryn Hill comme inspirations à sa musique.

Accompagnée d’un petit orchestre, la jeune artiste de 25 ans est vêtue d’une robe des plus colorées et se place aux avants du plateau. « Si c’est la première fois que vous me voyez en spectacle, j’ai une seule règle. Vous devez passer un bon moment! », lance-t-elle entre ses deux premiers morceaux.

C’est en grande partie du matériel issu de Messy, son seul album en carrière, que la native de Londres a fait découvrir à la foule. Elle a en aussi profité pour interpréter sa plus récente sortie intitulée Time, un morceau dans lequel elle explore des avenues plus rock qu’à l’habitude, ce qui lui va comme un gant.

Olivia Dean dégage une aura qui n’est pas de notre époque. Jazz, R&B, soul, pop; tout y est mobilisé. Visiblement captivés, les festivaliers ont scruté ses faits et gestes puis ont répondu présents vocalement.

45 minutes de prestation auront passé en un clin d’œil et on aurait voulu que ça ne se termine jamais.

Crédit photo: Benoit Rousseau

indie / pop

Osheaga, jour 2 | New West, nouvelle sensation torontoise

par Jacob Langlois-Pelletier

Avec l’immense succès de leur titre Those Eyes, le collectif canadien New West n’a plus besoin de présentation. Cette année, les Torontois avaient la tâche d’ouvrir le bal à 14h.

Profitant d’une foule impressionnante pour un début d’après-midi en raison de l’arrivée imminente de la vedette Chappell Roan, le band formé de Kala Wita, Noel West, Lee Vella et Ben Key aura offert une performance inspirée et colorée.

Récipiendaire d’un Juno pour « Nouveau groupe de l’année » en 2024, New West propose un son diversifié dans lequel on retrouve entres autres jazz, R&B et indie.

Sur la grande scène du festival, Kala Wita a tout donné, se déplaçant de gauche à droite, chantant couché au sol et offrant des moments au piano. Cette performance aura permis d’en découvrir davantage sur la personnalité des différents membres du groupe.

Vocalement, Wita est juste et nous enveloppe avec des titres comme Stevie Nicks ou Guessing Game. L’échantillon est mince, mais l’avenir semble prometteur pour New West.

Crédit photo: Tim Snow

jazz / latino

Palomosa: Jai Paul, Yves Tumor, BADBADNOTGOOD, Nana Zen et plus encore!

par Rédaction PAN M 360

Les artistes du jour: Jai Paul, Yves Tumor, BADBADNOTGOOD, The Dare, Pelada, Delachute, Nana Zen, SHYGIRL, LSDXOXO et Angelita.

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Ce contenu provient du Palomosa et est adapté par PAN M 360.

électronique / hip-hop / rap

Palomosa: Gesaffelstein, Destroy Lonely, Yung Lean et bien plus!

par Rédaction PAN M 360

Artistes du jour: Gesaffelstein, Destroy Lonely, Yung Lean, Yaeji (DJ Set), Snow Strippers, underscores, distraction4ever, Andrea de Tour, horsegiirL, Young Marco, Jump Source et Laurence Matte.

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Ce contenu provient du Palomosa et est adapté par PAN M 360.

blues / bossa nova / Brésil / gospel / jazz / soul

Une chorale au Balattou pour Bïa Ferreira

par Sandra Gasana

« La dernière fois que j’étais ici, j’avais dit que j’allais revenir à Montréal et parler français. Mais je ne le parle toujours pas. Mais j’ai commandé mon souper en français ! », nous partage fièrement la chanteuse brésilienne Bïa Ferreira en anglais, alors qu’elle entame son deuxième concert à Montréal. Et tout comme la première fois, elle divise son concert en deux parties, l’une abordant l’amour et l’autre, revendicatrice et très engagée.

