Après que Tinariwen a obtenu le sceau d’approbation de Robert Plant de Led Zep, le blues-rock hypnotique des Touaregs – ou Kel Tamasheq, comme ils se nomment eux-mêmes –, peuple dépossédé mais éternellement rebelle d’Afrique du Nord – a piqué la curiosité du monde entier. Dans la vague des groupes qui ont suivi, Tamikrest, basé au Mali et dirigé par le chanteur, guitariste et compositeur Ousmane Ag Mossa, ressort du lot. Une décennie après Adagh, son premier album, Tamikrest proclame avec ce cinquième enregistrement studio non seulement son origine, avec ses allusions à la résistance et à l’exil (ainsi qu’à l’espoir d’une vie meilleure, le sens du titre de l’album), mais fait savoir où son chemin l’a mené, et où le groove saharien peut mener ensuite.
Des tournées mondiales et une production européenne haut de gamme ont permis à Tamikrest de peaufiner son son. Les éléments de base sont toujours là – les percussions infatigables, les chœurs exaltés et les riffs incisifs et lumineux – mais les morceaux de Tamotaït sont plus légers, plus riches et plus éclatants que, par exemple, le flamboiement sulfureux de Mdou Moctar ou la douleur crue et diffuse des parrains, Tinariwen. Mais attention à ces moments plus doux, chez Tamikrest les nuages d’orage peuvent obscurcir le ciel assez rapidement.
La prochaine étape pour le mouvement musical touareg est le croisement avec des styles extérieurs, du moins, c’est ce que Tamotaït semble suggérer. Dans l’hypnotisant Timtarin, une douce brise qui se transforme en tempête de sable, on retrouve Ag Mossa en duo avec la célèbre chanteuse marocaine Hindi Zahra. Plus intrigant encore est le morceau de clôture, Tabsit, sur lequel Ag Mossa se laisse aller à sa fascination pour les instruments à cordes japonais, le shamisen et le tonkori des invités Atsushi Sakta et Oki Kano, lesquels se marient admirablement avec sa guitare et sa voix.