Au terme du deuxième chapitre d’une carrière à peine démarrée, la détresse psychologique a mené Klô Pelgag à de difficiles introspections sur cette existence qui est la sienne et qui le sera encore longtemps. Présumons-le, car elle a le talent nécessaire et le pouvoir de déstructurer son art sans le renier, de le reconstruire, de le faire vivre une vie durant et plus encore. Ce n’est jamais acquis pour quiconque, Klô Pelgag le sait parfaitement: il faut le courage de se relever après les baffes et les grandes incertitudes, il faut lâcher prise, oublier son nombril, aller de l’avant, faire de ses douleurs un carburant de création. Notre-Dame-des-Sept-Douleurs incarne une transformation importante au troisième chapitre : Klô Pelgag devient ici compositrice, parolière, arrangeure, coréalisatrice de son œuvre, de surcroît leader d’orchestre, seule maîtresse à bord. Elle se permet même d’ambitieux arrangements pour pop de chambre, une tâche complexe confiée naguère à son frère Mathieu, éduqué et formé à ce titre. L’écoute attentive de ses trois opus mène d’ailleurs à ce constat : harmoniquement, ses arrangements pour cordes n’ont peut-être pas encore acquis la profondeur, l’étendue et la contemporanéité de ceux de ses deux premiers albums, sauf exceptions – la finale de La maison jaune, par exemple. Une écoute superficielle laisse plutôt l’impression d’une continuité, ce qui n’est pas exactement le cas, mais ce travail présente les germes d’un discours orchestral distinct, et l’on exclut ici les trois arrangements plus matures signés Owen Pallett, prix Polaris (sous le pseudo de Final Fantasy) et proche collaborateur d’Arcade Fire comme on le sait. L’organisation des sons pour grande formation (cordes, cuivres) relève de l’apprentissage concluant, la dynamique en petite formation diffère de ce qu’on a entendu auparavant chez Klô Pelgag, on sent ici une nouvelle force se déployer, un esprit parfois rock. Mais ce qui est le plus remarquable dans cet album se trouve dans le texte et la voix qui les porte. Les mots y sont organisés plus simplement, les éclats poétiques y sont mieux mis en valeur, l’autrice y ménage ses effets, émonde pour le mieux. Voilà certes un album dont l’appréciation croît avec l’usage.
Tout le contenu 360
Interview classique occidental/classique
Transformer Hiroshima mon amour en opéra contemporain: Christian Lapointe et Rosa Lind racontent
Par Marilyn Bouchard
Critique d'album Chanson francophone/folk/americana 2025
Charlotte Brousseau – Plus de fleurs que de fleuve
Par Marilyn Bouchard
Critique de concert classique occidental/classique
« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler
Par Marilyn Bouchard
Interview
Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes REPORTÉE
Par Alain Brunet
Interview classique occidental/classique
Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!
Par Alain Brunet
Critique de concert Électro/Électronique
L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell à la SAT
Par Loic Minty
Dossier
Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni
Par Stephan Boissonneault
Critique d'album classique/latino/classique occidental/Romantic 2025
Lido Pimienta – La Belleza
Par Stephan Boissonneault
Critique d'album Experimental/jazz 2025
Tamir Barzilay – Phosphene Journal
Par Stephan Boissonneault
Critique de concert classique occidental/classique
SMCQ | Le meilleur « concert au chandelles »
Par Frédéric Cardin
Critique d'album électronique 2025
The Halluci Nation – Path of the Baby Face
Par Stephan Boissonneault
Interview classique occidental/classique
Un choeur de guitares lap steel et un ange pour conclure la saison de Innovations en concert
Par Frédéric Cardin
Critique de concert classique occidental/classique/traditionnel
L’OSM et Abel Selaocoe : de ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps
Par Judith Hamel
Critique de concert classique occidental/classique