La poursuite de l’intégrale Sibelius par Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain (OM) se fait cette fois avec, probablement, les deux symphonies les plus ‘’faciles’’ à aimer du grand public (aussi les plus populaires) de Finlandais, soit les Deuxième et Cinquième.
Les deux sont des sources de frissons tant sur le plan mélodique que purement orchestral. Elles développent devant nous des paysages magistraux dans lesquels on ne peut résister de plonger. Si ce qu’on a entendu auparavant dans cette intégrale en construction confirmait l’excellent sentiment de Yannick pour ce répertoire, je trouve quelques bémols à gribouiller sur cette nouvelle page, principalement en ce qui concerne la Symphonie no 2 en ré majeur, op. 43.
Le problème est peut-être dans le choix de Yannick de camper cette Symphonie dans un décor beaucoup plus terreux, voire minéral, que ce à quoi on est habitué. Le choix qui est le sien se défend amplement, mais surprend, voire déstabilise, surtout si on attend de cette musique qu’elle nous entraîne dans une envolée panoramique au-dessus des vastes landes nordiques de la Finlande, qu’on aime embrasser monumentalement d’un regard immensément large. Ici, Yannick nous ramène plutôt à terre et nous impose une marche méticuleuse dans une forêt boréale presque clairsemée. Chaque arbre semble détaillé minutieusement, nos pas font craquer la couche de neige glacée, mais on s’ennuie un peu de la vue grandiose à vol d’oiseau avec laquelle on est familier. C’est peut-être le problème, mais en vérité, je ne pense pas. Une vision alternative d’une œuvre familière bouscule toujours un peu nos attentes, c’est normal.
Le véritable problème est ailleurs, et plus objectif. Chose rarissime, l’OM n’offre pas une prestation à la hauteur de ses standards. Le jeu orchestral manque de finition et offre même quelques approximations tonales surprenantes, comme un accord de trombone carrément faux. Il y a aussi ces pizzicati de contrebasses dans le dernier mouvement, si important, si fondamentaux, mais dont on perd une partie, inaudible, comme ratés. Dommage.
La Symphonie no 5 en mi bémol majeur, op. 82, quant à elle, est plus assurée, mais, encore une fois, semble un peu trop ‘’nettoyée’’, trop frottée au Purel pour réussir pleinement à susciter l’émerveillement frissonnant du fabuleux thème final.
Peut-être, simplement, n’étais-je plus aussi réceptif….
À vous de décider si j’erre totalement.