« Cinq pièces [qui vous transportent] dans un monde imaginaire, à la croisée entre musique de film et musique contemporaine » : c’est en ces mots que le jeune compositeur Philippe Béland décrit les pièces de son premier album. Celui-ci est constitué de pièces retravaillées et issues de ses études de doctorat à l’Université de Montréal. L’inspiration cinématographique de Béland est perceptible, non pas tant dans l’instrumentation et dans l’orchestration – qui n’ont rien à voir stylistiquement avec le symphonisme hollywoodien d’un John Williams ou d’un James Horner –, mais plutôt dans l’intention dramatique et narrative qui s’en dégage. Musicalement, on est plus proche d’une esthétique qui rappelle par moment un traitement sonore zimmerien et une écriture harmonique à la Bernard Herrmann. Chacune des pièces porte adéquatement le titre Épisode suivi d’un chiffre romain. Elles contiennent une trame narrative qui plonge l’auditeur dans un univers sonore aux atmosphères angoissantes, planantes et haletantes. L’une des qualités de l’opus de Philippe Béland réside dans l’équilibre qu’il préserve entre la musique instrumentale et les sons électroniques. L’œuvre est principalement interprétée par un trio de solistes (Charlotte Layec à la clarinette basse, Émilie Fortin à la trompette et Justin Hickmotts au tuba), soutenu par une pléthore d’instrumentistes jouant bois et cuivres ainsi que de Béland lui-même, à la guitare et à la basse électrique. Aucun musicien n’empiète sur un autre : ils se confrontent et se répondent, comme lors de dialogues, et commentent l’action sans qu’une intervention semble déplacée ou hors propos, dans la matière sonore.
Si vous aimez les univers musicaux à l’esprit techno et un peu sci-fi, puis avez l’esprit aventurier, ce premier album de Philippe Béland est un bon « pilote », en attendant que sorte la deuxième saison.