J’avoue qu’il a été difficile de suivre toutes les parutions des Osees, la formation de John Dwyer également connue sous le nom de « Thee Oh Sees », « Oh Sees » et environ un million d’autres combinaisons de « Oh » et de « Sees ». J’ai pas mal lâché prise quand ils ont complètement débloqué à partir de 2016, musicalement et avec leur production incessante d’albums. C’était déjà un groupe prolifique, alors pourquoi émuler King Gizzard en publiant quelques albums bâclés?
Comme pour la plupart des fans, c’est l’album Carrion Crawler/The Dream (2011) qui m’a fait découvrir les Osees et, en même temps, leur étiquette de cinglés Caste Face Records. Cependant, j’ai perdu tout intérêt lorsqu’ils ont opté pour un son orienté prog-rock sur des albums comme Orc, A Weird Exits ou An Odd Entrances. Ce que j’attends de ce groupe, c’est du garage psychédélique sale avec des guitares punk sauvages et des accroches vocales auxquelles je n’ai pas à réfléchir. Le genre de musique primale qui vous incite à encastrer votre ennemi dans un mur de juré dans un mur de briques.
A Foul Form, le plus récent album du groupe de John Dwyer, a stimulé mon cerveau reptilien. Cet album regroupe des chansons punk lourdes et bêtes, qui me rendent nostalgique des fêtes d’ados où l’on retrouvait des planches à roulettes, des piscines, des murs cassés, des brûlures de mégots sur les tapis et l’intervention des policiers.
Les Osees rendent ici hommage aux Black Flag, Wire et autres Crass, sans trop se prendre la tête et en s’amusant béatement. Puis, comme l’album ne dure que 20 minutes et que la plupart des chansons n’en dépassent pas deux, ça ne traîne pas en longueur.
Dès le début de Funeral Solution, Dwyer hurle « What the fuck is going on? » sur fond de guitares crépitantes et de batterie effrénée; on sait alors à quoi s’en tenir. S’agit-il d’une référence à la pandémie ou simplement au monde tordu dans lequel nous vivons? Cela n’a pas vraiment d’importance, c’est du punk-rock incitant subtilement à la violence pacifique et au moshing. Un album à découvrir sur scène, si vous en avez l’occasion.
De plus, les Osees sont doués en compo. Même si beaucoup d’accroches instrumentales sont simples – comme le riff de basse sur Perm Act –, elles offrent l’avantage d’être efficaces. On a indéniablement besoin de plus d’albums comme celui-ci. Trop d’artistes se prennent trop au sérieux, de nos jours. Les Osees ont succombé à cette tentation, mais ils s’en sont délivrés.