The Sadies – Colder Streams

· par Luc Marchessault

Il était une fois un quatuor canadien connu sous le nom des Sadies, formé de Sean Dean à la contrebasse, de Mike Belitsky à la batterie ainsi que, aux divers instruments à cordes et au chant, de Travis Good et de son frère Dallas. Ce dernier s’en est allé, brutalement, en février 2022 (on avait fait un résumé de sa carrière ici). La création de Colder Streams s’était étalée de 2019 à juin 2021 aux studios Barnsky de Montréal et Cimetière de Quyon en Outaouais (l’apport des parents Good, c’est-à-dire la voix de Margaret et l’autoharpe de Bruce, a été enregistré au studio Woodshed de Blue Rodeo, à Toronto).

Les sonorités des onze pièces de Colder Streams correspondent à celles que cet ensemble a créées, au fil d’un quart de siècle de carrière et d’une quinzaine d’albums des Sadies tout court ou avec d’autres. Ils avaient beau collaborer avec John Doe, Neko Case, Andre Williams, Jon Langford ou Gordon Downie, leur signature demeurait totalement intacte. Cette immuabilité réside dans les entrelacs de guitares et de voix des frères Good, dans la charpente rythmique basse-batterie qui les soutient, ainsi que dans le territoire géographique et immatériel que tout ça évoque.

Stop and Start s’enracine dans le plancher de béton maculé d’huile à moteur et autres fluides d’un garage qui pourrait être celui autour duquel s’articule le drame de Gatsby le magnifique. Un garage sans âge, quelque part en Amérique du Nord. Dans les chœurs de Message to Belial se trouve la voix de Richard Reed Parry, le plus audacieux des musiciens qui forment Arcade Fire, qui a réalisé Colder Streams sans dénaturer – et comment, au juste, y serait-il arrivé? – les Sadies. More Alone illustre parfaitement, en trois minutes quatorze secondes, le mode opératoire du quatuor : accords coriaces comme du cuir de vache, mélodie irrésistible, cymbales qui vibrent au diapason d’un psychédélisme cordial.

Sur So Far for So Few et la country-folk All the Good – où un court solo de guitare nous rappelle instantanément celui de Stephen Faulkner sur La 20 –, maman Margaret Good appuie le chant de ses fils de sa voix pure, mais presque imperceptible. Puis, l’explosif Jon Spencer exécute un solo grinçant sur No One’s Listening, avant que ne débute la courte ballade You Should Be Worried que suit le brandon néo-cow-punk Better Yet. Le banjo de Cut Up High and Dry nous amène là où le canadiana et l’americana confluent. Arrive ensuite Ginger Moon, la meilleure chanson garage-punk-psych-country-rock’n’roll que vous avez entendue depuis longtemps et que vous entendrez avant longtemps. Mike Dubue, du groupe Hilotrons, a pimenté la grandiose instrumentale End Credits de notes de mellotron, de marxophone et d’autres trouvailles.

Les trois Sadies survivants feront-ils d’autres albums sous cette appellation, en l’absence de l’irremplaçable Dallas Good? On verra bien. Pour l’instant, Colder Streams désaltère puissamment le musicophile.

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