Le titre du premier album de Kathy Yaeji Lee est manifestement au pluriel. Il inclut tous les amis qui y ont participé et témoigne d’une sensibilité qui privilégie la solidarité, plutôt que l’indépendance. Il est donc un peu ironique que cette musicienne d’origine coréenne, née et installée à Brooklyn, lance What We Drew à un moment où nous sommes tous confinés dans nos foyers.
Ou peut-être pas. Ses paroles, presque murmurées comme si c’était des confidences, portent sur la famille, l’amitié, l’intime et le familier. Cette proximité est cependant neutralisée par la distance qu’installe la musique, un mélange étouffé de trap somnolent, de sonorités faites à l’ordinateur allongé sur un canapé et de girl-pop asiatique morose. Brumeuse, presque pâteuse, la musique, uniformément douce, est sans contrastes ni contours précis, pas tant intangible que hors de portée.
Alternant entre l’anglais et le coréen (avec une pointe de japonais – la MC et promotrice tokyoïte YonYon prononce quelques vers élégants sur Spell), What We Drew laisse deviner une artiste qui, entre autres choses, est en bonne position pour conquérir l’important et mûrissant marché occidental de K-pop pendant qu’elle prépare quelque chose de plus substantiel pour la prochaine étape.