« Si vous sortez d’ici différents de lorsque vous êtes arrivés, alors j’aurai fait mon travail », ajoute-t-elle. Et c’est partie pour une entrée en matière sous forme de prière alors que sifflement, voix et guitare se mêlent pour nous livrer un beau cocktail sonore. En effet, elle est peut-être seule sur scène avec sa guitare, mais par moments, on a l’impression qu’ils sont cinq.

Elle nous sert également du Xote, un rythme musical brésilien qui se danse souvent à deux. « Quand j’ai écrit cette chanson, j’étais très en amour. Mais j’étais la seule qui aimait », nous dévoile-t-elle. Avec sa voix qui porte et son timbre particulier, elle maitrise son rapport avec le micro, sachant quand il faut s’en éloigner ou s’en approcher. Avec mon amie Juliana qui est tout aussi mélomane que moi, on se disait que sa musique était à la fois empreinte de blues, jazz, soul, gospel, le tout à saveur brésilienne. Sa signature reste le sifflement qui revient dans plusieurs chansons et qu’elle maitrise très bien, mais aussi les nombreux autres bruits qu’elle fait avec sa bouche, en plus du beatboxing. D’ailleurs, sur un de ses morceaux, elle rajoute un bout de Easy Like a Sunday morning, de Lionel Richie, ce qui surprend mais plait tout de suite à l’audience.

« La dernière fois que j’étais ici, c’était en février et il faisait très froid. Alors je me suis dit qu’il fallait que je revienne en été. Et je suis là ! » sous les applaudissements du public.

Sur le morceau Saudade, on a parfois l’impression d’entendre du cajón et parfois du piano, alors qu’elle fait tout cela avec sa guitare. Elle termine ensuite avec un rythme bossa nova, ce qui vient rajouter du relief au morceau. « C’est difficile de traduire Saudade. Ce n’est pas “Tu me manques”! C’est autre chose, c’est un sentiment qui te rend malade ! »

Bïa Ferreira est également une excellente conteuse. Elle prend le temps d’expliquer toutes les chansons mais même durant certains morceaux, elle nous raconte des histoires, parfois avec un débit vocal très rapide mais toujours théâtral. C’est le cas notamment sur Molho Madeira, qui va figurer dans le prochain album d’Ellen Oléria, mêlant des passages où elle parle et elle rap, valsant entre douceur et agressivité, tapant sur sa guitare qui lui sert de percussions.

« Toutes les églises ont une chorale. Alors pour terminer cette première partie, j’aurai besoin de vous sur la chanson Levante a bandeira do amor, aux accents de raggamuffin.

La deuxième partie, plus engagée et plus politique, débute avec un a capella reprenant Zé do Caroço, de Seu Jorge,un classique de la musique brésilienne.

Après un hommage à Leci Brandão, la reine du samba, elle débute la deuxième partie avec un morceau reggae très rythmé, avec un peu de beatboxing, ce qui donne le ton à ce qui arrivera. Elle rend d’abord hommage aux femmes à travers le monde dans Não precisa ser Amélia, dans laquelle elle crie par moments, laissant paraitre ses cordes vocales en pleine action.
Le summum de la soirée à mon avis est lors de la chanson Diga não (ou Dîtes non !), dans laquelle elle dénonce le silence face au génocide qui sévit en Palestine. « En restant silencieux, vous choisissez un camp. Votre silence aide les oppresseurs ! » La salle participe fortement et prend son rôle de chorale très au sérieux, surtout sur le morceau A conta vai chegar (ou la facture va arriver) faisant allusion aux dettes liées à la colonisation.

Elle a terminé sur une bonne note avec Sharamanayas, principe qui consiste à garder ce qui est bon pour nous, et se débarrasser de ce qui est mauvais. Une chose est sûre, le concert de Bïa Ferreira a fait du bien aux spectateurs venus la voir, même si je me serais attendue à une salle plus comble, comme lors de son premier passage. Alors que nous sortons à peine du Festival Nuits d’Afrique, cet événement a peut-être échappé aux radars de plusieurs adeptes de sa musique.

