Les mélomanes pour qui le nom Laraaji est familier connaissent déjà cette histoire, mais pour le bénéfice des autres, racontons-la à nouveau. C’était en 1979. Notre homme se produisait à Washington Park quand un inconnu, fasciné par les sonorités mystérieuses qu’il tirait de sa cithare, est venu lui proposer d’enregistrer un album avec lui. Cet homme, c’était Brian Eno. C’est ainsi que fut créé Ambient 3 : Day of Radiance. Depuis, l’artiste toujours vêtu en orange est devenu l’une des figures de proue du mouvement new age.
Edward Larry Gordon jouait de la musique depuis déjà longtemps au moment de cette rencontre providentielle. Tout jeune, il s’amusait à imiter ses idoles sur un piano se trouvant dans le sous-sol de l’église qu’il fréquentait. Il modelait son jeu sur celui de Fats Domino, Little Richard, Jerry Lee Lewis ou bien même du jazzman montréalais Oscar Peterson. C’est cette époque que le musicien a voulu retrouver en enregistrant Sun Piano dans une église unitarienne de Brooklyn sous la supervision du réalisateur Jeff Zeigler (Kurt Vile, Mary Lattimore, The War on Drugs).
Au programme : onze pièces improvisées par Laraaji au moment de l’enregistrement ainsi qu’une relecture de Shenandoah, un chant traditionnel américain. Aux premières écoutes, on pourra trouver que ce recueil pianistique manque un brin de personnalité. En effet, l’âme de l’artiste s’y affirme avec moins d’originalité que dans ses créations pour cithare ou sa musique plus électronique. Puis, peu à peu, on se laissera bercer par ces improvisations et leur chaleur apaisante, une constante dans l’œuvre du bonhomme. Dans quelques mois, une suite intitulée Moon piano sera donnée à ce disque. Il sera alors intéressant de comparer les deux versants de l’œuvre.