Le 27 septembre dernier, l’ensemble vocal de chambre britannique Voces8 a lancé son plus récent album, Nightfall. Comme son nom l’indique, chaque titre est lié de près ou de loin à la partie de la journée normalement dédiée au sommeil.
Considérant le thème de l’album, toutes les pièces sont assez lentes. Voces8 a cependant été original dans le choix des compositeurs, quoique tous assez récents. En effet, les plus anciens se trouvent être l’Allemand Max Reger et le suédois Hugo Alfvén, tous deux nés en 1972-73, et dont on ne trouve que trop peu leurs œuvres dans les concerts et disques. Sur cet album, on retrouve néanmoins des œuvres de créateurs normalement associés au grand écran et à la console de jeux vidéo, ou encore à la musique purement instrumentale.
L’album commence et se termine par deux psaumes du Coréen Jung Jaeil, dont on doit la bande sonore du chef d’œuvre Parasite. Seules pièces en latin (avec Media Vita de Kerensa Briggs), elles font office d’ouverture et de clôture d’une cérémonie, un peu à la manière des chants grégoriens à la messe.
Dans Flotavik de l’Islandais Jónsi, réputé guitariste et chanteur du groupe post-rock Sigur Rós, les cordes donnent un bel environnement sonore. À l’opposé, dans la célèbre pièce Expérience du tout aussi célèbre Ludovico Einaudi, les voix s’ajoutent merveilleusement bien aux cordes. Une valeur ajoutée originale à une pièce hyper connue reprise dans quelques films, notamment le film de chez nous Mommy. On constate le même effet dans Zelda’s Lullaby de Koji Kondo, où sans dénaturer l’œuvre mère, les chœurs sans paroles donnent une dynamique intéressante à la harpe.
Les mélomanes reconnaîtront également la très belle œuvre à tendance minimaliste On the Nature of Daylight de Max Richter, parue sur de nombreux films, dont The Arrival, Shutter Island et les séries The Handmaid’s Tale et The Last of Us.
Dans l’ensemble, on peut séparer les œuvres du disque en deux catégories; celles, plus tonales, on y observe un avancement dans le discours avec des accords progressant vers un sommet (Alfvén, Reger, Briggs) et d’autres où l’on recherche plus une ambiance planante et où ou il y a peu de mouvement (Arnesen, Shaw, Davis). Il ne faut cependant pas avoir peur de la dissonance et de la résonance des harmoniques, omniprésentes.