Pour de la musique destinée à accompagner des caniches qui se baladent, le pelage taillé comme des jardins topiaires et teint de toutes sortes de couleurs criardes, il est difficile de trouver mieux que Dan Deacon. Le musicien de Baltimore fabrique des étoiles et des arcs-en-ciel stéréophoniques, des trucs puissamment euphorisants, et c’est exactement ce qu’il fallait pour la bande-son du nouveau documentaire de Rebecca Stern sur les toiletteurs de chiens de compétition, maintenant disponible sur iTunes et HBO.
Le travail de Deacon tient à la fois de la formation classique, pour ses complexités (notez l’esquisse baroque dyslexique qui émerge de Nicole Will Take Over the Shop), et au côté fruste sympathique de la culture du bricolage et de l’art naïf. Il y a d’ailleurs un lien sympathique évident : Deacon a qualifié les toiletteurs de chiens du film de « folk artists » et ses propres œuvres dans le domaine audiovisuel (il suffit de se rappeler l’étonnant Ultimate Reality, de 2007) abordent des thèmes similaires.
Découpée de manière conventionnelle, cinéma oblige, la musique de Deacon est moins à ruminer que propice au prélassement. Il y a un peu de drame aussi, dans Scissors Down par exemple, qui accompagne ce qui est sans doute le moment de vérité du docu. Une minute de tristesse aussi, La complainte d’Ariane. Mais elle est surtout ce que Deacon fait le mieux, ses poussées d’exultation euphonique et, parfois, l’équivalent auditif d’un bon massage du dos.