Jamais le tuba n’a autant swingé, groové ou funké qu’avec l’ultra virtuose britannique Theon Cross (de Sons of Kemet). Je vous parlais du jeune homme dans ma critique du concert de Makaya McKraven au dernier festival de Jazz à Montréal, dans lequel il assurait la première partie (la prochaine fois, il devra avoir son propre créneau). J’y disais : Ce type est un virtuose étonnant. La profondeur du son de cet instrument ne facilite habituellement pas la compréhension de ce qui se passe, mais Cross réussit apparemment l’impossible, et ce en faisant virevolter des notes plus nombreuses qu’on croirait humainement possible.
Aucune dérogation à cette affirmation, d’autant plus que cet album est capté au Blue Note de New York, donnant ainsi une exacte idée de l’énergie live qu’on a entendue à Montréal. On est régulièrement renversés par la virtuosité de l’artiste, qui égrène les notes à une vitesse incroyable, mais surtout avec une précision chirurgicale qui intimiderait même un trompettiste! Avec Isiah Collier au sax, Nokos Ziarkas à la guitare et James Russel Simms à la batterie (qui ont tous leurs moments d’éclats et d’héroïsme créatif), Cross trace un ensemble de tableaux à la fois très urbains, très cool, mais souvent aussi très atmosphériques, presque extatiques. Au milieu de la déhanche funky, j’entend parfois du Steve Reich ou du spiritual jazz. Un blend enivrant.
Theon Cross amène le tuba là où aucun artiste n’est jamais allé auparavant, et Affirmations: Live At Blue Note New York est la plus indéniable preuve, à date, de l’empreinte indélébile que le jeune musicien peut laisser sur tous ceux et celles qui ont la chance de l’entendre live.