Crédit photo: Inaa

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classique

OSM: Payare dirige les Gurre-Lieder de Schoenberg

par Rédaction PAN M 360

En compagnie de solistes renommés et à la tête d’un effectif vocal et orchestral colossal, Rafael Payare dirigera un monument du répertoire postromantique : les Gurre-Lieder de Schoenberg.
In the company of renowned soloists and at the head of a colossal vocal and orchestral ensemble, Rafael Payare conducts a monument of the post-Romantic repertoire: Schoenberg’s Gurre-Lieder.
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Ce contenu provient de l’Orchestre Symphonique De Montréal et est adapté par PAN M 360

électronique / Musique contemporaine / pop

Habitat Sonore: salle d’écoute au Centre Phi

par Rédaction PAN M 360

Faites abstraction des bruits extérieurs et plongez dans l’une des rares salles d’écoute audio spatial à Montréal.

Les artistes:
Daft Punk
KALLITECHNIS
Playlist avec des artistes de Montréal


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Ce contenu provient du Centre Phi et est adapté par PAN M 360

cumbia / folk / rumba congolaise / soukouss

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Dernière soirée à saveur congolaise et colombienne

par Jacob Langlois-Pelletier

Dimanche vers 18h au Festival international Nuits d’Afrique, c’était au tour de Blaise LaBamba, artiste originaire du Congo-Kinshasa et installé à Montréal depuis 1999, de monter sur la grande scène extérieure. D’entrée de jeu, les intentions du récipiendaire du Syli de Bronze en 2022 étaient claires; LaBamba allait faire danser les gens présents sur des airs contagieux de rumba congolaise, zouk et soukous.

En spectacle, l’ancien membre du Big Stars du Général Defao est accompagné par de nombreux musiciens, danseurs et choristes. Les différentes propositions du Congolais sont agrémentées de guitare, batterie, claviers, synthétiseurs, percussions ainsi que de nombreux coups de sifflet. Ces derniers dictent les nombreux déhanchements des danseurs sur scène et gens présents dans la foule.

Le rythme effréné de la prestation a certainement su charmer l’impressionnant amas de festivaliers aux abords de la scène TD – Radio-Canada. En tapant des mains à de nombreuses prises, la foule a manifesté son appréciation des longues envolées instrumentales de Blaise LaBamba et sa formation. Difficile de demander une offrande plus festive pour lancer cette dernière soirée d’activité du FINA 2024.

Place à la cumbia avec Stephanie Osorio

Après s’être éclatés avec Blaise LaBamba, les amateurs sur place ont eu droit à une proposition plus douce et maîtrisée de la part de Stephanie Osorio, Colombienne et Québécoise d’adoption. Établie au Canada depuis 2010, l’autrice-compositrice-interprète roule sa bosse depuis plus d’une décennie et a récemment récolté le fruit de ses efforts. En plus d’avoir été sacrée « artiste féminine de l’année » aux Latin Awards Canada en 2022 et 2023, Osorio a brillé à l’international grâce à sa contribution sur la chanson thème de la populaire série américaine The White Lotus.

En mars 2023, elle a fait paraître Fruta del Corazón, son premier album solo au confluent de la cumbia, la pop, la folk et l’afro-latin. C’est d’ailleurs en grande partie des morceaux issus de ce projet qu’elle a fait découvrir lors de son spectacle.

Vêtue d’une longue jupe colorée, Osorio est en pleine confiance sur le plateau, maracas ou guitare dans les mains. À l’instar de LaBamba, la chanteuse est bien entourée; saxophone, basse, guitare, batterie, percussions diverses et flûtes se font bien bien sentir. Quelques minutes après son entrée, la Colombienne a comparé sa musique à un fruit. « Il y a beaucoup de saveurs et d’odeurs différentes dans ce que je fais », explique-t-elle.

