Sesquialtera, mot latin qui signifie un rapport de 3 pour 2. En musique, c’est le lot de plusieurs musiques racines européennes et du jazz américain, c’est-à-dire le décalage rythmique qui donne envie de tourner et de danser, comme si le corps était appelé à compenser l’impression d’incongruité qui se dégage de cette juxtaposition chaloupée. Ils sont six, tous des musiciens émérites de la scène montréalaise, habitués à naviguer entre le jazz et les multiples identités de ‘’musiques du monde’’ qui pullulent dans la métropole. Sesquialtera c’est aussi leur nom. Leur premier album à vie ici présenté, C’est ce qui altéra (amusant jeu de mots, mais un brin forcé) est éclairé d’un sens de la rencontre entre les styles qui vire à la fusion originale et assez personnelle.
Il y a un fil conducteur : la valse. Mais avec des valses à 5 temps et d’autres à 19 temps (ne manque que celle à 1000 temps de Brel! Une prochaine fois peut-être…), avec des clins d’oeil à la musique des Balkans, au klezmer, au sens libertaire gitan, à la fête néo-orléanaise, cuivrée et scintillante comme il se doit, bref avec la sorte de big bazar interculturel qu’on nous offre ici, on ne court aucun risque de se retrouver chez André Rieu et le Danube bleu de Johann Strauss! Et c’est très bien ainsi.
Crescendo d’intensité et de virtuosité, C’est ce qui altéra se termine sur un feu d’artifices défrisant et dépaysant (La danse du pélican), voire épique et hymnique (C’est ce qui altéra)!
Festif, débraillé, un peu foutoir mais dans une bonhomie communicative qui aide à faire passer quelques échanges plus modernes, voire audacieux en termes harmoniques, Sesquialtera transporte la fanfare traditionnelle dans une urbanité cosmopolite digne de Montréal.
Musiciens:
Guillaume Garant : Trompette
Aurélien Tomasi : Saxophones, Clarinette
Blaise Margail : Trombone, Fiscorn
Alex Bouchard : Trombone, Trombone basse
Philippe Legault : Tuba, Sousaphone
Ivan Bamford : Batterie, Percussions
Artistes invités :
Eli Camilo : Baryton (pl. 6)
Mélanie Bélair : Violons (pl. 9)