Triomphe! Victoire! L’Orchestre du Centre national des Arts ne pourrait être plus fier de présenter Romance et contrepoint, le dernier album d’une série d’années consacrée à l’incroyable répertoire de Johannes Brahms et des Schumann.
La Symphonie n° 4, composée par Robert Schumann, résume parfaitement l’enthousiasme suscité par la sortie de l’album. Il s’agit d’une œuvre en quatre mouvements, énergique et entraînante – une danse de célébration! – tout en conservant le caractère dramatique que l’auditeur a appris à apprécier chez Robert Schumann. Les violons sont légers, bondissant joyeusement à travers les mouvements jusqu’à ce que la lourde section de cuivres se batte pour dominer dans la dernière section. À la fin, ils sont tous deux poussés vers la sortie par un fier battement de tambour. Cette œuvre évoque l’état d’esprit de Robert lorsqu’il écrivait dans les dernières années de sa vie – une grande partie de sa production provenait de ses épisodes de manie, où des émotions exacerbées auraient probablement dicté l’intensité de sa musique. Le fait de penser que ces œuvres évocatrices et passionnées datent d’une époque où Robert luttait contre la maladie mentale s’inscrit parfaitement dans la thématique du contrepoint de l’album.
Three Romances prend du recul pour observer la vie de Clara : devant jongler avec « les pressions d’une carrière solo et de la maternité » selon l’OCNA, sa musique devient plus subtile, plus douce et met l’accent sur le piano. C’est un doux contraste avec les œuvres de Robert, qui souligne la grande diversité de leurs expériences individuelles, malgré l’imbrication de leur musique et de leurs luttes personnelles.
La quatrième symphonie de Brahms est à la fois le point central de l’album et le point médian entre les styles des deux Schumann. Dans le premier mouvement, les flûtes proéminentes combinées aux notes légères et staccato du violon donnent à l’œuvre une allure enjouée, tandis que la multitude de crescendos et l’impact des percussions et des basses changent brusquement de ton pour devenir plus dramatiques. Brahms a toujours rêvé d’être avec Clara, mais il savait que leur mariage ne serait jamais possible, et c’est pourquoi les cuivres, autrefois vaillants, se font beaucoup plus discrets dans ces mouvements.
La majeure partie de la seconde moitié de l’album est consacrée à Clara. Le piano devient le point d’ancrage des œuvres, attirant l’attention sur une partie de la solitude qu’elle a connue à cause de son mariage. À l’âge de 19 ans, son père a refusé de l’accompagner en France en raison de la poursuite de sa relation avec Robert. La Romance en si mineur a également été écrite après la mort de Robert, en guise d’offrande à Brahms. Ces œuvres font baisser l’énergie pour donner une vision nuancée et intime des dernières parties de sa vie.
La dernière composition, de Stewart Goodyear, vient clore cette réflexion. Les improvisations sur ses thèmes sont fleuries et, bien que parfois tendues, conservent toujours un certain optimisme. Malgré la distinction faite à l’époque entre les compositeurs masculins et les « compositrices », Clara a brisé le moule, transformant les idées de musiciens comme Bach en chefs-d’œuvre novateurs. L’incroyable fioriture à la fin de cette œuvre en dit long : l’influence de cette troupe de compositeurs, surtout si l’on tient compte de leurs luttes interpersonnelles, n’est pas à sous-estimer.