Bien qu’elle puise une partie de son inspiration au cœur de ses racines carthaginoises, Osorio incorpore de nombreux éléments actuels à sa musique. Vers la fin de son passage sur la scène Loto-Québec, la chanteuse a offert un superbe moment a cappella. Admirative, la foule s’est tue, se laissant bercer par sa voix feutrée.

Sans flafla ni paillettes, Stephanie Osorio a su nous faire voyager là où il fait très chaud, définitivement plus qu’à Montréal en cette soirée de juillet.

Crédit photo: André Rival

Afrique / musique traditionnelle d'Afrique centrale

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Les Aunties, de Ndjamena à Montréal

par Sandra Gasana


Neuf femmes, tout à fait ordinaires, à l’image d’autres femmes tchadiennes, des mamans, toutes habillées d’une jupe orange et d’un haut noir, assises en forme de cercle, chacune avec son micro et sa calebasse.


D’ailleurs, elles massent toujours leurs calebasses avant de taper dessus. Et malgré une pluie forte dès les premières minutes du concert et pendant une bonne partie, le public est resté au rendez-vous, avec leur parapluie ou leur imperméable, pour ceux qui avaient prévu le coup.

Selon les chansons, il y en a une qui se met à chanter, pendant que les huit autres répondent à l’unisson. Parfois, elles marchent en rond avec une qui chante et les autres qui font les chœurs. D’autres moments, l’une d’elles chante, une autre se met à danser autour d’elle, et les autres restent derrière. Bref, nous avions plusieurs configurations sur scène mais toutes captivaient l’attention du public fasciné de voir ses dames d’un certain âge sur scène.

Juste à côté de la scène, je pouvais voir la grande star du Tchad Afrotronix, venu encourager ses compatriotes. Ce n’est qu’à la fin du spectacle qu’on apprend qu’il est à l’origine de ce groupe. « C’est un mouvement qui commence. On a grandi en voyant nos mamans, ce sont ces femmes qui ont fait ce que nous sommes aujourd’hui », dit-il en mentionnant au détour que sa maman est dans le public.

Les Aunties parlent souvent des femmes et de leur droit à l’éducation dans plusieurs morceaux ce soir-là ainsi que de violence conjugale. « Femmes de Montréal, comment ça va ? » demande l’une, en remplaçant ensuite Montréal, par Kinshasa, Cameroun et Ndjamena. Et à ce moment-là, nous entendons des applaudissements dans la foule et on comprend vite que la communauté tchadienne de Montréal est présente en force.

À un certain moment du spectacle, elles portent toutes une tenue traditionnelle du Tchad, par-dessus leur jupe initiale et continuent à chanter ensemble, assises ou debout, avec ou sans calebasse, en cercle ou en rangée. Lors d’un morceau, dont j’ignore le titre, la musique est plus calme et elles se mettent en rangée comme si elles allaient faire une prière à la mosquée, avant d’enlever cette tenue traditionnelle et revenir à la tenue initiale. Parfois, l’une d’elles se met au centre, et toutes les femmes autour l’encerclent, s’adressent à elle avec bienveillance et chantent pour elle visiblement.
Chacune prend la parole à un moment donné du concert et s’adresse au public dans sa langue maternelle. Et c’est là qu’Afrotronix joue le rôle de traducteur pour traduire les propos vers le français.
Mais cette fois-ci, l’une des femmes s’adresse directement en français aux femmes dans la foule : « Je vous encourage à aller à l’école, à avoir de l’argent avant de vous marier. Comme cela, vous serez respectée. Si vous n’êtes pas d’accord avec quelque chose, vous dîtes :
ça non !», dit-elle sous les applaudissements de la foule. On voit bien que ces femmes n’ont pas peur des mots et qu’elles parlent en connaissance de cause dans leur volonté de briser le silence.
À partir de ce moment, c’était la folie sur scène : nous avons assisté à des performances de danses de plusieurs membres de la communauté tchadienne qui sont venus faire des pas de danse traditionnelle, au centre du cercle formé par les Aunties.
Le pas qu’ils faisaient souvent consiste en des mouvements saccadés d’épaules et de poitrine, un peu comme le Eskesta d’Éthiopie.
Un percussionniste s’est également mis de la partie en improvisant sur un des morceaux tandis qu’une des Aunties était aux platines, casque sur la tête avec une console devant elle. Par moment, Afrotronix venait régler des boutons sur la console de la DJ Aunty. En effet, c’était toute la communauté artistique tchadienne qui était dans la place et qui a contribué au succès de ce groupe original samedi soir. Morale de l’histoire : Il n’y a pas d’âge pour suivre ses rêves. Si les Aunties l’ont fait, alors tout le monde peut le faire.

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Afrique / afro-soul / hip-hop

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Une pluie de bénédiction pour Fredy Massamba

par Sandra Gasana

La pluie est souvent associée à une bénédiction dans plusieurs cultures africaines et sûrement dans d’autres parties du monde. Ce samedi soir, alors que le concert tirait à sa fin, la pluie a peut-être éloigné certains festivaliers qui sont allés se mettre à l’abri, mais plusieurs sont restés jusqu’au bout du tout premier concert de Fredy Massamba à Montréal. 
Pour l’occasion, il s’était accompagné de celui qu’il nomme le « maitre », Donald Dogbo à la batterie, de Willie Bareto au clavier, de Christian Obam à la basse, Charles William Mpondo à la guitare, Hendry Massamba, aux chœurs et aux percussions et Floric Kim également aux chœurs. Les deux choristes étaient arrivés il y a trois jours de Brazzaville pour l’occasion. Et quelle bonne idée c’était de les inclure dans ce spectacle!

Dès le premier morceau, il nous plonge dans son univers, avec en son centre le tambour, ou Ngoma, titre qui figure dans son plus récent album Trancestral. « J’ai trois albums à mon actif : Ethnophony, Makasi et Trancestral », rappelle-t-il à la foule. « Je vous invite à faire un voyage ensemble entre Bruxelles, Brazzaville, Kinshasa en passant par Douala, Ndjamena et ici à Montréal ! », ajoute-t-il.
Il fait ensuite un retour en arrière dans le temps avec Zonza, qui figure dans son premier album Ethnophony , beaucoup plus groovie et qui se prête bien pour une performance dans le cadre d’un festival.

On sent que Fredy affectionne particulièrement le continent africain. Il en parle dans plusieurs chansons, il en énumère plusieurs et porte d’ailleurs une chemise blanche avec des cartes de l’Afrique dessus. Le choix des deux choristes a été très judicieux puisqu’ils contribuent énormément au succès de la formation. Ils font un travail remarquable sur scène, on sent leur complicité avec Fredy, qui semblait apprécier leur présence.

Il mentionne les femmes du Kivu, de Goma dans le morceau Bidilu Bio, et dénonce « cette guerre qui n’a aucun sens ». Cette chanson commence de manière douce, mettant en évidence la voix soul de l’artiste, et soudain on s’en va vers du reggae, ce qui donne envie de bouger malgré le sujet sensible. De plus en plus à l’aise sur scène, il donne à son tour l’espace aux choristes (sapés comme jamais) de briller, ayant des occasions de faire des couplets à tour de rôle, tout en faisant participer le public.

« On m’a dit que je dois chanter une chanson d’amour.  D’où je viens, au Congo, on a Koffi Olomidé, Fally Ipupa, Lokua Kanza. Ce n’est pas ça qui manque, des chansons d’amour », dit-il devant un public souriant, avant d’entonner Makwela.
On découvre ses talents de rappeur sur le morceau Nkembo mais le moment le plus touchant est lorsqu’il nous propose d’inviter Papa Wemba (Paix à son âme) sur scène.

Il s’en va le « chercher » dans les coulisses et nous donne l’impression qu’il revient sur scène avec le grand artiste qui nous a quitté il y a quelques années. Son imitation est remarquable et émeut les festivaliers qui connaissaient la grande star congolaise. Fredy nous partage d’ailleurs qu’il a toujours voulu faire un featuring avec Papa Wemba mais qu’il n’en a jamais eu l’occasion. D’où le geste symbolique.

Et c’est après ce moment rempli d’émotions que la pluie s’est abattue sur la scène Radio-Canada (Coïncidence ? Je ne crois pas) C’est d’abord les choristes et Fredy qui entrent ensemble sur le morceau Zua Idée, avant d’être suivis par tous les musiciens. « Même dans la pluie vous êtes là ! » dit-il avec gratitude. On voit le professionnalisme des musiciens lorsqu’une situation comme cela arrive. Le groupe a poursuivi le spectacle comme si de rien n’était, Fredy chantait avec la même fougue. Les spectateurs n’ont pas été découragés par la pluie, bien au contraire, ils attendaient impatiemment que ça s’arrête pour retourner danser. Et c’est ce qu’ils font pour la dernière chanson du spectacle, Ntoto, durant laquelle il sort sa fameuse bouteille sur laquelle il s’amuse à souffler et dont on avait parlé lors de notre entrevue quelques jours plus tôt (PAN M 360 aux Nuits d’Afrique | Fredy Massamba, un Congolais (de Montréal) sur 3 continents – PAN M 360). Et c’est ainsi que se clôture le tout premier spectacle de Fredy Massamba, béni par une pluie d’été.
« Merci à Nuits d’Afrique, à mon papa Touré, mes amis, ma famille, RFI, Hangaa Music, Vanessa Kanga, et vous, en train de me regarder en pleine pluie. »

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Maghreb / musique kabyle / rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Numidz : Quand la Kabylie rocke !

par Michel Labrecque

Numidz est un groupe de la Kabylie algérienne qui a choisi d’immigrer à Montréal. Ne confondez surtout pas la Kabylie berbère avec la culture arabe. Bien qu’étant privée de pays, la Kabylie a son drapeau, présent sur la scène, et sa propre langue, reconnue très tardivement par l’Algérie.

Numidz compte cinq musiciens et une chanteuse. Le groupe, bien qu’influencé par les musiques traditionnelles kabyles, aime le rock, s’inspirant en particulier d’un vieux groupe underground kabyle, les Abranis. 

C’est vraiment cet aspect qui démarque le groupe de ce ce qu’on peut entendre provenant d’Algérie. Et qui a interpellé la foule très hétéroclite, avec une composante kabyle et algérienne minoritaire, mais très présente avec ses « youyouyou » à répétition.

On comprend que leur décision d’immigrer n’a pas été facile, mais que les membres de Numidz s’épanouissent à Montréal. Ils étaient visiblement ravis de performer à l’extérieur, ainsi que de l’accueil du public. 

Numdiz est un groupe engagé : nous avons pu entendre un chant féministe, un hommage à Nelson Mandela, un hymne à la liberté des peuples, ainsi qu’une chanson d’Idir, le grand chanteur emblématique de la Kabylie qui nous a quittés il y a quelques années. 

Mais c’est quand il rock intensément que Numidz fait vraiment sa différence et affiche son intensité. Je n’ai pu m’empêcher de penser qu’au même moment, à Milwaukee aux Etats-Unis, Donald Trump allait bientôt s’adresser à son parti républicain pour dénoncer la vague d’immigration qui fait hausser la criminalité dans son pays. Une affirmation contredite par les statistiques. 

Car sur la scène extérieure de Nuits d’Afrique, au moment où Numidz s’est lancé dans un rock-funk dansant, cinq femmes asiatiques se sont mises à danser frénétiquement en souriant. Tout près, le papa d’un couple racialement mixte apprenait à sa petite fille métisse à danser. Un couple lesbien se regardait dans les yeux, juste à côté de jeunes filles voilées qui se dandinaient. 

Pauvre Donald Trump. De toute évidence, la foule ici n’est pas de son côté…

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